Kira est d’une humeur de chien
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Vous avez déjà vu un chat de mauvaise humeur, ou plus précisément encore, d’une humeur… de chien ? Moi oui. Et pas plus tard qu’hier, quand ma petite protégée féline Kira a appris avec 24 heures de retard que le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll avait passé une grande partie de la journée de jeudi dans le Lot. « Et je n’ai pas été invitée ? Il est en charge des droits des animaux, non, pourtant ? » s’est-elle plainte amèrement, arpentant le séjour de fort mauvais poil, qu’elle a pourtant brillant… J’ai osé lui demander si le cas échéant, elle aurait eu à lui présenter quelques revendications spécifiques. « On a toujours des choses à dire à un ministre » a répondu sans attendre sa grande sœur Abysse qui, alors qu’elle habitait encore les Ardennes, avait en son temps rencontré le sémillant Arnaud Montebourg quand il avait pour mission le « redressement productif » de notre cher et vieux pays. Abysse s’était aventurée jusqu’à la salle où il tenait réunion, et avait prétendu à son retour avoir pu échanger quelques mots avec le ministre. « A quel sujet ? » avais-je demandé. « Même s’il ne s’agit pas de son domaine de compétence, je lui ai soumis un projet de refonte de l’article L214… » Pour ceux qui l’ignorent, c’est l’article du code rural qui stipule désormais que « tout animal étant un être sensible, (il) doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce… » Je n’ai jamais su évidemment si cela était vrai et quel était le projet de refonte en question imaginé par cette sacrée Abysse…
Là-dessus, Kira a enfin daigné expliciter les raisons profondes de son courroux. « En visite au lycée du Montat, Monsieur Le Foll a pu goûter quelques spécialités locales. C’est bien normal quand on est ministre en charge de l’agro-alimentaire. Mais j’ai surtout noté qu’il avait eu droit à des toasts de beurre truffé. » Alors là, évidemment, j’ai senti le coup venir. « Figurez-vous monsieur mon maître que je n’ai jamais eu droit à du beurre truffé. Et j’en suis fort marrie… » « S’il n’y a que ça, pas de problème » a rétorqué Abysse en se léchant les moustaches. « Je connais quelques chiens un peu cabots qui prétendent savoir dénicher ce genre de trésor… » J’ai laissé mes chats à leur discussions gourmandes. Pas question dans ces cas-là d’envenimer la situation. Pourquoi pas leur promettre de parfumer leurs croquettes avec du beurre truffé, pendant qu’on y est !
Déjà que l’on a appris que le Lot était parmi les départements les plus « Macron- philes » de France, mes deux fauves seraient tout à fait capables de fomenter une « Révolution » pour moins que ça, si l’on se réfère au titre du récent ouvrage de l’ancien conseiller élyséen désormais candidat à la présidentielle. Je me suis fait cependant une raison : à l’aube d’une longue campagne électorale, le Lot n’étant pas le département le plus désagréable de France, et pas seulement en raison de ses atouts culinaires, je n’ai pas fini d’entendre mes deux félines maugréer car le défilé des ministres, des candidats ou de leurs soutiens ne fait que commencer…