Flavia Coelho à Ecaussystème : « Ginga, c’est un retour à mes premières émotions musicales »
Elle sera sur scène ce vendredi 25 juillet 2025.
Chanteuse franco-brésilienne inclassable, Flavia Coelho revient avec Ginga, un album solaire qui puise dans les racines afro-latines et les souvenirs de ses premiers émois musicaux. Samba, reggae, forró, hip-hop… La musicienne métisse les genres avec une liberté joyeuse, portée par un engagement toujours présent mais désormais plus poétique. Avant son passage au festival Ecaussystème ce vendredi 25 juillet, elle se confie sur son parcours, ses inspirations et son lien indéfectible au Brésil.
> Medialot : votre dernier album Ginga est une véritable célébration des rythmes afro-latins. Qu’est-ce qui a guidé cette nouvelle direction sonore ?
Flavia Coelho : je me suis surtout inspirée du Brésil qui est un pays très métissé musicalement. Ginga est un retour à mes premiers émois. Le moment où j’ai vraiment commencé à apprécier la musique, à fouiller le cœur des albums, découvrir où ils avaient été enrengistrés, quels instruments avaient été utilisés, etc. J’ai commencé à travailler à 14 ans, après avoir passé un casting avec un groupe de musique traditionnelle. Et puis l’adolescence, c’est aussi les premiers amours, les premiers sentiments d’engagement, les premières compréhensions du monde. Ce sont des sentiments que tout le monde vit.
> M. : vous mélangez samba, reggae, forró, hip-hop… Qu’est-ce qui vous pousse à créer ces ponts entre les genres ?
F.C. : c’est encore le Brésil ! J’ai passé 26 ans dans mon pays de naissance. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, au Brésil il n’y a pas que de la musique traditionnelle, on a aussi du reggae, de la pop et même du métal. J’ai grandi dans une période où on pouvait tout se permettre. Quand j’ai commencé la musique, je ne me suis pas posée la question du style dans lequel je voulais m’enfermer. Je voulais plutôt goûter à tout et c’est comme ça que je mène encore ma barque aujourd’hui. Je suis au service de la musique.
> M. : vous avez collaboré avec des artistes comme Ibrahim Maalouf, Gaël Faye ou Tété. Avec qui rêveriez-vous de travailler aujourd’hui ?
F.C. : ils sont nombreux ! Pourquoi pas faire quelque chose dans un style complètement différent ? Je pense à Gustavo Dudamel, qui est un grand chef d’orchestre qui adapte beaucoup de chansons pop dans des orchestrations classiques. Et je dirais aussi Paul Kalkbrenner, qui est un des meilleurs producteurs.
> M. : votre album DNA abordait des thèmes forts comme le racisme, la corruption, la violence. Est-ce que Ginga prolonge cette parole engagée ?
F.C. : avec Ginga, je cherchais à avoir plus de légèreté. Mon album précédent était en effet très rentre-dedans dans ma musique et mes paroles. C’était un moment où mon pays, le Brésil, vivait un changement politique important et difficile à vivre. J’avais ce besoin de m’exprimer d’une manière directe. Mais c’est difficile d’interpréter, d’écrire et de chanter la réalité de ce qui ne va pas dans mon pays et dans le monde. Avec Ginga je suis plutôt revenue à mes premières émotions. Mon engagement est toujours présent dans mes paroles mais de manière plus onirique.
> M. : vous venez de Rio mais revendiquez aussi des racines du Nord-est du Brésil. En quoi cette dualité géographique influence-t-elle votre musique ?
F.C. : cela influence même toute ma vie. La culture nordeste est très ancrée dans ma famille car mes parents sont nés là-bas. Je l’ai complètement adoptée. Chaque état du nordeste a sa culture musicale et socio-culturelle spécifique. On fait partie de cette nation dans une nation, c’est un cadeau.
> M. : est-ce que votre vie en France a transformé votre rapport au Brésil et à votre art ?
F.C. : complètement ! Je ne pense pas que j’aurais pu faire mes disques de la même manière si je n’avais pas été à Paris. Et puis, bien sûr, il y a eu la rencontre avec mes partenaires musicaux – mon producteur Victor Vagh et les musiciens qui sont sur scène avec moi – ainsi qu’avec toute cette diaspora de divers pays. Et sans compter le public qui m’a adoptée à cœur ouvert.
> M. : vous êtes connue pour vos concerts intenses et chaleureux. Qu’est-ce que vous cherchez à créer avec votre public sur scène ?
F.C. : un moment inoubliable pour tout le monde ! Les concerts ce sont des moments uniques : la musique est en perpétuel changement, les gens ne sont jamais les mêmes. A partir du moment où le public nous fait l’honneur de venir écouter notre musique, je pense qu’on doit donner un maximum pour qu’il vive un bon moment, pour qu’on soit tous dans un moment d’union et de gratitude.
> M. : vous allez retrouver le public d’Ecaussystème : qu’évoque pour vous ce festival ?
F.C. : je suis très fan de l’Ecaussysteme et je suis très contente d’être de retour pour présenter des chansons de mon nouvel album et des chansons de mes albums précédents.