Kira à l’heure des vendanges 

Chaque samedi désormais, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

« Très studieuse, ma petite protégée féline Kira, du haut de ses quelques mois, a écouté avec attention les premières leçons d’œnologie dispensées par sa grande sœur Abysse, native de la pétillante (mais fraîche) Champagne-Ardenne. Elle fut donc très surprise d’apprendre que les vendanges des cépages rouges de l’appellation Cahors viennent tout juste de débuter. « Mais pourquoi, bien que géographiquement plus au sud, bénéficiant d’un climat plus clément, on a ici plusieurs semaines de « retard » par rapport à la Champagne ? » s’est logiquement interrogée Kira. Abysse a fait semblant de ne pas comprendre la question. Ou plutôt, elle a choisi de jouer sur les mots. « A chaque cépage, à chaque terroir ses spécificités. Question de maturité… Toi aussi, plus tard, tu saisiras ces nuances » a simplement glissé la noble féline avant de repartir faire le guet sur le muret du bolet d’où elle observe au loin la majesté du château Lagrézette, où Alain-Dominique Perrin prend actuellement ses « quartiers » d’automne. De son promontoire, elle aime aussi, certains matins brumeux, voir l’auguste architecture du château de Mercuès émerger des nuages qui s’accrochent au fond de la vallée.

Ainsi, ces derniers mois, elle a suivi le ballet des hélicoptères qui participent aux travaux de modernisation et sécurisation de la voie ferrée qui longe la route de Cahors et le fleuve, en contrebas de l’ancien repaire des comtes-évêques.  Un chantier d’envergure qui laisse à supposer que les hautes instances nationales de la SNCF entendent pérenniser la voie, pour les trains de fret comme pour les liaisons « voyageurs ». Encore que notre confrère Jean-Pierre Pernaut consacra jadis des émissions entières à dénoncer des millions jetés par les fenêtres destinés à construire des viaducs ou ronds-points censés enjamber ou desservir des autoroutes que l’on attend toujours. Toujours est-il que l’avenir de la gare de Cahors inquiète les élus de droite, alors que leurs collègues de gauche se disent rassurés par les engagements venus de Paris.

Abysse et Kira se gardent bien de prendre position. Elles se contentent de mettre chacun en garde. Les trains, comme les autoroutes, sont évidemment utiles en termes d’aménagement, de service public, de développement voire de désenclavement. Mais ils ont une spécificité que parfois, nos élites ont tendance à oublier. S’ils permettent de desservir une ville et son territoire, ils offrent aussi la faculté de s’en éloigner tout aussi rapidement pour aller étudier, travailler ou tout simplement se balader ailleurs… « Bref, les gares, c’est bien, mais pour garder ses habitants, ce n’est pas suffisant » résume Kira. Nombre de villes moyennes qui ont parfois mis la main au portefeuille pour moderniser leurs gares et même accueillir le TGV en ont fait l’expérience. »