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Des Cadurques et des saveurs du cabécou au bandit travesti de l’Hôtel du Midi 


Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.

– Nous avons déjà constaté ici-même le nombre grandissant de posts dédiés à la cartographie, les thématiques les plus diverses donnant lieu à la réalisation de cartes toujours plus originales. On signale donc avec plaisir le compter Twitter Le Cartographe, avec cette « carte des peuples de la Gaule au temps de César ». Sans surprise, à Cahors et ses environs, on a confirmation que vivaient les Cadurques ! Mais saviez-vous que les Nitiobroges occupaient un territoire correspondant à l’actuel Agenais et que les Pétrocores vivaient en Dordogne autour de Périgueux ? 

– Le même compte avait relayé une carte des 20 villes de France (de plus de 20 000 habitants) « où bien vieillir », établie par le Parisien. Dans la région, Carcassonne, Rodez et Millau se glissent dans la première moitié du tableau (la lauréate étant Biarritz). Cahors pourra peut-être y figurer maintenant que le chef-lieu du Lot a dépassé le cap des 20 000. En attendant, dans une réponse au post, on a confirmation que sur les deux tiers « sud » du Lot, on comptabilise entre 2000 et 2250 heures de soleil par an. Un critère qui n’a rien d’anecdotique… 

Via notamment son compte Facebook, l’historien Nicolas Savy nous livre régulièrement d’édifiantes anecdotes sur le passé médiéval de Cahors. Cette fois, il nous rappelle qu’au XVème siècle, le pont Valentré n’était pas que le futur emblème de la cité. Il en était une des clés du système défensif. Ainsi, en 1401, les archives indiquent qu’un nouveau garde y est nommé, en charge de la milice tenant le pont. Voici la traduction du texte original : « Le 8ème jour du mois de mai de l’an 1401, les seigneurs consuls de la cité de Cahors baillèrent à Ramon Chatguier la garde du pont Valentré pour 1 an, à la pension de dix francs payés de mois en mois et de deux francs pour une robe du même tissu que celles du consulat. Et le dit Ramon jura sur les saints Evangiles qu’il gardera bien et loyalement le dit pont, et fera bonne garde, et sera bon et loyal envers les seigneurs consuls et à la ville. Et il sera obéissant à tous leurs mandements. » 

Où l’on constate que les fromages de Rocamadour ont toujours la cote. C’est d’abord le compte spécialisé Gourmandise SF qui atteste sans hésiter : « Je l’affirme, le cabécou de Rocamadour (avec ou sans AOP) est le meilleur chèvre que je connaisse ». Quant au compte A Vos Assiettes, il nous propose de varier les plaisirs en cette période hivernale. « Et si on osait une raclette 100% fromages de chèvre ? La Bûche, la Tomme, le Rocamadour ou encore le Chabichou du Poitou sont les compagnons parfaits des pommes de terre et charcuteries… » 

– Avant (ou après?) le fromage, la truffe ! Le compte officiel du tourisme dans la région, Voyage Occitanie, nous livre les conseils adéquats pour découvrir Lalbenque et son or noir : « On vous emmène à Lalbenque, capitale incontestée de la truffe noire du Quercy, pour une journée riche de belles rencontres afin de percer les secrets et mystères du précieux « tubercule ». Vous nous suivez ? » Par ailleurs, pour aiguiser votre appétit, allez donc faire un tour sur le compte Twitter Menustory qui ressort des archives de formidables menus. Où l’on apprend que le 1er janvier 1901, à la table du président Emile Loubet, pour inaugurer le XXème siècle, le chef de l’Elysée avait concocté un menu de choix où le Sud-Ouest était à l’honneur : « Omelette aux Rognons / Filets de Sole Marguery / Tournedos Rossini aux Truffes / Poulet sauté Parmentier / Côtelettes d’Agneau Soubise / Faisans truffés rôtis / Pâté de Foie gras à la Gelée / Salade de Laitue / Cèpes à la Bordelaise / Glace / Petits Gâteaux ». 

– Notre plongée dans les archives lotoises nous conduit ce week-end en 1928. Les 28 et 30 décembre de cette année-là, le Journal du Lot raconte par le menu un fait divers bien peu commun… Le titre : « Le bandit de Saint-Daunès travesti en femme est arrêté à Cahors ». Le sous-titre : « Sous un déguisement maladroit qui le fait aussitôt remarquer, Constant T. est arrêté à l’Hôtel du Midi. Il essaye de tuer un agent et se blesse mortellement. » Et voici comment nos confrères d’alors racontèrent cette singulière histoire… « Voilà un épilogue bien inattendu au drame, resté jusqu’ici mystérieux, de Saint-Daunès ! Il est utile de rappeler brièvement les faits dont nous avons à raconter la suite. Cela commence d’ailleurs comme cela finira, par un coup de revolver. Constant T. était domestique agricole et avait son domicile à Miramont (Tarn-et- Garonne). Agé de 24 ans, il avait demandé la main de sa cousine, Mlle L. dont le père est propriétaire à Saint-Daunès, très connu et très sympathique dans la région. T. ne présentait aucune des garanties morales et personnelles qu’un père est en droit de demander à un futur gendre. Il n’était pas un « parti acceptable ». Il fut éconduit. Il dut garder rancune de cet échec. » 

« Et c’est ainsi que le jeudi 22 novembre, il quitta Miramont, se rendit à St-Daunès, et, vers 5 heures du soir, la figure recouverte d’un masque qu’il avait acheté chez un coiffeur de Bourg-de-Visa, il pénétra dans la grange où se trouvait M. L.. Il ouvrit la porte, s’avança vers celui-ci surpris et cria : « La bido ou l’artzen ! » Au même moment, à bout portant, il tirait un coup de revolver dans la figure de M. L. et s’enfuit. La blessure était grave, mais heureusement, elle ne lésait aucun organe essentiel. La gendarmerie de Montcuq ouvrit une enquête. Ses soupçons se portèrent sur T., qui, avec cynisme, était revenu le lendemain à St-Daunès pour « demander des nouvelles de son oncle ». Il fut interrogé ; ses explications parurent louches, mais rien ne permettait d’établir sa culpabilité. » 

« On le garda à vue, et il passa la nuit de vendredi dans la salle de sûreté de la gendarmerie. Le samedi matin, l’interrogatoire ne fournit pas des preuves suffisantes pour justifier son arrestation, les gendarmes lui dirent d’aller déjeuner, puis, de revenir. T. partit, mais ne revint pas. Il ne rentra même pas chez lui. Il avait signé sa culpabilité. Et, somme toute, ce fut une habileté de la part des magistrats et des gendarmes de lui laisser sa liberté. Innocent, il serait revenu. Coupable, il fuyait la justice. Durant un mois, il échappa à toutes les recherches. Sa présence ne fut signalée nulle part dans la région. Où se cachait-il ? Comment a-t-il vécu ? On ne peut le savoir. Cela ne pouvait pas durer. Il n’avait chance d’échapper aux recherches qu’en restant éloigné. Mais en revenant au pays il devait forcément tomber aux mains de la justice. Pourtant, il joua cette chance, mais bien maladroitement, comme on va le voir… » 

« La Voyageuse suspecte. Il vint à Cahors samedi matin. Par quelle voie ? On l’ignore. Toujours est-il que samedi, vers 4 heures du soir, une étrange voyageuse se présenta à l’excellente propriétaire de l’Hôtel du Midi, et lui demanda si il y avait une chambre. Entrée à l’hôtel, la nouvelle venue déclara  qu’elle prendrait pension pour plusieurs jours, car elle venait à Cahors suivre un traitement chez un dentiste. Dès l’abord, cette étrangère avait suscité la surprise et la méfiance de la propriétaire et du personnel de l’hôtel. Quelle étrange allure et combien peu féminine ! Mais, après tout, cela ne regardait personne et on la conduisit dans une chambre à deux lits où elle s’installa et resta jusqu’au soir. Elle descendit vers 6 heures et demie pour le repas. Ce fut une nouvelle impression de surprise et de soupçons. La démarche, la voix, la façon maladroite de porter sa toilette, tout décelait en cette étrangère un mystère qui intriguait tout le monde. – « Qu’est-ce que c’est que ce numéro-là ? » se demandait-on. Et les servantes faisaient part de leurs impressions à la propriétaire qui commençait à être inquiète. Cependant, la voyageuse prit place à une table de la salle à manger, près du foyer. – « Il fait froid » lui dit la patronne pour voir de plus près, s’apprêtait à la servir et qui voulait la faire parler. – « Oh ! oui ! » répondit simplement l’étrangère, désireuse évidemment de parler le moins possible. On remarqua qu’en s’installant à table, elle plaçait soigneusement son sac à main à terre, près d’elle, entre la chaise et le mur. » 

« Enfin, ô stupeur, elle se mit à manger sans retirer les gants rouges sous lesquels elle tenait soigneusement ses mains cachées ! – « Voilà un phénomène de femme », se disait le personnel dont la stupéfaction se communiquait aux pensionnaires de l’hôtel, lesquels ne pouvaient s’empêcher de considérer avec une inquiète curiosité cet énigmatique personnage. Dévisagée par tout le monde, elle ne levait pas les yeux. Elle mangeait gloutonnement. Après qu’elle eût consommé plusieurs plats, on lui servit une côtelette qu’elle saisit de ses mains toujours gantées et qu’elle porta ainsi à sa bouche, la dévorant à belles dents. Quant à la bouteille de vin, elle fut achevée en moins de rien. Pour le coup, on se demanda qui pouvait bien être cette femme habillée à la dernière mode, de la façon la plus élégante et qui se comportait aussi grossièrement. Alors, quelqu’un feignant d’avoir froid, s’approcha de la cheminée, auprès de la voyageuse et tout à loisir se mit à la détailler. Elle était maquillée ! Mais comment ! Ses joues étaient couvertes de rouge jusqu’au menton et avec tant de maladresse que c’en était choquant. Enfin, écartant son manteau, elle étala ses jambes. Oh ! oh ! Elles étaient enfouies dans des bas de soie couleur chair. Mais, à travers le transparent tissu apparaissait une peau velue, si bien que les poils passaient au dehors. C’en était assez ! La conviction était faite. Cette voyageuse était un voyageur. » 

« Cette femme était un homme ! Le mystère grandit Une sorte de crainte mystérieuse se répandait dans l’hôtel. Qu’est-ce que ce client-là ? se demandait-on. Pourquoi essaye-t-il ainsi de se dissimuler ? La méfiance grandissait autour de lui. Le personnage, ayant fini de manger, ne s’attarda pas à table. Il regagna sa chambre après avoir dit un bonjour discret. A tout prix, il fallait savoir le mot de cette énigme ! Dès lors, le personnage fut l’objet d’une surveillance dont il ne se doutait pas… Et ici nous entrons en plein dans l’indiscrétion… Une fois enfermé, l’individu se laissa choir sur une chaise, mit sa tête entre ses mains et resta quelques instants songeur. Puis, il se leva, ouvrit son sac à main, en tira divers objets qu’on ne put distinguer, et les enferma soigneusement dans la table de nuit. Ensuite, il se décoiffa. Ce ne fut pas commode. On devinait que le personnage était peu habitué à semblable coiffure. Le chapeau cloche était enfoncé dans la tête. Il fallut bien du temps pour le sortir. Ceci fait, le déshabillage continua. Le manteau, les fourrures furent placés sur une chaise. Et voilà notre personnage en combinaison. On va bientôt savoir ! Bien étroite cette combinaison ! Il faut la retirer par en haut et en passant elle renverse les cheveux sur la figure ! Oh ! voilà une coupe de cheveux qui n’a pas été faite par un coiffeur pour dames ! Mais allons plus avant ! La combinaison est enlevée ; il reste la culotte. Le personnage va-t-il l’enlever ? Non. Il la laisser tomber et va se mettre au lit sans qu’on ait pu avoir jusqu’à l’évidence la certitude que ses jupons n’étaient pas un travesti ! Si, pourtant ! On l’aura cette certitude, car le personnage eut grand tort, ce soir- là, de ne pas éteindre la lumière avant d’ouvrir sa table de nuit et, enfin, de dégrafer ses jarretelles ! Il n’y avait plus de doute possible. La preuve était faite qu’il y avait là un individu prenant grand soin de se cacher… » 

« Bien que couché, il n’éteignit pas la lumière. Et dès qu’il entendait un bruit, un pas dans l’escalier ou le couloir, il se dressait et écoutait avec une inquiétude visible. L’indiscrétion finit là. Mais elle fut nécessaire puisque grâce à elle un bandit put être arrêté. Dimanche, M. Solinhac, commissaire de police, informé de ces faits, envoya les agents Mercadier et Meyre à l’Hôtel du Midi, avec mission de demander ses papiers à la « voyageuse » et, au cas où elle n’en aurait pas et où son attitude serait bizarre, de la conduire au bureau de police. Les agents se rendirent à l’Hôtel et montèrent à la chambre occupée par la voyageuse. Ils frappèrent à la porte : la voyageuse ouvrit. L’agent Meyre lui demanda ses papiers. Elle déclara ne pas en avoir. Mais pendant qu’ils lui parlaient, les agents l’examinaient. Leur conviction fut vite faite. C’était un homme qu’ils avaient en leur présence. Ils l’invitèrent à les suivre au bureau de police, car, lui dirent-ils, c’est une formalité obligatoire pour tous ceux qui n’ont pas de papiers. La voyageuse ne protesta pas. » 

« Elle prit son sac à main et suivit les agents. Très calme, sans se presser, elle descendit l’escalier, traversa la cour de l’hôtel et s’engagea, à la suite des agents, dans la rue Castagné. La rue est étroite. C’est à peine si deux personnes peuvent marcher de front. L’agent Meyre passa devant la voyageuse derrière laquelle se plaça l’agent Mercadier. La voyageuse marchait tranquillement. Toutefois, les agents la surveillaient, car ils ne doutaient point d’avoir affaire à un homme et solidement bâti. Ils avaient raison d’ouvrir l’œil, car, une fois dans la rue, la voyageuse ouvrit son sac, y plongea la main et sortit un revolver. L’agent Mercadier vit le geste : il saisit la « femme » à bras-le-corps, la ceinturant solidement, tandis que l’agent Meyre lui asséna un formidable coup de poing derrière la nuque. Une détonation éclata et l’individu s’affaissa ; retenu par l’agent Mercadier. Un peu de sang jaillit du front et éclaboussa le mur. Que s’était-il passé ? L’individu n’avait pas voulu se suicider, mais essayer de se défaire des agents qui le conduisaient. Seulement le coup de poing de l’agent Meyre fit dévier l’arme et envoya la balle dans la tête de l’assassin. » La suite de l’article évoque la mort du prévenu, et les fruits de l’enquête qui suivit pour savoir comment l’amoureux éconduit s’était caché dans les environs de Montcuq, avait ensuite gagné Cahors pour y faire des emplettes dans les commerces à la mode mais aussi réalisé un forfait pour financer sa cavale. On vous laisse découvrir… 

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