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« Il ne faut pas m’énerver » : Un homme condamné pour avoir fracassé le crâne de son père


Les faits se sont déroulés à Saint-Clair en juillet 2021. Aujourd’hui décédée, la victime avait été placée en coma artificiel pendant un mois en raison de la gravité de ses blessures.

« Je ne suis pas plus malade qu’un autre, vous le voyez bien ! ». Ce jeudi 24 novembre, l’homme de 52 ans qui prononce ces mots comparaît devant le tribunal correctionnel de Cahors pour violence aggravée. Aggravée car la victime est son père, qu’il l’a frappé au niveau de la tête avec un piquet en bois et que l’expertise médicale a conclu à 133 jours d’ITT. Depuis, son père est décédé sans qu’un lien ait pu être établi entre l’affaire, qui remonte au 30 juillet 2021, et les causes de sa mort. Le jour de l’audience, alors que le prévenu est déjà incarcéré depuis plus de quinze mois, sa mère et son frère sont présents dans la salle. Mais aucun des deux ne souhaite se constituer partie civile. « Sa famille ne veut pas accabler le prévenu, elle souhaite juste qu’il soit soigné et suivi », assure leur avocate.

Quand le président du tribunal montre la photographie du corps tuméfié à son assesseure, celle-ci a un mouvement de recul. Le drame s’est déroulé sur la ferme des parents à Saint-Clair. Quand les gendarmes arrivent, le père a déjà la tête défoncée et son pronostic vital est engagé. Il est immédiatement héliporté au centre hospitalier de Toulouse où il restera un mois en coma artificiel, puis sera encore hospitalisé un autre mois avant de pouvoir sortir. Il ne gardera aucun souvenir des faits.

Comment expliquer un tel déchaînement de violence de la part de son fils ? « Je voulais qu’il comprenne qu’il devait arrêter de m’emmerder, j’ai réglé ça à ma façon », explique le prévenu. Ce dernier serait en effet entré dans une rage folle après avoir appris que son père avait porté plainte pour vol contre un ami à lui. L’objet de cette plainte était une presse agricole qui appartenait au père mais qui était stockée chez le prévenu et que celui-ci avait lui-même prêté à cet ami. Après avoir tenté en vain de l’expliquer aux gendarmes qui refusaient de l’écouter, il s’était rendu chez son père où, sans même échanger un mot, il lui avait asséné plusieurs coups avec le pieu. S’il assure n’avoir donné que deux coups, sa mère, qui assistait impuissante à la scène, estime qu’il en a porté six, dont quatre à la tête. Ce qui est sûr c’est que le bâton, sous la violence des coups, avait fini par se rompre en deux.

Le casier judiciaire du prévenu comporte déjà deux mentions pour des faits de violences et menaces avec arme. Quand le président du tribunal les mentionne, notamment la fois où il a tiré sur l’habitation d’un voisin qui vivait là avec ses enfants, l’homme assure que c’est « l’autre » qui l’avait « emmerdé ». « Donc il ne faut pas vous énerver, c’est ça ? », lui demande sur un ton ironique le président. « C’est ça », lui rétorque avec aplomb le prévenu. Aux gendarmes, son frère avait confié qu’il n’était pas si surpris de son geste, l’ayant déjà vu se montrer violent après avoir été contrarié. L’expert psychiatre avait noté un manque total d’affect et un profil paranoïaque et schizophrène. D’après les dires de sa famille, les relations entre le père et le fils pouvaient être parfois difficiles, notamment en raison du caractère « de cochon » du père.

« Gravité et dangerosité » : tels sont pour le procureur Alexandre Rossi les maîtres mots de cette affaire. « On a évité le parricide, mais il y a toujours une dangerosité pénale, criminologique, psychiatrique et sociale », souligne-t-il, requérant six ans d’emprisonnement, un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans et une interdiction de détenir une arme. « C’est dommage, on a raté une occasion de raccommoder les choses », déplore l’avocat de la défense Me Calonne qui demande plutôt un sursis probatoire. Pour lui, l’affaire est un phénomène de gouttes d’eau : « On accumule le ressentiment jusqu’au moment où un événement fait tout basculer ». Cet événement, ce serait, toujours selon l’avocat, le « manque de psychologie » dont auraient fait preuve les gendarmes lors de la convocation de l’ami du prévenu accusé du vol de la presse.

La plaidoirie ne convainc pas le tribunal. Maintenu en détention, l’homme écope de cinq ans d’emprisonnement, d’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, d’une interdiction de porter ou détenir une arme pendant cinq ans et d’une amende de 1000 euros.

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