Fusils, pissenlits et coup de couteau : Deux affaires, un prévenu
Connu du tribunal de Cahors, Antoine D., 43 ans, comparaissait le 12 juin pour deux dossiers bien distincts : une affaire de braconnage en décembre et des violences commises en janvier.
« On ne cueille pas des pissenlits avec des fusils ». La formule de la substitut du procureur résume à elle seule le scepticisme du ministère public face aux explications d’Antoine D. Au tribunal correctionnel de Cahors, ce 12 juin, le prévenu répondait de deux affaires. Deux dossiers, deux ambiances, mais un même homme, « bien connu » des juridictions locales. Le premier volet remonte aux 11 et 12 décembre 2024. À Duravel, sur un terrain appartenant à une association de chasse, 12 coups de feu sont entendus. Un témoin, ancien gendarme, affirme avoir vu des canons sortir des vitres d’une camionnette avant que celui-ci ne prenne la fuite. Grâce au véhicule, les gendarmes retrouvent plus tard chez Antoine D. un fusil, une carabine, des cartouches, ainsi que du gibier : bécasse, perdrix et viande marquée d’impacts. Interrogé, l’intéressé nie la présence des armes dans la voiture. Il explique avoir « cueilli des pissenlits » avec deux comparses. Sur la détention d’armes, il assure que « la carabine appartenait à [son] fils », et que le fusil lui avait été « confié pour réparation ». Il reconnaît cependant avoir déjà chassé, sans permis. Me Faugères, à la défense, dénonce un « dossier de principe » : « On n’a pas de preuve, on ne peut pas se satisfaire de simples témoignages. » Le tribunal le condamne à trois mois de prison, quatre amendes de 150 euros et cinq ans d’interdiction de port d’arme.
La seconde affaire est plus grave. Le 31 janvier 2025, à Prayssac, une altercation éclate au domicile de la victime. Antoine D. s’y présente en soirée, accompagné de son fils. L’homme agressé affirme avoir été « plaqué au sol et poignardé ». Une entaille droite de neuf centimètres est visible sur son mollet. Le prévenu conteste : « Je l’ai poussé, il est tombé sur un vaisselier. Il m’en veut parce que j’ai couché avec sa femme. » Me Faugères plaide la légitime défense et donne un contexte familial explosif : « À la suite d’une autre affaire, la victime a appris qu’il n’était pas le père des enfants qu’il avait élevés, mais qu’Antoine D. l’était. » Ce soir-là, le prévenu serait venu « prendre des nouvelles des enfants, incarcérés ». Le procureur, lui, parle d’un geste volontaire : « Pourquoi se rendre à ce domicile à cette heure, avec son fils ? » Il évoque un « coup de couteau pour marquer » et rappelle les vingt mentions figurant au casier judiciaire du prévenu.
Le tribunal a tranché : dix-huit mois de prison pour les violences, quinze ans d’interdiction de port d’arme.