Kira et les macarons de Bibendum
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« « J’hésite… » a commencé Kira. « Moi aussi. Je me demande pourtant si je ne vais pas opter pour la pintade cuite moelleuse à souhait et son gras de cuisse rôti au jus, avec ses tendres céleris fondants, que le chef Pascal Bardet propose au Gindreau… » a répondu Abysse. Et le dialogue s’est poursuivi. Je vous le retranscris tel quel. « Ah ? Moi, j’aurais plutôt un faible pour la selle rôtie d’agneau fermier du Quercy, avec petits farcis d’oignons nouveaux… C’est sur la carte du château de Mercuès, où officie Julien Poisot… Mais… Mais j’ai un doute. » « Quel souci ? » « Il est mentionné que tout cela est accompagné de conchiglioni aux champignons et truffes, avec jus parfumé à la verveine. Je suis peut-être naïve, mais j’ignore ce que sont les conchiglioni. » « Oups. Ce sont des pâtes italiennes en forme de coquilles striées… » « Très bien… »
C’est à ce moment que je suis intervenu. J’ai interrogé mes deux protégées félines pour savoir ce qu’elles mijotaient encore (c’est le cas de le dire!)… L’aînée me répondit tout de go, sur un ton quasiment outré… « Tu n’es pas au courant ? On connaît désormais le palmarès 2017 du guide Michelin. Monsieur Bardet vient d’obtenir une seconde étoile, et son collègue Poisot décroche sa première… Quant aux autres chefs déjà étoilés du Lot, ils conservent leur rang ! » « C’est une bonne nouvelle, j’en conviens. C’est très positif pour la réputation et le tourisme du département. Cela récompense des années de travail. Pourtant, je ne saisis pas où vous voulez en venir… » ai-je du répondre à Abysse. C’est alors Kira qui intervint : « Mais c’est évident. Il serait bienvenu que nous nous rendions de concert dans les établissements ainsi honorés pour féliciter les récipiendaires et goûter leurs dernières trouvailles ! Bien entendu, tu peux nous accompagner !» Je manquai de suffoquer.
« Primo, c’est gentil d’avoir pensé à moi. Secundo, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la haute gastronomie, ça se mérite. Et cela a un coût. Tertio, quand j’observe vos silhouettes, je me dis que l’hiver vous a bien profité… Avant de rêver de passer à table (même ornée de macarons), peut-être faudrait-il quitter vos uniformes de bibendums… » Je sais, j’aurais pu être moins sec, mais parfois, les chats méritent qu’on leur rappelle quelques réalités très « terre à terre ». Abysse et Kira ont alors tourné les talons (enfin, leurs petits coussinets), et j’ai comme senti une sorte de malaise flotter quelque temps dans le salon. Mais une bonne nouvelle est venue nous aider (mes chattes et moi) à tourner cette page. Quand Medialot nous a appris que le bouc sauvage qui errait entre Labastide- Marnhac, Villesèque et Trespoux avait été capturé en douceur et qu’il allait pouvoir profiter d’une retraite paisible à la Ferme des Rescapés, à Cassagnes… Abysse et Kira que ce mystère préoccupait en ont ronronné de bonheur. Ce conte de Noël en plein mois de février, ce fut pour elles un vrai soulagement. Et pour ma carte bleue, une échappatoire inattendue. »
