Ils tentent de dissimuler leurs biens saisis par la banque : Un couple de rentiers condamné pour détournement
Pour conserver les biens qu’ils avaient en garde, l’homme et son épouse ont fait croire à un cambriolage, mais l’enquête a révélé de nombreuses incohérences.
Le château de cartes s’est effondré. Un couple, âgé de 80 ans et 72 ans, a été condamné jeudi 20 juin à de la prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Cahors pour détournements et complicité de détournement d’objets saisis. Tous deux issus de riches familles, ils avaient profité toute leur vie d’un immense patrimoine mobilier et immobilier, vivant dans l’opulence, contractant des emprunts astronomiques et faisant fi de leurs nombreuses dettes. La réalité les a rattrapés, sous la forme d’une saisie de leurs possessions par le Crédit Mutuel.
En 2007, le prévenu, qui se présente alors comme un docteur en médecine, souscrit à un emprunt de 500 000 euros auprès de la banque dans le but d’acquérir un bien à Padirac. Mais le temps s’écoule et les échéances ne sont pas remboursées. Dans l’impasse, le Crédit Mutuel se rend compte non seulement que le bien en question n’a en fait jamais été acquis mais aussi que l’homme n’était pas médecin. En 2011, un huissier procède alors à la saisie d’une autre demeure du couple située à Thégra et à une grande quantité de biens mobiliers et de voitures de collection. Le prévenu est désigné comme leur gardien : il n’a le droit ni d’en disposer ni de les déplacer. Or, quand l’huissier revient en 2014 pour organiser la vente des biens, la majeure partie d’entre eux, dont les voitures, ont disparu. Le couple dénonce un cambriolage et porte plainte au commissariat. Seulement, l’enquête va révéler de nombreuses incohérences. Les biens sont finalement retrouvés à trois emplacements différents dont un garage qui avait été loué par le couple avant le cambriolage. Plusieurs messages de leur fille tendent aussi à les confondre. « Je te conseille de dire la vérité », leur écrit-elle un jour alors qu’ils sont sous le coup de l’enquête. En 2017, le Crédit Mutuel finit par déposer plainte pour le détournement des objets saisis.
« Cet homme, c’est un roman ! » s’exclame Me Tabart, l’avocate de la banque qui raconte pour l’anecdote : « Chaque fois qu’on sonnait à sa porte pour saisir ses biens, il sortait par derrière par une porte dérobée ». La vente de la propriété de Thégra et des objets retrouvés ont permis au Crédit Mutuel de rembourser une partie de la somme prêtée. L’avocate sollicite aussi 5 000 euros de dommages et intérêts et 10 000 euros de frais d’avocat. Comme elle, comme pour le parquet, « l’argument du cambriolage est à écarter de façon certaine ». « C’est un dossier qui témoigne d’une organisation méticuleuse : il y a un nombre d’objets phénoménal, des objets volumineux, un stockage sur trois sites, la recherche et la location des lieux, la logistique de déplacement. Cela montre bien l’intention des deux intéressés et leur stratégie de dissimulation », souligne la substitut du procureur qui requiert six mois d’emprisonnement pour chacun et d’une obligation de soins pour l’homme. Pour l’avocat de la défense Me Faugère, la peine demandée est bien trop lourde. Tout juste concède-t-il que son client est « un peu mégalomane ». Quant à sa femme, « elle a suivi son mari ».
Finalement, le premier écopera de dix mois de prison avec sursis simple et la seconde de 6 mois de prison avec sursis simple. Ils devront également verser 2000 euros au Crédit Mutuel pour le préjudice moral et 6000 euros de frais d’avocat.