La beauté des vallées et la propreté aléatoire des berges du Lot
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– Dans le jargon de la presse, on appelle cela des marronniers. Des sujets qui reviennent de manière récurrente dans les pages des journaux. Jadis sur papier, désormais aussi en version numérique. Pour nous en convaincre, relisons quelques articles du Journal du Lot d’il y a 90 ans (édition du 27 mai 1931). Voici ce qu’on trouvait en rubrique locale (Cahors) dans un billet titré : « Mélancoliques réflexions » : « Les promeneurs et pêcheurs qui se sont rendus lundi, sur les berges du Lot, ont fait les mêmes remarques et les mêmes réflexions que le jour de Pâques. – Une promenade, un séjour, une sieste sur les berges du Lot, c’est tout à fait agréable, c’est très sain, disait-on : mais encore faudrait- il qu’elles fussent dans un bon état de propreté ! Les pescofis, surtout, étaient fâchés de ne pouvoir trouver une place où, bien installés, il leur serait agréable de se livrer à leur passe-temps favori. – Les berges du Lot ne sont pas nettoyées. Les nettoiera-t-on un jour prochain ? On le dit ; espérons-le !… Cette opération ne peut, évidemment, être faite que lorsque le niveau des eaux aura fortement baissé. – Mais combien y a-t-il de temps, disaient certains vieux chevaliers de la gaule, que l’on nous fait cette promesse ? Ah ! comme nos berges étaient belles lorsque fonctionnait un service, même réduit, de la navigation ! Aujourd’hui, on ne voit que des amas de décombres, des broussailles impénétrables ; et les écluses elles-mêmes, se désagrègent planche par planche, jusqu’au jour où elles auront été emportées complètement ! Oui ! que les berges du Lot étaient belles, il y a encore 15 ans à peine ! »
– A quelques colonnes de ce constat désabusé, une invitation au voyage. On peut la republier telle quelle… Le titre ? « On va chercher bien loin ce que l’on a tout près ». Une ode à nos vallées : « Nous avons eu ces jours derniers le délicieux plaisir de nous rendre en automobile de Figeac à Cahors en suivant la vallée du Célé et celle du Lot. Et nous demeurons convaincus que beaucoup de nos compatriotes et aussi beaucoup de touristes cherchent bien loin des sites merveilleux, alors qu’ils en ont de magnifiques sur tout le trajet que nous avons suivi. Pour goûter ce charme et la beauté de ces paysages, il faut partir le matin, alors que le soleil projette sur les rochers ses rayons étincelants… Mais il ne faut pas aller trop vite. Hélas ! aujourd’hui, nous sommes dans un siècle où la vitesse est reine, mais nous ne proposons cette randonnée qu’aux amateurs du beau, les amateurs de la vitesse n’étant pas de vrais touristes. Les décors, comme dans un film, changent sans arrêt. En quittant Figeac, c’est d’abord la verte rive du Célé qui s’étend jusqu’à Ceint-d’Eau, ensuite, par une route sinueuse, nous arrivons à Corn et c’est là que l’on commence à goûter l’attraction du paysage. Des deux côtés de la route, ce sont les prairies verdoyantes, les champs fraîchement labourés, et en face se dressent dans leur nudité imposante les rochers du Causse, blocs de granit, roses et blancs, où le soleil darde ses rayons de feu. La lumière se joue sur ces rochers à l’infini. Çà et là, quelques maisons ont trouvé asile dans une anfractuosité de rochers. Nous arrivons à Espagnac Sainte-Eulalie où nous trouvons une grotte merveilleuse. Une ancienne abbaye dresse dans la plaine son clocher en bois.. Après Espagnac, la route se continue toujours aussi sinueuse, toujours aussi pittoresque. C’est le château de Saint-Sulpice, c’est une partie de Marcihac, qui semble inscrite dans le rocher. Nous arrivons enfin à la vallée du Lot. Comme fonds, le même décor de rocs abrupts, et en plus les rives verdoyantes de la rivière qui s’étend paresseusement dans ce site grandiose. Nous regrettons de n’avoir pas le talent d’un grand écrivain pour dépeindre plus artistiquement ces vallées du Célé et du Lot. Mais nous répétons à tous, on va souvent très loin pour voir des paysages qui ne valent pas les nôtres. Beaucoup de Figeacois ne connaissent pas les beautés de leur pays. Ils vont chercher bien loin ce qu’ils ont sous la main. Aussi à tous ceux-là nous conseillons d’aller par une belle journée ensoleillée, voir la vallée du Célé et celle du Lot et nous ne doutons pas une seconde qu’ils reviendront ravis de leur voyage. »
– On termine cette séquence rétro, quand même, par un article d’actualité. En rubrique Luzech, on apprend que « le pont de la Douve, qu’on vient de construire sur la rivière, est sur le point d’être terminé ». Explications : « Les essais ont commencé mardi 26 mai, et seront terminés jeudi soir. Ils seront faits avec une charge minimum de 180 tonnes. Après ces épreuves de résistance, il ne restera, pour terminer, qu’à placer les garde-corps en fer forgé, faire la chaussée en thermacadam et éclairer par huit lampadaires électriques. Ce pont a été construit en ciment fondu et armé, au même emplacement que l’ancien, sous la direction de M. l’Ingénieur Nielsen, de nationalité danoise, sous la surveillance de MM. les Ingénieurs des ponts et chaussées et celle très active et très utile du surveillant administratif, M. Grimai. D’une longueur de 120 mètres, il se compose de trois arches, reposant simplement sur deux plaques d’appui ; sa largeur de chaussée est de 5 mètres, permettant à deux véhicules de se croiser librement ; ses trottoirs sont d’une largeur de 75 centimètres. Les premiers travaux furent commencés le 1er août 1930, par la construction de la passerelle provisoire, qui fut livrée à la circulation le 25 septembre ; ensuite, vint la démolition du tablier du vieux pont, qui nous valut de déplorer la mort tragique de deux ouvriers, un Italien et un Danois ; enfin, les travaux du nouveau pont commencèrent le 4 janvier 1931, et, à moins d’un fait imprévu, son inauguration aura lieu le dimanche 28 juin 1931. »