Kira : Son sens de l’accueil (et de la cueillette)
Chaque samedi désormais, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« Un peu plus de trente migrants ont quitté Calais pour rejoindre le Lot cette semaine. Ils vont tenter ici de reprendre pied, de retrouver un peu de leur humanité abandonnée sur le chemin de l’exil et dans le chaotique cloaque de la « jungle ». « Ici, ce n’est pas le Pérou, ce n’est pas non plus l’Amérique et encore moins l’Angleterre dont ils rêvaient. Mais c’est une terre de paix, c’est une terre d’accueil » observe gravement ma petite protégée féline Kira, du haut de ses quelques mois. Mais qui sait faire montre d’un humanisme souvent plus sincère que beaucoup de nos contemporains. Les autorités ont été plutôt discrètes, remarque-t-on. Des pouvoirs publics et des élus qui ont sans doute voulu protéger les réfugiés de nos turpitudes plus ou moins politiciennes, même si, à juste titre, à Calais comme à Cahors, le droit d’informer ne devrait pas en pâtir. On notera au passage l’appel au « dialogue et à la transparence » de la maire de Gourdon. « Elle a raison. C’est en expliquant qu’on parvient à convaincre… » remarque ma chère Kira. Sur ce, nul ne sait combien de ces migrants ou réfugiés, au final, pourront faire davantage que transiter ici. Combien choisiront de rester. Bref, si quelques-uns deviendront, un jour ou l’autre, des néo-Lotois. Des « anciens » étrangers, en quelque sorte.
Je me suis posé la question en découvrant à Douelle la formidable exposition « 100 % d’ici et d’ailleurs », proposée par le Collectif Sans Nom jusqu’au 6 novembre (et qui avait été déjà accueillie à Mercuès). Des photos (portraits, reportages) qui évoquent le destin de dizaines d’étrangers (du nord de la France, d’Europe, d’Afrique…) ayant un jour débarqué sur les rives du Lot ou du Celé. Pour visiter des amis, pour quelques jours de vacances, pour y enseigner leur foi, pour trouver un travail ou pour y trouver la paix. Et qui sont restés. Comment au fil des jours et des mois, ils se sont intégrés, comment au fil des jours et des mois ils sont devenus, à leur tour, des Lotois. Au fond, avec ma famille, avec mes chats, je suis comme eux. Jour après jour, je me sens ici un peu plus chez moi. Kira aussi. Avec quelques villageois, elle a découvert cette semaine le plaisir de la cueillette des châtaignes que l’on fait griller le soir sur les braises du cantou. On aime à penser que sous peu, certains des réfugiés arrivant de Calais vont à leur tour goûter à ces plaisirs simples, à ces petits moments de bonheur et de partage… »