« Le parrain et le filou » : 2 Figeacois condamnés pour avoir séquestré et frappé un homme avec diverses armes blanches
Impliqué dans un trafic de stupéfiants, le binôme a violemment séquestré l’homme, utilisant notamment une fourche et un marteau, avant de lui extorquer de l’argent.
Les deux prévenus sont assis côte à côte dans le box des accusés. Claudio L. a 48 ans, ses cheveux coupés courts tirent vers le gris et ses traits sont marqués. Bertrand B. a 18 ans, ses mèches blondes tombent sur son visage presque enfantin. Ce vendredi 21 mars, les deux hommes sont jugés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Cahors pour séquestration, extorsion de fonds avec violence et trafic de stupéfiants. « Ces faits criminels ont été correctionnalisés, à la demande du parquet et pour une question d’efficacité de la justice, mais c’est une cour d’assises qui aurait pu statuer sur cette affaire », rappelle Me Faugères, avocat de la partie civile.
Le 12 mars, la victime, un homme de 42 ans, toxicomane, invalide et en grande précarité, se rend au domicile de Claudio L., à Figeac, pour lui acheter de la cocaïne. Bertrand B., qui se définit comme « un ami » de Claudio L., se trouve également sur les lieux. Les deux quadragénaires consomment du crack pendant que le jeune homme fume des joints. L’ambiance se dégrade : Claudio L. réclame de l’argent à la victime, puis lui perfore le bras d’un coup de fourche. Les deux hommes fouillent ses affaires, lui dérobent 60 euros en liquide et s’emparent de sa carte bleue. La victime leur donne d’abord un code erroné, mais les deux hommes s’aperçoivent vite de la supercherie. Alors Bertrand B. écrase une cigarette sur la main de la victime et le frappe avec un marteau. Sous la menace des armes blanches, l’homme révèle finalement le bon code et les hommes retirent 240 euros qu’ils se partagent entre eux. Pour la victime, les violences ne s’arrêtent pas là : bâillonné, il subit encore un déchaînement de violences jusqu’à ce que les deux hommes lui tondent la tête. « Ils m’ont fait cuisiner et consommer du crack après m’avoir séquestré et violenté. Je ne me suis pas enfui, car sinon ils m’auraient tué. Il y avait des armes partout, j’ai eu tellement peur pour ma vie », confiera la victime aux gendarmes. Finalement, Claudio L. décide de le relâcher et l’accompagne en bus jusqu’au centre hospitalier de Cahors. Le médecin légiste constatera plusieurs blessures conséquentes, compatibles avec les faits, et prononcera une ITT de 10 jours.
Du côté des prévenus, « il y a le parrain, en fin de course, et le successeur, le filou », résume Me Faugères. Le premier, Claudio L., possède un casier judiciaire long comme le bras. Depuis 1999, il a été condamné 28 fois, notamment pour vols, recels de vol, trafic de biens, violences, menaces de mort et destruction de biens. A la barre, l’homme reconnaît avoir asséné des coups de poings et de marteau à la victime. « Il m’a demandé de lui avancer des grammes de cocaïne. Quand j’ai compris qu’il n’avait pas d’argent, je me suis énervé. J’assume tout », explique-t-il, tout en essayant de dédouaner son comparse. « Il n’y est pour rien. Je l’hébergeais pour qu’il ne traîne pas dans la rue, il a l’âge d’être mon fils ». Celui-ci abonde : « J’ai essayé de les séparer. J’ai envoyé un coup de poing à la victime pour qu’il s’assoie, sinon il allait se faire tuer. Je ne voulais pas être violent envers lui, il me faisait de la peine. La cigarette, c’était juste pour lui faire peur ». Pour Me Faugères, il s’agit pourtant bel et bien d’actes « de torture et de barbarie ». Un constat que partage le parquet. « La violence, la durée de la violence, la volonté : tout y est. Bertrand B a fait les choses consciemment », souligne le substitut du procureur qui requiert 10 ans d’emprisonnement ferme pour Claudio L et 5 ans dont 3 assortis d’un sursis probatoire pour Bertand B. Et de questionner : « Quelle est la valeur humaine pour eux ? 1 gramme de cocaïne ? 200 euros ? En tout cas, elle n’est pas chère ».
Pour Me Mallemouche, l’avocat de Bertrand B., « mettre les deux prévenus sur le même plan est choquant ». Pour tenter tant bien que mal de défendre son client, il décrit les faits comme « un appel à l’aide d’un jeune désoeuvré » et assure que s’il n’avait pas été là, « les dégâts auraient été bien pires ». L’argument ne convainc pas le tribunal qui condamne le jeune homme à 4 ans de détention dont 2 ans assortis d’un sursis probatoire pendant 3 ans. Il est également soumis à une injonction de soins et de travail. Claudio L. écope, quant à lui, de 7 ans de réclusion ferme. Les deux hommes ont interdiction de paraître à Figeac et d’entrer en contact l’un avec l’autre, ainsi qu’avec la victime pendant 5 ans. Enfin, ils devront verser 600 euros de préjudice matériel à la victime en attendant l’expertise médicale de celle-ci et le renvoi sur intérêts civils.