Le Cadurcien Louis Nespoulous, témoin privilégié du « Brexit » colombien
Photographe, le jeune homme vit entre Bogota et le Lot.
Medialot : y-avait-il avant l’accord un sentiment de guerre en Colombie avec les Farc ?
Louis Nespoulous : officiellement, le gouvernement est en guerre contre différents groupes armés (Farc, ELN…) depuis plus de 50 ans. Ces dernières années, ce conflit s’est concentré sur les territoires ruraux mais il a généré des déplacements de populations massifs vers les villes.
M. : tu as une expérience plus personnelle sur le sujet ?
L.N. : vivant à Bogota, la capitale, ce conflit n’est pas vraiment visible comme on peut imaginer un conflit armé mais ses conséquences le sont. Il s’agit de nombreuses personnes sans-abris, déplacées de force de leur région d’origine.
M. : quelles étaient les attentes de la population via ce référendum ?
L.N. : ce référendum visait à valider les négociations de paix lancées à La Havane il y a 5 ans entre le gouvernement colombien et les Farc. Lundi dernier, ces 2 acteurs ont signé un accord de paix dont la validation a été soumise à un référendum. A la surprise générale, le non a gagné alors que les sondages annonçaient une victoire écrasante du oui. Pour compléter ce résultat, on notera l’impressionnante abstention à ce référendum car seulement un tiers des électeurs est allé aux urnes. La population attend unanimement la paix mais les conditions de cette paix doivent être revues.
M. : comment s’est traduit ce choc chez les Colombiens ? Reste-t-il un espoir ?
L.N. : la victoire du non est vraiment vécue comme un coup de tonnerre ici. Tous les analystes s’accordent à dire que même les partisans du non ne s’attendaient pas à une victoire. De nombreux journalistes parlent d’un Brexit à la colombienne, c’est une comparaison qui revient souvent. Le plus impactant dans tout ça est que les populations les plus exposées au conflit on massivement voté en faveur de cet accord mais leur vote n’a pas suffisamment pesé face aux grandes villes. Il reste un espoir car à l’issue de ce référendum le leader des Farc a annoncé publiquement qu’il voulait continuer en faveur de la paix. La question est de savoir quel retard va prendre ce processus de paix.