Huguette Tiegna, et des députés d’Occitanie dénoncent « l’obstruction du débat parlementaire »
Ils fustigent « l’attitude de certains de leurs collègues ».
Huguette Tiegna, députée du Lot, est signataire d’une tribune avec des collègues d’Occitanie, dénonçant « l’obstruction du débat parlementaire » : «Nous voulions débattre. Nous sommes empêchés. Nous voulions travailler sur le fond, collectivement, dans le respect de nos différences. On nous l’interdit ! Depuis le début de l’examen des projets de loi de réforme des retraites, les députés des groupes France Insoumise et Gauche démocrate et républicaine n’ont qu’un objectif en tête : confisquer, coûte que coûte, le débat parlementaire. Les parlementaires de l’opposition disposent de droits spécifiques, garantis par la Constitution. Ces droits ont toujours été respectés, tant au sein de la commission spéciale qu’en séance publique. Mieux, au regard de l’importance de cette réforme, des aménagements spécifiques ont été proposés par la Présidence de l’Assemblée nationale pour garantir un débat sincère, digne et respectueux. La durée d’examen qui devait initialement être dévolue aux textes de loi a été prolongée et il a été décidé que l’assemblée puisse siéger sept jours sur sept, y compris les dimanches, en journée comme en soirée. Par ces propositions exceptionnelles, l’enjeu était de faire un geste conciliant envers l’opposition, mais surtout de poser les conditions d’un débat serein où chacun pouvait s’investir, quel que soit son groupe politique. Car les Françaises et les Français méritent ce débat. C’était sans compter le fol acharnement de 33 députés. 33 députés sur 577. 33 députés prêts à tout pour paralyser nos institutions et prendre en otage notre démocratie. Et parfois certains autres députés se prêtent à ce qui n’est hélas pas un jeu. Depuis le début de la semaine, nous totalisons plus de 25 suspensions de séance et plus de 100 rappels au règlement. A ce rythme, il faudrait 1 643 heures de débat pour terminer la seule loi ordinaire, soit 25 semaines de séance ! En commission, 22 000 amendements ont été déposés. En séance, c’est plus de 40 000. En cinq jours, nous n’en avons discuté que…629. C’est dire l’absurdité de la situation. Cette course folle à l’obstruction ne connaît plus de limites. Chaque jour, chaque heure, appelle son lot de nouvelles surprises. Que personne ne soit dupe, la plupart de ces amendements sont rédigés à la hâte. Ils sont un prétexte, plus qu’un outil parlementaire et manquent cruellement de sérieux. Résultat : les discussions s’enlisent et notre parlement offre un triste spectacle. Députés, nous siégeons sur différents bancs de l’Assemblée nationale. Nous avons parfois des différences mais nous partageons en commun un attachement viscéral à la République et à la démocratie représentative. Surtout, nous respectons le parlement. Nous estimons que la démocratie s’honore dans un débat parlementaire digne et respectueux. Et qu’elle s’abîme dans l’outrance et l’invective. Aujourd’hui, nous devons nous rendre à l’évidence, c’est à un véritable sabotage parlementaire que nous assistons. Et c’est unis, rassemblés, que nous dénonçons cette imposture. La manœuvre orchestrée par une infime minorité de députés est en train de virer à un jeu dangereux. Un jeu qui menace l’équilibre de nos institutions et offre une image délétère de la représentation nationale. Un chaos organisé dont personne ne sort gagnant. A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Il est de notre responsabilité collective de mettre un terme à cette mascarade. C’est pourquoi nous demandons solennellement aux députés de l’opposition d’assumer leurs responsabilités : veulent-ils amender avec raison et ainsi améliorer le texte, ou saboter le travail parlementaire. C’est de leur seule responsabilité face aux actifs d’aujourd’hui et de demain. Sinon, notre Constitution permet d’accélérer l’approbation de texte. Si nous voulons assurer un régime de retraite universel, il n’y aura peut-être d’autre choix. Mais que les Françaises et les Français le sachent, ce choix, ce sont 33 députés sur 577 qui nous l’imposent. On tente un coup de force contre l’Assemblée nationale. Que l’assemblée nationale s’en libère. C‘est le sens de cet appel de députés occitans, rassemblés par leur respect de l’institution et leur sens du devoir. »
> Les signataires :
Anne Blanc, 2ème circonscription de l’Aveyron
Pierre Cabaré, 1ère circonscription Haute Garonne
Jean-René Cazeneuve, 1ère circonscription du Gers
Anthony Cellier, 3ème circonscription du Gard
Nicolas Démoulin, 8ème circonscription de l’Hérault
Coralie Dubost, 3ème circonscription de l’Hérault
Françoise Dumas, 1ère circonscription du Gard
Jean-François Eliaou, 4ème circonscription de l’Hérault
Christophe Euzet, 7ème circonscription de l’Hérault
Laurence Gayte, 3ème circonscription des Pyrénées Orientales
Daniele Herin, 1ère circonscription de l’Aude
Monique Iborra, 6ème circonscription de la Haute Garonne
Stéphane Mazars, 1ère circonscription de l’Aveyron
Mickael Nogal, 4ème circonscription de Haute Garonne
Alain Perea, 2ème circonscription de l’Aude
Mireille Robert, 3ème circonscription de l’Aude
Jean Bernard Sempastous, 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées
Jean Terlier, 3ème circonscription du Tarn
Huguette Tiegna, 2ème circonscription du Lot
Marie-Christine Verdier Jouclas, 2ème circonscription du Tarn
Corinne Vignon, 3ème circonscription de Haute Garonne