Kira, Audiard et les camions citernes
Chaque samedi désormais, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« C’est avec une attention soutenue que ma petite protégée féline Kira a parcouru le compte-rendu du congrès des maires et élus du Lot qui s’est tenu à Souillac. Elle a regretté de ne pas avoir fait le déplacement, bien que n’étant titulaire d’aucun mandat. « Bah, j’aurais bien trouvé une astuce pour me faufiler… Car ce n’est pas tous les jours qu’on adapte Michel Audiard sur une scène. » Je n’ai pas compris l’allusion.
Alors, déjà très cinéphile, la chère tigresse m’a rappelé ce dialogue signé du célèbre scénariste.
« – J’ai bon caractère mais j’ai le glaive vengeur et le bras séculier. L’aigle va fondre sur la vieille buse.
– C’est chouette ça, comme métaphore.
– C’est pas une métaphore, c’est une périphrase.
– Oh fait pas chier !
– Ça, c’est une métaphore. »
Nos chers élus ont en effet usé d’un vocabulaire fleuri et de figures de style très élaborées. On pense au sénateur Jean-Claude Requier s’adressant au ministre Baylet : « Vous êtes en train d’essayer de rebrancher avec les élus ce que Mme Lebranchu avait débranché. » Ou à ce vœu du député Jean Launay, à propos de la fronde des élus du Causse de Labastide-Murat et de Quercy Bouriane qui n’admettent pas qu’on leur impose une fusion : « Je vous demande de mettre de l’huile dans les rouages. » Ce à quoi le ministre a répondu aussitôt : « Je mets de l’huile dans les rouages et croyez-moi c’est des camions citernes qu’il me faut ! ». Dommage que pour couronner le tout, aucune des hautes personnalités n’ait alors eu recours à Audiard, justement, pour nous rafraîchir la mémoire. Et préciser que le dialogue cité plus haut est extrait d’un film dont le titre aurait pu être repris à leur compte par certains maires : « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ! »
Bref, l’automne est vigoureux, dans le 46. Ce qui contraste avec la relative paresse du cours du Lot (le fleuve). « Du moment que des camions citernes ne viennent pas polluer son eau », plaisante du coup ma belle Kira. Qui se réjouit qu’une nouvelle mise en lumière (et donc en en valeur) du Pont Valentré ait été décidée lors du conseil municipal de Cahors. Petite chatte cultivée, Kira aime à la belle saison flâner sur les quais et passer d’une rive à l’autre en empruntant ce pont « diablement » singulier… Tout en méditant cette phrase de Paulo Coelho : « L’amour crée des ponts là où ils paraissent impossibles ». Aucune allusion à la laborieuse gestation de la nouvelle carte intercommunale dans le département…