Il lui frappe la tête contre le sol : 6 mois de prison ferme pour un conjoint violent
Après dix ans de relation, un homme ivre a violemment frappé sa compagne en juillet dernier. Celle-ci a eu 26 hématomes sur le corps.
« J’ai vraiment cru qu’il allait me tuer ». Ce jeudi 21 décembre 2023, la femme qui s’exprime à la barre du tribunal correctionnel de Cahors est une nouvelle victime de violences conjugales. Sa voix est tremblante mais déterminée. Son avocate Me Smagghe souligne d’ailleurs « son courage et sa volonté d’assister à cette audience ». Le prévenu est l’homme avec qui elle a été en couple pendant dix ans. Jusqu’au soir des faits, le 22 juillet 2023. Ceux-ci ont eu lieu à leur domicile de Bellefont-la-Rauze.
Le déroulé de l’histoire est tristement banal : l’homme rentre d’un barbecue, manifestement ivre, et trouve un prétexte quelconque – en l’occurrence, elle avait refusé qu’il ressorte boire avec des amis – pour lui asséner de violents coups. Il va même jusqu’à lui frapper la tête contre le sol. « Il était dans l’incapacité de raisonner. Quand il a trop bu, il est hors de contrôle », raconte-t-elle. C’est le grand-père du prévenu qui, vivant à coté et alerté par les cris, est finalement intervenu pour mettre fin aux coups. Par la suite, il préférera déclarer aux gendarmes qu’il était allé les voir car il avait entendu des meubles bouger en pleine nuit et avait trouvé sa belle-fille « hystérique ».
L’examen médical de celle-ci relève 26 hématomes sur le visage, les bras, le cou et le cuir chevelu, et conclut à 4 jours d’ITT. En outre, son avocate demande une expertise médicale pour évaluer « l’entier préjudice des blessures corporelles mais aussi le retentissement psychologique ». Me Smagghe en a profité pour fustiger les questionnaires de police destinés aux victimes de violences conjugales : « Ce sont tous les mêmes et ils sont complètement à côté de la plaque. Au commissariat, ma cliente a eu le sentiment qu’on ne lui parlait pas de sa situation mais d’un énième dossier de violences conjugales ».
Quant au prévenu, il se retranche derrière sa « consommation excessive » d’alcool et assure qu’il ne se souvient pas avoir porté des coups : « Dès que je bois une bière ou deux, il faut que je continue jusqu’à atteindre l’ivresse ». S’il reconnait les faits et exprime des regrets, il réfute tout problème comportemental. « Tous les couples se disputent », argumente-t-il. « Des couples qui se disputent il y en a, mais des gens qui en arrivent à mettre une véritable raclée à leur compagne il y en a moins », lui rétorque le président du tribunal. « Il est dans un discours de minimisation », ajoute le procureur de la République qui requiert 12 mois d’emprisonnement dont 8 assortis d’un sursis probatoire pendant 3 ans. L’avocate de la défense Me Alexopoulos rappelle son casier exempt de condamnation pour des faits similaires : « Il a sûrement un problème d’impulsivité mais on ne peut pas le qualifier de personne violente ».
Le tribunal a été un peu plus clément que le parquet et a condamné l’homme à 18 mois d’emprisonnement dont 12 assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans et à une obligation de travail et de soins. Il a également interdiction de porter et détenir une arme pendant 5 ans et de contacter la victime. Le montant du préjudice de celle-ci a été renvoyé sur intérêts civils.