Retour sur l’intervention du sénateur du Lot.
À la demande du président de la République, un débat sur la situation au Proche et Moyen-Orient a été organisé au parlement. Après son échange avec François Bayrou au sujet de la guerre en Ukraine en février, le sénateur du Lot, Jean-Marc Vayssouze-Faure, s’est de nouveau adressé au chef du gouvernement, dans la soirée du 2 juillet dernier.
« Monsieur le premier ministre, quand le droit international est piétiné, c’est à la diplomatie de trouver la force de le remettre sur pied » a lancé le secrétaire de la commission des affaires étrangères du sénat en entame d’un discours de 12 minutes, au cours duquel il a appelé le gouvernement à agir pour « revenir aux valeurs refuges que nous avons toujours portées : la démocratie, le multilatéralisme, l’autodétermination et les moyens pacifiques ». Confirmant qu’une « épidémie de brutalité s’est emparée du monde », l’élu a immédiatement souhaité avoir une pensée pour « les millions d’enfants, de femmes et d’hommes en proie à cet espace international plus dangereux aujourd’hui qu’il ne l’était hier » et pour les victimes des « velléités d’hégémonie déchaînée ».
S’agissant de la République islamique d’Iran, visée par l’offensive israélienne qui a déclenché la « guerre des douze jours », Jean-Marc Vayssouze-Faure l’a décrite comme « l’adversaire absolu de nos valeurs car c’est un régime qui opprime son peuple, qui humilie les femmes et qui enferme nos compatriotes », avant d’exprimer « une pensée émue pour les otages d’État, Cécile Kohler et Jacques Paris ». À la tribune, le sénateur a appelé à leur libération : « Monsieur le Premier ministre, nous attendons qu’une seule image : celle des retrouvailles des otages avec leurs proches. Nous demandons au gouvernement de réaffirmer, devant l’exécutif iranien, qu’il y a urgence à procéder à leur libération. » À la question de savoir si le régime des mollahs doit pouvoir se doter de l’arme nucléaire, l’ancien maire de Cahors a lancé une réponse sans appel : « jamais, c’est une condition de notre survie collective », exprimant ainsi de vives inquiétudes « face à l’accumulation rapide d’uranium enrichi par l’Iran » et considérant que « nous devons appeler tous les pays qui n’ont pas encore signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à le faire. »
Suite à l’offensive du 12 juin dernier menée par Israël en réaction à la poursuite du programme nucléaire par l’Iran, le parlementaire a formulé des interrogations sur les buts de guerre de l’État hébreu : « si l’exécutif israélien a, comme il le prétend, cherché à se défendre afin d’assurer sa sécurité, était-il pour autant fondé à mener une guerre dite préventive, en violation du droit international, précisément au moment où se déroulaient des développements diplomatiques importants, comme l’a indiqué le secrétaire général adjoint de l’ONU ? ». « Face à ce nouvel équilibre des forces, chacun a le devoir de remettre du politique derrière le militaire, de la diplomatie derrière la violence, de la dénonciation derrière l’horreur. Et l’horreur aujourd’hui, c’est Gaza, où un peuple marche lentement vers la mort » a poursuivi l’élu lotois, avant de décrire « une tragédie humanitaire qui s’aggrave et une distribution d’aide qui vire au chaos ». Jean-Marc Vayssouze-Faure a précisé que « des soldats et des officiers israéliens décrivent eux-mêmes des scènes passibles de crimes de guerre », rappelant que, « depuis les attentats terroristes perpétrés par le Hamas, ce sont plus de 56 000 Palestiniens dont 17 000 enfants qui ont été tués par Tsahal ».
« Le temps est venu de mettre un coup d’arrêt à l’effroi et à l’une des plus grandes hontes de ce siècle, tout en exigeant la libération des otages » a déclaré le parlementaire. Il a ainsi interpellé le chef du Gouvernement et le ministre des Affaires étrangères, considérant que « l’Europe et la France ont le devoir d’indiquer la porte de sortie diplomatique à Israël », avant d’exprimer ses doutes sur la confiance susceptible d’être accordée au président américain : « Donald Trump prétend avoir convaincu l’État hébreu d’accepter les termes d’un cessez-le-feu. Mais peut-on sérieusement lui faire confiance, lui, le faiseur de paix auto-proclamé qui projetait de manière obscène de faire de Gaza un gigantesque complexe hôtelier impliquant de déplacer la population ? Peut-on confier les clés à l’architecte du chaos qui, au moment même où il retirait son pays de l’accord de Vienne sur la dénucléarisation de l’Iran, s’est placé en position de responsable de l’escalade qui déstabilise le Moyen-Orient ? »
Le sénateur a affirmé que « la désescalade au Moyen-Orient doit venir de ceux qui croient en la diplomatie, placent le droit international et le multilatéralisme au cœur de leur socle intangible de valeurs et défendent la solution à deux États. » Il a conclu son intervention avec ces mots : « dans ces moments où l’histoire bascule, comme en 2003, avec l’intervention des États-Unis en Irak, il y a un pays qui sait dire au monde ce qui est juste. Ce pays, c’est la France. Celle qui a une histoire, celle qui a une mémoire, celle qui cultive donc des valeurs. Faites un pas vers ceux qui veulent construire. Soyez à l’écoute de ceux qui ne faiblissent pas sur l’essentiel. Placez-vous à la hauteur du chaos que traverse le monde. Ce qui est en jeu, c’est la parole de la France. C’est la force de nos valeurs et ces valeurs, Monsieur le Premier ministre, elles doivent rester l’expression vivante de notre héritage, celui des Lumières. »
> L’intervention en vidéo :
https://videos.senat.fr/video.5522785_68656deb396dd?timecode=4309314





