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Gindou 2025, la grande marée !

Affluence record, files d’attente interminables, orages imprévus mais aussi émotions fortes et invités prestigieux : la 41ème édition des Rencontres de Gindou a confirmé son statut de rendez-vous incontournable du cinéma d’auteur.

Le Lot a encore fait son cinéma, et cette 41ème édition des Rencontres de Gindou a ressemblé à une marée montante. « On n’avait jamais vu ça jusque-là : l’Arsénic saturait, l’amphithéâtre de verdure était plein tous les soirs, et on a parfois dû doubler des séances », souffle Marie Virgo, co-directrice du festival. À Gindou, les jours se vivent dans L’Arsénic, les nuits dans le Cinéma de verdure.

Cette année, le festival avait des accents belges : Yolande Moreau, invitée d’honneur, est venue à la rencontre du public. L’actrice et réalisatrice a accompagné une rétrospective de ses films, de Quand la mer monte à La Fiancée du poète, en passant par Séraphine. Elle a également pris part aux « tchatches », ces conversations avec le public qui font le sel du festival. Le partenariat avec le Centre Wallonie-Bruxelles a donné une couleur particulière à cette semaine, jusque dans les projections itinérantes à Gourdon, Cazals, et — grande première — au lac de Catus. « Yolande Moreau est restée jusqu’au milieu de semaine ; à son départ, la pression est un peu retombée à L’Arsénic », note Marie Virgo.

La programmation a aligné de nombreuses avant-premières, à commencer par Un simple accident de Jafar Panahi, Palme d’or 2025 à Cannes. Le film coup de poing Put Your Soul on Your Hand and Walk de Sepideh Farsi, sur Gaza, a fait salle comble deux fois dans la même journée. Le dernier soir, Des preuves d’amour a séduit aussi bien les programmateurs que les festivaliers. Mardi, Soulèvements de Thomas Lacoste a tenu le haut de l’affiche sous les étoiles avant qu’un orage n’interrompe la séance. « C’est le jeu du plein air », assume Marie Virgo. Même frustration pour Kontinental’25 du Roumain Radu Jude, finalement rapatrié à L’Arsénic.

Le fil conducteur de cette édition était « l’amour », décliné dans cinq titres. « Mais au-delà, il s’agissait surtout de films où l’intime rencontre le politique : maternité, amitié, attachements », explique la co-directrice. Parmi eux, L’Amour qu’il nous reste de l’Islandais Hlynur Pálmason, présenté en séance de minuit, et La Vie après Siham de Namir Abdel Messeeh (sélection ACID à Cannes), suivi d’une « tchatche » à l’extérieur. Le cinéaste a confié : « Pour les auteurs que nous sommes, et qui passons des années sur un film, un festival n’est pas juste une fenêtre de projection. C’est aussi le soutien d’une démarche parfois solitaire, parfois douloureuse. Sentir que vous accordez de l’importance aux auteurs et pas seulement au résultat du travail me paraît une mission essentielle. »

Reste l’envers du décor : les files d’attente. Devant L’Arsénic, à l’heure des changements de séances, on a entendu grincer : « J’ai un passe, j’arrive tôt, et malgré tout je suis restée dehors deux fois ; c’est frustrant », peste Claire, festivalière venue de Toulouse. Même scénario au Cinéma de verdure : « On s’est pointés 30 minutes avant, impossible de trouver une place correcte… », grogne un couple de trentenaires. Marie Virgo n’élude pas : « Nos murs ne sont pas extensibles. On étudie plusieurs pistes : redoubler davantage certaines séances, revoir la grille, voire tester des réservations à la séance. »

Mais Gindou garde son charme. « La programmation est à la hauteur, comme toujours, et c’est normal que le festival soit victime de son succès », sourit Daniel, habitué « depuis plus de vingt ans », allongé sur une couverture dans l’herbe. Une jeune spectatrice enchaîne : « Ici, on parle avec les films, les cinéastes, les voisins de chaise, c’est un luxe. »

Dernier signe fort : la visite du président du CNC, Gaëtan Bruel, qui a passé du temps avec l’équipe et réuni une vingtaine d’exploitants du Lot et des départements voisins autour de la diffusion en milieu rural. Une première en 41 ans. « De quoi être optimistes pour l’avenir », conclut Marie Virgo.

Photo : Pierre Oriol

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