Kira et les dribbles de Messi
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« Jeudi après-midi, nous nous sommes installés Kira et moi sur le canapé du salon et à 17 heures pétantes, nous avons entamé notre marathon, les yeux rivés sur la télé. Ma petite protégée féline et moi partageons une même passion pour le ballon rond. Tous les quatre ans, la coupe du monde est notre festival de Cannes à nous, notre terre promise, notre Graal. Tous les arguments – souvent d’une démagogie navrante – n’y pourront rien changer. Oui, beaucoup de ces sportifs sont millionnaires : et en quoi cela affecte-t-il leur talent et leur joie presque puérile quand ils marquent un but ? Et en quoi le fait que des acteurs soient payés grassement ferait-il qu’un film soit mauvais ou sans saveur ? Et en quoi une toile de Picasso, un des rares artistes millionnaires de son vivant, serait de ce fait indigne d’être exposée ? Oui, beaucoup des supporters, dans les stades comme dans les « fan zones », ne semblent pas toujours maîtriser les règles du jeu, et affichent un patriotisme exacerbé au fond peu en rapport avec l’universalité de ce sport : et pourquoi cela devrait nous priver, nous, de savourer ce spectacle ? Oui, il y a chez certains politiciens la tentation de profiter de l’événement pour se faire mousser : et en quoi cet opportunisme devrait nous étonner ? Non, Kira et moi, nous sommes de ceux qui restons convaincus que le football peut relever, par instant(s), de l’épopée chevaleresque, de la poésie, de la chorégraphie. De l’art. « Si vous n’aimez pas, n’en dégoûtez pas les autres ! Changez de chaîne… » résume Kira, qui confesse une tendresse particulière pour le football brésilien (soit dit en passant, que ceux qui ergotent et philosophent sur le Mondial s’interrogent sur la véritable symbiose qui s’est opérée au Brésil entre le peuple et le ballon rond : ils comprendront beaucoup de choses sur la nature même de ce sport et sa magie).
Mais rassurez-vous, pendant plusieurs semaines, nous allons continuer à vivre. Il faut manger, il faut boire. Sauf de l’eau du robinet, évidemment, si l’on habite à Cahors. Kira, comme beaucoup de ses congénères, a observé cet énième phénomène de pollution (on dit turbidité due aux orages quand on est savant) avec distance. Rien ne la ravit tant que d’aller s’abreuver dans les flaques d’eau, au petit matin, quand il a plu durant la nuit. Clin d’oeil du calendrier, cette semaine, l’Agence régionale de la santé a délivré son rapport sur les points de baignade du Lot. En terme de qualité de l’eau, évidemment : le paysage, ce n’est pas l’affaire de ces fonctionnaires. J’ai dit à Kira mon désarroi d’avoir lu dans le dossier que « le classement en qualité d’eau insuffisante est confirmé pour les sites d’Espagnac-Sainte-Eulalie et de Brengues. La baignade y sera déconseillée en 2018 par arrêté municipal. Ce classement s’explique par la vulnérabilité du Célé aux apports polluants par ruissellement dans ce secteur, notamment dès que le débit dépasse 5 m3/s. »
L’ARS se veut pourtant optimiste : « Des réflexions sont engagées pour poursuivre les travaux visant à réduire ces épisodes de contamination bactériologique en périodes de pluies conséquentes et de débits relativement élevés. » Ouf. Il y a quelques années, j’avais découvert avec bonheur le site d’Espagnac-Sainte-Eulalie. Cette plage minuscule mais ravissante, près du pont, en contrebas du prieuré. Un petit espace où, en famille, mes enfants étant alors… encore des enfants, il nous avait semblé que ces baignades dans le Célé, certains après-midis du mois d’août, nous rapprochaient du paradis. Comme parfois un dribble de Messi. Le bien nommé. »