Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Search in posts
Search in pages

Le « Guy Roux du Lot » fend l’armure avant la réception des pros de Châteauroux 

Entraîneur de l’Avenir Football Biars Bretenoux, Patrick Gauthier revient sur son propre parcours et celui de son club, fier porte-drapeau du football dans un département où le rugby se veut roi. Sans langue de bois.

Cela devient une bonne habitude. Ce samedi, dans son modeste stade, l’AF Biars Bretenoux qui évolue en R1 Occitanie (l’élite de l’Occitanie), de nouveau qualifié pour le 7ème tour de la Coupe de France, accueille cette fois un gros calibre. Il s’agit de la Berrichonne de Châteauroux, pensionnaire de National (3ème niveau de l’élite professionnelle) après avoir longtemps été un pilier de la D2 et même, autour de l’an 2000, connu la Première division et une participation en coupe d’Europe… En cette saison 2025-2026, le club évolue en milieu de tableau et demeure 100 % professionnel. Parmi ses dirigeants historiques, on remarque toujours la présence discrète mais fidèle de Michel Denisot. Un temps, on lui prêta même le désir d’en faire une filiale du PSG à la mode Canal Plus…

Bref, c’est un cador qui vient visiter le Lot ce week-end. Un événement festif qu’il faut néanmoins aborder avec prudence _ dans les têtes et sur la pelouse _ selon le coach Patrick Gauthier, 56 ans, qui dirige l’AF Biars Bretenoux pour la 8ème saison consécutive. Rencontre avec ce personnage de tempérament dont l’un des premiers formateurs fut un certain Guy Roux, dont il a hérité un solide bon sens.

Son passé de joueur._ « J’avais 14 ans et je jouais dans un petit club de Seine-et-Marne, près de Fontainebleau, quand j’ai été repéré par l’AJ Auxerre. J’ai quitté ma famille et j’ai alors intégré une section sports-études là-bas, mais aussi le centre de formation du club. C’était la génération des Cantona, Boli… Et bien sûr je fus marqué par la figure tutélaire de Guy Roux. Jeune pro, j’ai été prêté à Dijon et Melun, notamment, puis je me suis fixé à Thonon, qui a changé plusieurs fois de nom (FC Gaillard, Evian…), et j’y ai connu plusieurs montées. C’est là que j’ai rencontré et côtoyé Pascal Dupraz, une autre grande personnalité ! A l’âge de 34 ans, quand j’ai arrêté le haut-niveau, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur. »

Un nouveau défi à Figeac._ « Un concours de circonstances et des attaches familiales m’ont alors amené à me fixer à Figeac, il y a déjà 19 ans : je suis alors devenu le responsable de la section sports-études football créée au collège Jeanne-d’Arc. Qui s’est plus tard étendue au lycée. Le succès a été au rendez-vous, et aujourd’hui, 80 des 600 élèves sont aussi inscrits dans ce qui s’appelle officiellement une « section football labellisée FFF ». Pour les jeunes, c’est un plus. Non seulement ils poursuivent un cursus scolaire jusqu’au bac, mais sur le plan sportif, ils s’enrichissent en s’entraînant et en se perfectionnant dans leur sport favori durant la semaine et en jouant avec leur club d’origine, en championnat, le week-end. Quelques-uns sont du reste licenciés à Biars ! Pour des jeunes, je pense que c’est un plus. Cela évite d’adopter sur le terrain des comportements stéréotypés. »

Une double vie._ « Pour moi aussi, il y a deux vies sportives. Formateur et enseignant la semaine en journée, je suis entraîneur de club le soir et le week-end. C’est ma 8ème saison à l’Avenir Biars Bretenoux. Quand je suis arrivé, le club était en Promotion de Ligue (ce qui correspondrait à la R4). Nous avons enchaîné quatre accessions et nous voilà depuis trois ans en R1. Ce qui fait de nous le plus haut placé dans la hiérarchie des clubs lotois. Sur le plan sportif, le groupe de base _ des séniors _ est resté le même. Il est rajeuni par petites touches : trois joueurs de 17, 18 et 19 ans ont l’ont intégré cette saison. Sur l’ensemble, je me réjouis que 5 joueurs soient passés par la section du lycée de Figeac ! »

100 % amateur._ « Au  regard des règlements fédéraux, la R1 est le premier niveau à partir duquel l’entraîneur doit être sous contrat et où le club peut posséder des joueurs salariés. Ce n’est pas le cas à Biars : nous sommes un des rares où il n’y a aucun joueur pro. En revanche, on ne peut pas laisser les gars perdre de l’argent pour le seul fait de porter nos couleurs ! Ils sont défrayés pour leurs déplacements (entraînements, matches) quand ils ne sont pas domiciliés sur la commune. »

Une devise._ « Savoir d’où l’on vient. C’est ma devise, c’est mon message encore et toujours, y compris à la veille de ce match de coupe de France… Il faut être conscient du chemin parcouru dans un département où le football est quasi marginalisé, notamment sur le plan des infrastructures. Il n’y a qu’un terrain synthétique dans le Lot, et il est à Cahors. S’entraîner en hiver est un réel problème. Pourtant, on parvient à se maintenir et c’est encore l’objectif cette saison. Et le reste suit : le club compte 500 licenciés, c’est dire son rayonnement. »

L’effet Coupe de France._ « La Coupe de France permet d’être à l’honneur, d’attirer les regards. C’est le côté évidemment positif de la compétition, alors que le reste de l’année, même s’il est plus qu’honorable, notre parcours n’est pas forcément considéré à sa juste valeur. En tant qu’entraîneur, je je suis obligé de concéder cependant que je méfie de ce rendez-vous. Il ne faut pas que le match tourne à l’exhibition pour Châteauroux, et qu’on se prenne une valise. L’idée est donc de placer le curseur au bon endroit. Pour mes joueurs, c’est peut-être le match de leur vie, mais rien ne serait pire que d’être ridicule. Il ne faut pas le jouer avant dans sa tête, rester concentré tout en prenant du plaisir. Et être acteur, pleinement, du rendez-vous. Nos adversaires sont pros, et même leur équipe réserve est en N2, c’est-à-dire au-dessus de notre équipe A… Mais nous ne devons pas les laisser effectuer une promenade de santé. Soyons nous-mêmes… »

L’engouement._ « La fédération a délivré 2200 billets. Pas un de plus. Mais pour le Lot, c’est déjà énorme. Je précise au passage que la recette est partagée en trois : un tiers pour la fédé, un tiers pour le club visiteur et le dernier pour nous. Dans le passé, la tradition voulait que les pros laissent leur part aux amateurs. On verra, mais de toute façon, même s’il faut savoir d’où l’on vient, nous resterons qui nous sommes… Et si l’on doit bénéficier d’un retour positif sur le plan financier, celui-ci sera d’abord consacré aux infrastructures. Pas à payer les joueurs ! L’urgence, ici, c’est d’avoir un terrain synthétique. Qui pourrait servir à tout le club et même aux scolaires. J’avoue, c’est aussi pour la société Andros que je le dis. Elle aide le club au niveau de l’école de foot et c’est bien. Mais quand on va jouer à l’extérieur, nos hôtes croient toujours qu’on est à ce niveau parce que l’entreprise Andros est implantée à Biars. Au tour précédent, dans le Gard, là-bas, le journal local avait titré « Le Grau-du-Roi veut mettre les doigts dans le pot de confiture ! ». Eh bien non ! Je comprends cela étant qu’Andros préfère notamment sponsoriser des gros clubs de rugby. Mais bon, on est aussi de bons ambassadeurs ! On va encore tenter de le prouver ce week-end ! »

Match samedi à 19 heures à Biars-sur-Cère, stade municipal.

Ph.M.

Photo : © Steven de Lattre / Biars Bretenoux Football Club

Partager :