Le frelon asiatique toujours d’actualité dans le Lot
Guillaume et Elisabeth Lavoriero, apiculteurs à Castelnau-Montratier-Sainte-Alauzie, tirent le signal d’alarme.
La mobilisation aujourd’hui doit être plus importante que jamais pour lutter contre le fléau du frelon asiatique. Un couple d’apiculteurs professionnels, Guillaume et Elisabeth Lavoriero, qui s’est installé sur la commune de Castelnau-Montratier-Sainte-Alauzie, tire la sonnette d’alarme : « Il est urgent de se mobiliser autour du danger que représente le frelon asiatique. Il met à mal tout un environnement. Avec les températures douces de l’hiver, il arrive que des nids soient encore actifs jusqu’au mois de janvier. » En 2019, ils ont perdu des ruches, décimées par les frelons asiatiques. « Le frelon asiatique est un souci majeur. Dans les Alpes-Maritimes nous avons dû déplacer des ruches cet été où il y avait une vingtaine de frelons asiatiques devant chacune de nos 40 ruches. Par contre, sur Castelnau, nous n’avons pas eu à souffrir de l’attaque de frelons durant l’été. On a constaté sa présence dès que l’on a commencé à rapatrier les ruches des différents sites. Nous pensions avoir été épargnés mais non. Et dans la vallée sur une distance de 6 km, 4 nids sont visibles, dont deux non loin de maisons d’habitation à environ 500 m. » explique Elisabeth avant de continuer : « Ce que nous voulons c’est : informer, et sensibiliser pour comprendre. Que les élus et acteurs locaux prennent conscience du problème et élaborent un plan de destruction de nids ainsi qu’une mise en place au niveau communal des piégeages avec un référent formé dans ce sens».
Le coût de destruction ne doit pas être un frein. Depuis avril 2017, la destruction des nids est à la charge de l’Etat. Certaines communes ne se sentent pas concernées ou ne veulent tout simplement pas intervenir, d’autres attendent l’automne tout en sachant que les reines quittent le nid et que ce dernier sera détruit pendant l’hiver. Le GDS du Lot propose même une aide financière pour aider à la destruction des nids de frelons asiatiques. D’ailleurs dans ce souci d’information en partenariat avec l’Union Nationale de l’Apiculture Française, la Chambre d’agriculture, le GDS du Lot, et d’autres soutiens, le couple Lavoriero organise une réunion d’information à Pau le samedi 25 janvier de 9 h à 12 h. Ils envisagent aussi d’en faire une sur Cahors.
« Il est urgent de passer à l’action. Toute la chaine de pollinisation est mise en danger. Les communes doivent se mobiliser pour recenser les nids mais aussi les détruire. Ce n’est pas notre seul intérêt mais bien celui de tous : voisins, agriculteurs, vignerons, population… » ajoute Elisabeth Lavoriero. Mi-janvier, les parents de Guillaume Lavoriero, eux-aussi apiculteurs recevaient, à l’Élysée, vendredi 17 janvier, des mains du président Macron, le 3ème prix d’excellence à l’occasion du 150e anniversaire du concours agricole. Ils profitaient de cette occasion pour sensibiliser le chef de l’Etat sur le problème du frelon asiatique qui leur a assuré que « le problème serait pris avec sérieux ».
> C’est bien un des drames de croire que les nids, durant l’hiver, n’ont aucune activité. Avec le réchauffement climatique, les températures douces, certains continuent d’avoir une activité. Des entreprises spécialisées dans la destruction de nids de frelons sont intervenues sur des nids actifs jusqu’à mi-janvier. Mais dès qu’un nid est à l’abandon, et lorsque les reines sont allées s’enterrer, les larves et le couvain sont la proie des oiseaux (mésange charbonnière, merle…). Le nid se délite et ne résiste plus à l’assaut du temps. Par contre, il arrive qu’au bout de quelques années, le nid se reconstruise à l’endroit exact de la première colonie. Un phénomène qui n’est pas avéré dans chaque cas mais qui pose quelques interrogations. Les professionnels font en sorte, lors de la destruction, de « désinfecter » l’endroit où la colonie s’est installée pour éviter qu’avec les phéromones laissées ils viennent rebâtir un nid. Et attention à tout ce qui circule sur Internet, on y voit tout et surtout n’importe quoi. D’où l’intérêt de à se rapprocher de professionnels qui suivent de très près l’actualité. Ils sont aussi parfois accompagnés par des chercheurs. De fait leur jugement est plus avisé.
> Il n’existe pas de pièges « miracles ». Ceux qui sont installés au printemps ont malheureusement leurs limites car d’autres espèces d’insectes, autre que le frelon asiatique, se font prendre. Celui qui semble prouver son efficacité, c’est le piégeage par protéine (carapaces de crevettes…) installé dès septembre et ce jusqu’à décembre. Les reines fécondées qui partent du nid cherchent assez de nourriture pour passer l’hiver. D’un autre côté des chercheurs travaillent encore sur le piégeage par phéromone.
> Le frelon asiatique est arrivé accidentellement en France en 2004, dans le Lot-et-Garonne. Aujourd’hui, il est considéré comme une espèce invasive qui a su s’adapter au climat, à l’environnement, en prenant une ampleur exponentielle, que l’on pourrait qualifier d’exceptionnelle. A titre d’exemple il aura fallu plusieurs étapes et des centaines d’années avant que le frelon européen arrive sur le territoire français, alors qu’en à peine une dizaine d’années le frelon asiatique (vespa velutina) a envahi toute la France et continue sa progression, d’environ 100 km par an. Il dépasse largement les frontières pour envahir l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, l’Italie et l’Angleterre.
> Sources :
Allô frelon Mercues (Castagné Guillaume)
Figeac guêpes frelon
Landes guêpes frelon (Étienne Roumailhac) : chaîne youtube : https://www.youtube.com/channel/UCzJ7FV2xaYRMUzEuJ9B4dRA
Photo @Bernadette Labattut