Figeac : Un prétendu écrivain aborde les adolescentes à la sortie du collège pour avoir leurs coordonnées
Comparution immédiate pour un homme de 38 ans accusé d’avoir fabriqué et diffusé un message pornographique susceptible d’être vu par des mineurs, et d’avoir corrompu ces même mineurs. Relaxé pour les premiers faits, il a été condamné à du sursis probatoire pour les seconds par le tribunal correctionnel de Cahors mardi 19 décembre.
L’interpellation a eu lieu grâce à la réactivité d’une jeune fille et de ses parents. Entre septembre et novembre 2023, plusieurs adolescentes ont été abordées par un homme de 38 ans aux abords d’un établissement scolaire à Figeac. Prétextant être écrivain, celui-ci leur demandait de remplir un questionnaire avec leur état civil et leurs coordonnées afin de leur envoyer par la suite les premiers chapitres de son manuscrit. Récupéré par les gendarmes, l’ouvrage comportait de nombreuses scènes sexuelles dont plusieurs impliquant des mineures. L’âge de l’héroïne du soi-disant livre avait d’ailleurs plus ou moins celui des jeunes filles qu’il abordait. L’une d’entre elles a 13 ans, l’autre 14 ans, presque toutes moins de 15 ans. Au total, les gendarmes ont entendu cinq victimes dans l’affaire. Contrairement aux déclarations du prévenu, plusieurs témoins ont confirmé que l’homme n’importunait que des jeunes filles.
L’histoire du manuscrit est celle de Mathilde, une adolescente qui s’ennuie et a l’impression d’être enfermée dans le carcan familial. En quête de liberté, elle explore ses attirances sexuelles. C’est en tout cas ainsi que le prévenu présente son livre car à entendre le résumé du tribunal, Mathilde est surtout la victime de pédophiles. « Le texte est un prétexte », assène le procureur de la République. « C’est un ramassis décousu des fantasmes du prévenu, sans aucune volonté artistique ». Sur les 15 chapitres donnés par le prévenu aux enquêteurs, ces derniers ont extrait 17 passages à connotation sexuelle dont plusieurs relatant des viols sur mineurs. Le parquet réclame 18 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire pendant cinq ans.
Parmi les jeunes filles que l’homme avait abordées, deux d’entre elles avaient accepté de donner leur mail et avaient reçu le premier chapitre de son livre. Installant l’intrigue, celui-ci ne comportait aucun passage dérangeant. Néanmoins, dans son message, le prétendu écrivain leur proposait de leur donner à lire les suivants tout en refusant de les envoyer par voie électronique par « peur du piratage ». « Elles ne seraient jamais allées au-delà du chapitre 3, car je voulais d’abord le présenter à un éditeur… », assure l’homme. « Vous plaisantez ? », s’offusque le président du tribunal. « Vous croyez vraiment qu’un éditeur va accepter un manuscrit qui comporte des scènes de viol ? ».
Tentant de se justifier, l’homme relate « la tourmente » dans laquelle il est. En effet, cet ancien chauffeur routier est mis en examen dans une enquête de viol sur mineurs par le juge d’instruction d’Agen depuis 2019. Faits qu’il dément. « J’étais en colère que la présomption d’innocence ne soit pas respectée. Dans mon livre, j’essayais d’exprimer ma souffrance et mon incompréhension. Je l’ai fait de manière inadaptée ». A la barre, il prétend aussi que l’écriture de son ouvrage n’était pas terminée et que celui-ci devait aboutir à une confrontation entre les victimes et leurs bourreaux. C’est ce qui justifiait, selon lui, le nombre et le graphisme des scènes sexuelles. « Il fallait que je raconte les détails pour qu’on puisse comprendre là où il y a une culpabilité claire et là où des victimes sont accusées à tort », explique-t-il.
Son avocat, Me Brulôt, abonde : « C’est un pauvre bonhomme qui est perdu, qui attend désespérément que la justice suive son cours. Les textes qu’il a donnés aux mineurs ne sont pas licencieux. On peut lui prêter toutes les intentions qu’on veut mais pas les lui imputer. La montagne n’est peut-être qu’une souris ». L’expertise psychiatrique du prévenu n’a révélé ni trouble psychiatrique ni déficience intellectuelle. Le médecin a tout de même noté des « traits narcissiques » et un « besoin de valorisation constant ».
L’homme a été reconnu coupable de corruption sur mineurs aux abords d’un établissement scolaire et condamné à 18 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire pendant trois ans. Il est soumis à une obligation de soins et de travail et a interdiction de paraître à Figeac, de fréquenter les abords de tout établissement scolaire et d’exercer des activités en lien avec des mineurs à titre définitif.