Département du Lot : Le groupe Socialiste et Écologiste en soutien total au maire de Saint-Brévin-les-Pins
Les élus dénoncent avec force cette violence politique.
Les conseillers départementaux du groupe Socialiste et Écologiste lotois dénoncent avec force la violence politique qui a conduit Yannick Morez, maire de Saint-Brévin-les-Pins (44) à démissionner.
Mercredi 10 mai, un mois après l’incendie criminel qui a visé son domicile, l’élu de Loire-Atlantique a annoncé sa démission, mettant en avant des « raisons personnelles » mais aussi « le manque de soutien de l’Etat ». Ces événements s’inscrivent dans un contexte local marqué par de vives tensions, et des manifestations d’extrême-droite ces derniers mois. L’extrême-droite, et tout particulièrement le parti « Reconquête » d’Eric Zemmour, s’est opposée avec virulence au projet d’installation d’un centre d’accueil de réfugiés dans une autre ville du département, Callac, dont le maire a lui-même été menacé de mort. Le projet a été abandonné dans cette ville. Elle s’opposait depuis au déménagement du Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) de Saint-Brévin sur un autre site de la commune. Cet accueil existe depuis sept ans « sans qu’il n’y ait jamais eu le moindre problème » avait souligné le maire fin mars. Celui-ci fait l’objet de menaces récurrentes depuis de longs mois. Les groupes d’extrême-droite sont extrêmement mobilisés localement sur ces sujets. Parmi les protestataires on compte des membres de Reconquête, l’Action Française, le Rassemblement Vendéen, Riposte Laïque ou la Cocarde.
« C’est le symptôme d’une société humaine qui se bunkérise autour de la notion de perte de son identité culturelle, considère Francesco Testa, conseiller départemental de Cahors 2. Cela se traduit par de la violence, via certains médias et l’idéologie de plus en plus prégnante de l’extrême-droite ».
« Cette situation nous interpelle toutes et tous, indique Gaëligue Jos, présidente du groupe Socialiste et Écologiste lotois, et maire de Saint-Michel de Bannière. A Yannick Morez nous exprimons notre plein soutien, et notre sympathie dans l’épreuve. Nous-mêmes, en tant qu’élu.e.s, nous tenons au côté des associations et des citoyens qui viennent en aide aux migrants, qu’ils aient ou non le statut de réfugiés. L’extrême-droite est en train de semer la violence politique dans la société, et le gouvernement laisse faire ».
« Malgré les appels à l’aide du maire, le préfet et le gouvernement l’ont lamentablement laissé tomber, au point que lui et sa famille ont été mis en danger » déplore Jean-Pierre Jammes, conseiller départemental de Saint-Céré.
« Je suis en colère ! dit la maire de Saint-Céré, Dominique Bizat, également conseillère départementale. C’est la République qui recule. Ces intimidations sont à vomir. Mais nous savons reconnaître ce que nous avons devant nous, et notre premier devoir est de nommer ce fléau, sans reculer sur les mots : c’est le fascisme. Nous devons le combattre ».
Soutien complet et unanime du groupe Socialiste et Écologiste au maire de Saint-Brévin donc. Mais, au-delà, l’affaire laisse un goût amer aux membres du groupe départemental : si l’extrême-droite est hélas fidèle à elle-même par ses intimidations et ses incitations à la haine, il semble que certains aient franchi un pas, encouragés par la passivité du gouvernement face à ce déchaînement de violence.
« Nous ne pouvons que constater que le gouvernement, il y a une semaine à peine, prétendait ne pas pouvoir interdire des manifestations d’extrême-droite « par souci de la légalité » soulignent les élu.e.s du groupe. Une pudeur qui disparaît lorsqu’il s’agit d’interdire, à plusieurs reprises et malgré les remises en cause du Conseil d’État, des manifestations contre la réforme des retraites. Plus insidieux encore, les ministres d’Emmanuel Macron, quand ce n’est pas le Président lui-même, banalisent chaque jour un peu plus la pensée et le discours d’extrême-droite, en les reprenant à leur compte : les attaques contre la Ligue des Droits de l’Homme, le traitement dégradant réservé aux réfugiés à Mayotte, comme la criminalisation des habitants de la vallée de la Roya, coupables de solidarité envers les migrants, participent de cette normalisation ».
« Le gouvernement dénonce aujourd’hui « l’agression d’un maire ». Comme s’il voulait faire de cet épisode un énième fait divers, sans jamais dénoncer clairement l’extrême-droite, conclut Freddy Terlizzi, maire d’Alvignac et conseiller départemental du canton de Gramat. Pourtant, les premiers concernés, eux, ne s’y trompent pas : mercredi 10 mai, tous les groupes de l’Assemblée Nationale se sont levés et ont applaudi en soutien au maire de Saint-Brévin. Tous sauf un : le groupe Rassemblement National ».