Kira et Monsieur François
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« « Mais… On dirait bien que tu t’es maquillée ! » Je suis estomaqué. Voilà que la plus jeune de mes protégées félines semble avoir (légèrement, certes) rougi ses lèvres et bleui les contours de ses yeux ! « C’est pour rendre hommage à Monsieur François… » rétorque Kira illico. « François qui ? François Fillon ? Et en quoi cette mise en beauté – que je ne cautionne aucunement d’ailleurs – a quelque rapport avec les ennuis du candidat de la droite et du centre? » Cette fois, c’est la grande sœur de Kira qui éclate de rire… « Mais tu n’y es pas. Je ne veux pas te vexer, mais nous avons d’autres… chats à fouetter, nous autres, que de suivre cet incroyable feuilleton. Encore que si tu veux nous recruter, un jour, comme assistantes, dans le cadre de tes travaux journalistico-littéraires, tu as intérêt à t’aligner sur les tarifs pratiqués à Sablé-sur-Sarthe. Non, il s’agit simplement de rendre hommage à François Truffaut. Le réalisateur emblématique de la Nouvelle vague. »
Et Abysse de continuer son explication, m’indiquant avoir visionné sur YouTube avec Kira un extrait de la Nuit américaine où un chat refuse obstinément de se soumettre aux desiderata du metteur en scène. Dans ce joli film (qui évoque précisément les péripéties d’un tournage), le félin qui est d’une humeur de… chien a pourtant été affamé pendant trois jours. Mais rien n’y fait. Au moment de faire son apparition sur le plateau, il refuse. « C’est une parfaite illustration de la noblesse qui nous caractérise, nous autres les chats » remarque encore Abysse. « Nous sommes peut-être des animaux domestiques, mais pas toujours domestiqués… » Je demeure perplexe jusqu’à ce que Kira enfonce le clou. « Nous avons appris que de nouvelles caméras de vidéo protection ont été déployées dans Cahors. Alors voilà. Nous allons profiter de l’occasion pour tourner un court métrage. Et si tout se passe comme prévu, le montage sera terminé pour le festival de Cannes… Pas bêtes, hein, tes sacrées chattes ? On économise les frais de production… »
J’hésite entre le fou rire et la crise de nerfs. « Mais voyons… Ce sont des caméras destinées à prévenir la délinquance et à faciliter la résolution des délits, comme l’a savamment expliqué le maire Jean-Marc Vayssouze… Rien à voir avec des studios de cinéma. » Il en aurait fallu davantage pour décourager mes deux starlettes. « Et alors ? Je ne doute pas que si on leur demande poliment, les policiers municipaux accepteront de nous transmettre les bandes… » répond Abysse d’un ton assuré. Dans ces cas-là, il vaut mieux ne pas insister. Je demande quand même quel est le titre de ce petit film… « Les boules puantes » répond Kira. J’essaie d’en savoir plus sur le scénario. « Une histoire de farces et attrapes ? Un court métrage burlesque, en somme ? » « Absolument pas. C’est l’histoire d’un candidat à la présidentielle qui fait le pèlerinage à Cahors pour méditer cette belle phrase de Gambetta… L’avenir n’est interdit à personne. Mais à la fin du film, on comprend que parfois, il est personnes qui s’interdisent d’avenir » m’explique Abysse. Pris de tournis, je tourne les talons. »