On recense désormais 200 naissances de moins qu’il y a dix ans.
Nos confrères nationaux l’ont évoqué à grand renfort de métaphores : un « hiver démographique » pour L’Opinion, des « chiffres qui angoissent la France » pour Les Echos, un « saut dans l’inconnu » pour Le Point, alors que Le Monde remarquait tout simplement qu’il s’agissait d’une « première historique depuis 1944 ».
Les faits sont là : pour la première fois en France, on compte plus de décès que de naissances en temps de paix. Les démographes constatent un « solde naturel » négatif. Sur le plan national, les chiffres de l’Insee provoquent une réelle émotion. Dans notre département, ce n’est pas nouveau. Le Lot est confronté à un solde négatif de longue date. Ce qui est nouveau en revanche, c’est le « retournement » observé dans les régions dynamiques et les métropoles… Reste que les données de l’INSEE demeurent toujours intéressantes à analyser dans le détail.
Pour ce qui est du Lot, précisons d’emblée que sont comptabilisées les naissances selon le domicile déclaré par la mère. Le fait que le nombre d’accouchements hors département (à Brive ou Montauban, par exemple) ait augmenté n’influe donc pas. Et sont donc exclues les naissances de bébés dont la maman demeure en Dordogne ou dans l’Aveyron. Les données de ces dix dernières années sont ainsi objectives…
2015 : 1248 2020 : 1229
2016 : 1277 2021 : 1269
2017 : 1260 2022 : 1186
2018 : 1304 2023 : 1089
2019 : 1230 2024 : 1072.
Le nombre de naissances pour les six premiers mois de l’année laisse à penser qu’aucun retournement de tendance n’est à attendre : 582 naissances de janvier à fin juin en 2023, 526 en 2024 et 530 en 2025. Ce qui est tout aussi notable, c’est que l’ensemble de la région Occitanie est logé à la même enseigne, y compris le département de la Haute-Garonne qui aurait pu avec Toulouse et sa dynamique économique nuancer le tableau. En Haute-Garonne, en 10 ans, les naissances ont chuté de 16 363 en 2015, à 14 454 en 2024. Et à l’échelle de la région, c’est encore plus spectaculaire, puisque l’on est descendu de 61 290 en 2015 à 50 987 l’an dernier !
Pour rappel, en France, la décrue est de fait aussi spectaculaire : 798 948 naissance en 2015 contre un peu plus de 660 000 en 2024.
Pour ce qui concerne le nombre de décès, dans le Lot, après des années de hausse, les chiffres semblent se stabiliser mais restent plus de deux fois supérieurs à ceux des naissances. Idem pour les 6 premiers mois de l’année : 1247 de janvier à juin 2024, et 1230 pour ce premier semestre 2025. A noter que c’est bien le dernier lieu de résidence du défunt qui est pris en compte.
2015 : 2294 2020 : 2401
2016 : 2300 2021 : 2386
2017 : 2299 2022 : 2527
2018 : 2274 2023 : 2478
2019 : 2428 2024 : 2464
Les conclusions s’imposent d’elles-mêmes : ce n’est pas un scoop, sans l’installation de familles venant trouver dans le département un cadre de vie (et des prix de l’immobilier) plus favorables que dans les métropoles, la population lotoise aurait continué à décroître de façon vertigineuse*. Mais en revanche, Lotois de toujours ou Lotois d’adoption ne sont pas plus enclins qu’ailleurs à avoir davantage d’enfants… Une question subsidiaire quand même : la non fermeture de maternités et une meilleure prise en charge des femmes enceintes et du suivi pédiatrique influent-elles ou pourraient-elle influer sur ces chiffres ? Il paraît qu’on y réfléchit en haut lieu…
Ph.M.
*Le Lot compte à ce jour 175 620 habitants contre un « plus bas » en 1954 avec 147 754…
Sources : INSEE, août 2025.
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