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Le lycée des Territoires de Cahors – Le Montat doit faire sa mue

Alors que la Chambre régionale des comptes déplore un déficit financier et une offre pédagogique pas assez adaptée aux besoins locaux, l’établissement a déjà initié un changement de cap.

« Le résultat de fonctionnement de l’EPLEFPA de Cahors est déficitaire depuis 2020. Au cours de la période 2019-2023, ce déficit s’explique principalement par l’exploitation agricole, qui présente un déficit cumulé de 360 179 euros. L’excédent cumulé du lycée, d’un montant de 170 245 euros, est insuffisant pour atteindre l’équilibre… » Quand on parcourt trop rapidement le rapport d’observations de la Chambre régionale des comptes, fraîchement rendu public, il y a de quoi nourrir certaines inquiétudes quant à la bonne santé et à la pérennité du lycée des Territoires de Cahors – Le Montat. Cependant, « l’Établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles » – c’est son intitulé exact, le lycée étant rattaché au ministère de l’Agriculture, dont la gestion et le fonctionnement ont été passés au crible sur la période 2019-2024, a déjà amorcé plusieurs réformes.

Cela dit, le seul aspect comptable n’apparait pas au final le plus préoccupant du rapport. On lit ainsi dans sa synthèse : « La carte de formation du lycée ne répond que partiellement aux besoins de prise en charge de la dépendance des personnes âgées et de renouvellement des exploitants agricoles qui caractérisent le territoire. Deuxième département le plus âgé de France, le Lot est confronté à un besoin croissant d’accompagnement des personnes âgées dépendantes. Le lycée dispose de formations en matière de services à la personne. Celles-ci souffrent cependant d’une moindre attractivité depuis la crise sanitaire. Le lycée subit également la concurrence des établissements voisins et pâtit de l’absence de formation post-bac. Avec près de la moitié des exploitants agricoles âgés de plus de 55 ans, le territoire fait également face au besoin de renouvellement des professionnels de ce secteur d’activité, qui représente encore 7,5 % de l’emploi local. Si le lycée dispense un bac professionnel dédié à la gestion des milieux naturels et de la faune, sa carte de formation n’inclut pas de baccalauréat spécialisé dans la production agricole… »

Enfin un vrai projet d’établissement

Par ailleurs, l’exploitation agricole « dont la gestion doit être assurée comme celle d’une activité économique concurrentielle » (dixit la Chambre), dénommée au Montat le Domaine de Lacoste, et qui doit permettre aux élèves de mettre en pratique les enseignements théoriques, se caractérise « par un lien pédagogique insuffisant ».

Du coup, la Chambre se félicite que « l’établissement (ait) pris acte de la nécessité de restructurer le domaine viticole en réduisant la surface dédiée à la vigne pour diversifier les cultures et qu’il ait prévu également de se séparer de la station trufficole ».

Reste la question de l’offre pédagogique (donc l’éventail des formations proposées) : la Chambre plaide pour une remise à plat. Ou à tout le moins une réflexion pour être en phase avec les besoins locaux… « Alors que l’établissement a connu une diminution de son nombre d’élèves, passé de 214 en 2018-2019 à 187 en 2024-2025, une réflexion sur le rôle dans le développement territorial et les moyens d’assurer la pérennité de son modèle éducatif doit être conduite, en lien avec ses partenaires. Elle pourrait aboutir à la formalisation d’un projet d’établissement, que la chambre lui recommande d’adopter, conformément à la loi. »

Un BTS à l’horizon 2027

Christophe Fraisse, le directeur de l’établissement depuis 2023, confirme avoir pris le taureau par les cornes. « On ne refait pas l’histoire, mais des formations en production agricole, il y en avait jusqu’en 2010, date à laquelle elles ont été fermées. Nous avons plus récemment tenté d’ouvrir un CAP en viticulture et œnologie, mais cela n’a pu se faire, faute de candidats. Mais on ne jette pas l’éponge, loin s’en faut. Dans le cadre de notre projet d’établissement élaboré pour 2025-2030 _ et la Chambre a raison de regretter que nous n’en possédions pas _ nous affichons la volonté de créer une formation « bac + 2 » : nous sommes le seul EPLEFPA de la région à ne pas en disposer. Il s’agira d’un BTS en développement et animation des projets territoriaux. Ce diplôme généraliste  formera des spécialistes en diagnostic et conduite de projets, à même de travailler dans des structures privées ou collectivités. Ces techniciens aux compétences transversales pourront aussi fournir des conseils aux élus, les accompagner… Plus de 350 questionnaires ont été adressés aux partenaires potentiels qui seront aussi, le moment venu, les structures d’accueil de cette filière en alternance. Si tout va bien, l’ouverture est prévue pour 2027. Pour ce qui relève des services à la personne, je constate comme d’autres un paradoxe : ce sont des métiers qui recrutent mais qui demeurent trop peu « attractifs »… » explique le directeur.

Christophe Fraysse qui se félicite d’avoir enregistré un regain cette rentrée au niveau des classes de seconde, note ensuite que l’état des lieux financier se redresse. Comme d’autres, il a dû composer avec la hausse des tarifs de l’énergie : « Nous sommes passés de 6000 à 22 000 €eurosde facture mensuelle d’électricité. Il a fallu resserrer partout, faire preuve d’imagination (en accueillant des sessions du SNU par exemple) mais le résultat est là : la trésorerie et le fonds de roulement sont redressés… »

Sur le marché de Cahors et bientôt en ligne

Reste la mutation de l’exploitation du Domaine de Lacoste. 2,5 hectares de vignes ont été arrachés (qui étaient les plus exposés aux épisodes de gel) et désormais, parcelle par parcelle, les pieds fragiles ou devenus stériles sont remplacés. Par ailleurs, un effort conséquent a été engagé sur le plan commercial. « Nous somme présents dorénavant chaque mercredi sur le marché de Cahors pour présenter et vendre nos produits, avec des élèves (cela élargit de facto leurs compétences), et dans les mois qui viennent, nous posséderons une boutique en ligne avec une option « click & collect » : de quoi parfaire le chiffre d’affaires et la formation de nos jeunes… » indique encore le directeur. Dans un secteur d’activité et une région eux-mêmes en mutation, le bien nommé lycée des Territoires entend donc traduire rapidement les recommandations du conseil de classe, enfin, plus précisément, de la Chambre régionale des comptes. Un défi d’autant plus à sa portée qu’il l’avait anticipé.

Ph.M.

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