Département du Lot : Serge Rigal lance un appel à mobilisation pour défendre le Lot
Retour sur les messages de la séance du Conseil départemental de ce 20 janvier.
Ce lundi 20 janvier 2025, le débat d’orientations budgétaires était à l’ordre du jour de la séance du Conseil départemental.
Dans son discours, Serge Rigal, président du Département est revenu sur le contexte national : « Ce débat, nous le tenons traditionnellement en décembre afin de nous donner le temps d’avancer dans la préparation du budget que nous votons début février. Or pour la première fois depuis de très nombreuses années, nous avons dû, en raison du contexte national inédit, repousser ces travaux. Fin 2024, nous étions encore dans l’incertitude. Cette année 2024 d’ailleurs, maintenant derrière nous, s’est terminée dans un contexte national des plus moroses. Aux difficultés du quotidien pour bon nombre de nos concitoyens est venue se rajouter une crise politique majeure. Cette crise politique aurait pu être évitée. D’emblée, l’erreur du gouvernement de Michel Barnier aura été de tourner le dos au Nouveau Front Populaire, de s’être mis dans la roue de l’extrême-droite pour finir par monnayer inutilement sa survie au prix de concessions indignes de notre tradition républicaine, notamment sur l’aide médicale d’Etat. Résultat, la censure a conduit à ce que pour la première fois depuis 40 ans, notre pays n’ait pas de budget voté pour la Sécurité sociale et pour la Nation. Depuis cet épisode, un nouveau gouvernement est en place, le 4ème en moins d’un an. Contrairement à son prédécesseur, il semblerait que M. Bayrou ait une appréciation plus réaliste des rapports de force au sein de l’Assemblée nationale et comprenne que tendre la main à la gauche réformiste ne soit pas déshonorant. Plutôt que d’imposer une cure de cheval qui aboutirait à casser la croissance, une voie de dialogue exigeant a été entreprise et nous pouvons en prendre acte car c’est ce que les Français attendent. Oui, les citoyens attendent des solutions plutôt que le blocage, ils attendent des progrès plutôt que la paralysie et, peut-être pour la première fois dans l’histoire récente de la Vème République, nous nous trouvons dans une situation où la discussion et le compromis ne sont plus des options mais des obligations. En un sens, c’est heureux car nous voyons bien que gouverner depuis deux ans et demi à coup de 49.3, sans débats, abîme durablement la démocratie. A ce stade, d’ores et déjà des concessions ont été faites pour éviter de nouveaux sacrifices sur le dos du quotidien des gens. Nous pouvons nous en réjouir. Oubliées donc, les suppressions de postes dans l’Education nationale, le déremboursement des médicaments et des consultations médicales, ou encore l’élargissement des jours de carences pour les agents du service publics. Surtout, surtout, l’injuste réforme des retraites va pouvoir être redébattue. Enfin, nous pouvons aussi nous réjouir qu’après tant d’années de ruissellement par le haut, on mette en place plus de justice fiscale en faisant contribuer les plus aisés à l’effort commun. Evidemment, rien n’est encore acquis. Et nous aurions préféré mieux. Mais ce sont déjà des reculs qui sont évités, et peut-être un timide espoir pour toutes celles et ceux qui ne méritent pas de partir plus tard en retraite. Car, je le rappelle comme je le faisais en manifestant il y a 18 mois aux côtés des salariés, la réforme des retraites pénalise avant tout les travailleurs exerçant des métiers les plus pénibles, ceux dont l’espérance de vie après 60 ans est la plus faible ! Alors prudence et vigilance, mais ne boudons pas ce qui peut encore une fois constituer des progrès pour les citoyens. »
Il a ensuite souligné qu’il restait encore des progrès à faire concernant « les moyens financiers accordés aux collectivités locales » : « Le dernier gouvernement avait voulu nous ponctionner fortement, nous les Départements, alors que nous portons de nombreuses politiques de solidarité pour les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les travailleurs en insertion, les personnes handicapées ; alors que nous portons également par l’investissement local un fort soutien à l’économie et au dynamisme du Lot. Cette ponction, d’un montant de 8 millions d’euros venait en outre s’ajouter à une autre, plus importante et presque cachée, d’un montant de 12 millions. En effet, depuis 3 ans et jusqu’en juillet 2024, les gouvernements successifs avaient fait des annonces et pris des mesures sans les financer, ce qui a conduit à une hausse obligatoire de nos dépenses sans recettes supplémentaires de 12 millions d’euros en 2024, et au moins autant en 2025 ! Avec ces deux phénomènes cumulés, vous comprenez bien que nous aurons à faire des choix douloureux dans les prochaines semaines si rien n’est fait pour nous sortir la tête de l’eau. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai annulé nos vœux à la population et aux agents en symbole de protestation car je refuse d’être le porteur de mauvaises nouvelles décidées par d’autres et dont je ne suis pas responsable. Mardi dernier, M. Bayrou a annoncé que la ponction prévue par M. Barnier sur le dos des collectivités locales pour renflouer la dette de l’Etat allait passer de 5 milliards à 2,2 milliards d’euros. Vu comme cela, on pourrait croire que nous sommes sortis d’affaire. Il n’en est rien. D’une part, cela n’annule en rien les 12 millions de dépenses supplémentaires non compensées. Surtout cela amoindrit la ponction de 8 millions que de peu de choses car, d’une part il y a toujours une ponction ; et d’autre part, dans cet effort collectif qui est demandé aux communes, aux régions et aux départements, ce sont les Départements qui trinqueraient le plus à hauteur de quasiment un milliard d’euros sur ces 2,2 milliards ! Ainsi, le garrot est un peu moins serré mais il reste encore du chemin à parcourir et des conquêtes à faire pour nous redonner de l’oxygène.. A date, si on ne nous enlève plus 20 millions, on nous enlève quand même entre 16 à 17 millions ! C’est donc toujours du moins pour les Lotoises et les Lotois, et c’est toujours aussi injuste ! »
Et d’envoyer un message : « Je le rappelle, le Département du Lot est un département bien géré. Non pas parce que je le dis à cette tribune, mais parce que c’est la Chambre régionale des comptes d’Occitanie qui l’a écrit noir sur blanc dans son rapport rendu en 2024. Nous avons diminué par deux notre dette en 10 ans, et doublé nos investissements pour le territoire dans la même période. Ce bel équilibre, le Gouvernement Bayrou ne peut s’obstiner à le remettre en question. Je lui adresserai d’ailleurs dans quelques jours une lettre pour lui proposer des pistes alternatives à la ponction des collectivités. Hélas, si M. Bayrou suit la voie tracée par l’ex Gouvernement Barnier, nous n’aurons d’autre choix que de diminuer nos interventions d’environ 8% en moyenne de notre budget de fonctionnement, tant pour nous que pour les structures que nous aidons et finançons. Ce serait totalement injuste car – et je m’adresse ici aux Lotoises et aux Lotois – car le Département du Lot, c’est vous ! Ponctionner le Département de plusieurs millions d’euros, c’est fragiliser l’aide aux communes, fragiliser le financement du SDIS en faveur des pompiers, nous contraindre à réduire les investissements dans les 20 collèges au profit des 6 000 élèves ou encore baisser le niveau d’interventions sur nos routes, etc, etc.. En truchement, moins d’investissements du Département, c’est moins de carnets de commande remplis pour les entreprises, moins d’activités, moins d’embauches, moins d’emplois, et à l’inverse plus de chômage, de précarité et de morosité. Voilà pourquoi notre combat est celui de tous les Lotois et tant que le budget final de la Nation ne sera pas voté, nous devons continuer à nous mobiliser, tous, citoyens, associations, entreprises, élus locaux, parlementaires, pour obtenir justice pour le Lot ! Malgré les difficultés financières et les choix que nous aurons à faire, nous avons un mandat pour agir et le Département du Lot répondra toujours présent dans ses missions pour les Lotoises et les Lotois. 2025 sera une année d’actions car nous tiendrons nos engagements pris et signés – hélas nous n’en prendrons pas de nouveaux et dans certains domaines nous devrons réduire la voilure – mais nous continuerons à agir, et à agir juste. Cela sera plus compliqué qu’auparavant, mais nous y arriverons en ayant cette boussole à l’esprit dans nos décisions. » A suivre…
> Début février, une subvention sera à l’ordre du jour afin d’aider « les viticulteurs et les producteurs de fruits à pépins ou noyaux pour investir dans des équipements de lutte contre le gel, et ce pour une application concrète dès le printemps. »
> Une aide exceptionnelle de 20 000 euros en solidarité avec Mayotte sera soumise au vote lors de la prochaine séance du Département
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