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« Je ne suis ni au-dessus ni en-dessous de la loi » : Deux mois de prison avec sursis requis contre l’ex-procureur de Cahors


Soupçonné de violences intrafamiliales, l’ancien procureur de Cahors, Alexandre Rossi, a comparu vendredi 13 juin devant le tribunal correctionnel de Montauban. 

Une audience tendue, nourrie d’accusations croisées entre époux, au cours de laquelle les faits ont été longuement débattus. Le tribunal a fixé le délibéré au vendredi 1er août à 14h.

« Je ne suis pas le meilleur mari, je ne suis pas le pire. » La phrase, sèche, claque dans la salle d’audience. Celle de Montauban, où l’ancien procureur de Cahors, Alexandre Rossi, comparaissait vendredi 13 juin pour violences intrafamiliales. Une audience fleuve – plus de huit heures – qui s’est achevée tard dans la soirée.

Dès les premières minutes, l’audience a pris des airs de déjà-vu : pour la quatrième fois, la défense a tenté d’obtenir un renvoi. Cette fois, Me Battikh, avocat du magistrat, a réclamé un supplément d’information et la saisine d’un juge d’instruction, estimant que « des actes d’investigation manquaient » dans le dossier.

Sur le banc des prévenus, le couple en instance de divorce ne se trouve qu’à un mètre l’un de l’autre. Tous deux de grande stature, les bras croisés, légèrement détournés l’un de l’autre, ils n’échangent pas un mot. Après vingt ans de vie commune et trois enfants, Alexandre Rossi et Caroline L. semblent deux étrangers. « 

Aujourd’hui, je ne suis pas procureur, je suis juste un mari et un père. Je ne suis ni au-dessus ni en-dessous de la loi », assure Alexandre Rossi.

Caroline L. a porté plainte une première fois à Nègrepelisse, en 2023, pour violences conjugales, puis une seconde en avril 2024. Selon elle, les faits s’étendent sur plusieurs années : deux épisodes en 2017 et 2019, des violences verbales et physiques sur leurs enfants, une ambiance délétère dans le foyer. Elle décrit un mari « de plus en plus absent », « quelqu’un d’influent qui me rabaissait sans cesse », qui l’aurait menacée et interdite de porter des talons.

Les trois fils du couple ont également été entendus par les enquêteurs. L’aîné, 15 ans, prend la défense de son père. Le second, 12 ans, affirme avoir reçu un coup de barre de fer alors qu’il était dans la piscine, et des coups à plusieurs reprises dans la voiture. Le plus jeune, 6 ans, raconte à sa manière : « Quand papa est énervé, il se transforme en Hulk. Il donne des coups de poing et de pied. »

Alexandre Rossi nie toute violence : « Je n’ai jamais poussé mon épouse. La violence me répugne. » Il reconnaît des fessées « rares » et des mots blessants à l’encontre de ses fils. « Bon à rien », je l’ai peut-être dit une ou deux fois. Je suis un mauvais père. » Concernant l’épisode de la piscine, il parle d’une intervention nécessaire : « J’ai vu mon fils en train de noyer son frère. J’ai plongé habillé, je les ai sortis et j’ai puni l’aîné. »

Alexandre Rossi n’était pas le seul mis en cause. Les deux conjoints sont à la fois prévenus et parties civiles. Caroline L. est également poursuivie pour atteinte à la vie privée. Une part importante du dossier repose en effet sur des enregistrements réalisés au domicile conjugal. Elle admet avoir installé une caméra dans la cuisine – « pour surveiller le chien », dit-elle. Elle se justifie : « Oui, j’ai enregistré. Je sais que ce n’est pas bien. Mais comment devais-je faire? » Elle reconnaît aussi avoir fouillé dans les affaires de son mari, embauché un détective privé, et découvert une liaison extraconjugale. Alexandre Rossi, de son côté, nie toute infidélité.

Me Rodriguez, avocate de Caroline L., assume le caractère litigieux des preuves, mais insiste sur leur nécessité dans un contexte de huis clos familial : « Il est difficile d’avoir des témoins dans un huis clos. » Elle évoque des vidéos où les enfants parlent d’une voix apeurée, et décrit des violences psychologiques, éducatives et verbales. La lecture en audience de certaines retranscriptions révèle toutefois que Caroline L. était souvent à l’origine des insultes dans les extraits produits. Elle rétorque qu’elle « n’avait pas ce sentiment ».

Alexandre Rossi, de son côté, dénonce un sentiment de trahison : « J’ai été piégé, espionné. Cette procédure, je la vis très mal. » Il reproche à Me Rodriguez d’avoir demandé à son épouse de « pirater son téléphone ». Lors de son interrogatoire, il détourne le regard, refuse de l’appeler « Maître », et élève la voix quand elle lui pose une question.

Pour Me Battikh, il ne devrait même pas y avoir de condamnation : « Si Alexandre Rossi n’avait pas été procureur, il n’aurait jamais été poursuivi. » Il dénonce une machination : balise GPS, caméra dissimulée, enregistrements ciblés. À ses yeux, il s’agit d’un divorce conflictuel déguisé en affaire de violences conjugales. « C’est une femme blessée, obsédée par la preuve d’une tromperie », qui aurait « manipulé les enfants », assure-t-il. Il parle aussi de disputes scénarisées : « Elle savait qu’elle était enregistrée. Lui, non. »

Le ministère public estime pour sa part que les violences sont constituées et rappelle que les violences éducatives sont interdites depuis 2019 : « Dire à un enfant « ferme ta gueule » ou « va te faire foutre », est-ce que ce n’est pas une forme de violence psychologique ? », interpelle le procureur. Il requiert deux mois de prison avec sursis, un stage de parentalité, et une dispense d’inscription au casier judiciaire (B1). Contre Caroline L., il demande une amende de 1 000 euros pour atteinte à la vie privée.

Côté parties civiles, Me Rodriguez réclame 2 500 euros pour les enfants, rien pour la mère. Elle demande la relaxe de sa cliente. Même stratégie du côté de Me Battikh, qui réclame 5 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que la relaxe, soulignant que toutes les infractions reprochées à Alexandre Rossi pourraient « aussi être reprochées à la prévenue ». Et de conclure : « Je veux éviter une erreur judiciaire sur l’autel de la perfection et de l’exemplarité. »

Le tribunal rendra son jugement le 1er août.

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