Département du Lot : La colère de Serge Rigal contre « la ponction annoncée de 8 millions d’euros »
Le président du Conseil départemental dénonce les orientations du 1er ministre.
Ce 21 octobre 2024, en préambule de la séance du Conseil départemental du Lot consacrée à l’éducation avec notamment, à l’ordre du jour, les dotations de fonctionnement des collèges publics pour 2025 et la restauration scolaire, Serge Rigal, président du Département du Lot, a haussé le ton sur la ponction annoncée par le gouvernement : « C’est une petite séance ce matin. Je ne reviendrai pas sur le rapport qui sera présenté par Catherine Prunet, un rapport important sur les collèges, une priorité pour nous, un engagement fort en faveur de la jeunesse de notre département. Je vais revenir sur l’actualité qui tracasse aujourd’hui tous les Départements de France : les décisions du nouveau premier ministre qui doit préparer son budget alors qu’il a découvert un déficit jamais atteint en France. L’ancien ministre des Finances n’avait pas dû surveiller son ministère avec grande attention. Comment peut-on en arriver à une telle situation et comment un premier ministre peut prendre une décision aussi importante que de ponctionner les Départements ? Cette question me taraude. Je suis en colère, une colère froide. Ce premier ministre en place a des engagements politiques et des amis : alors, il ne peut pas aller ponctionner les riches. Ce n’est pas possible pour lui. Vous imaginez un premier ministre qui dirait « chers concitoyens, je ne vais pas aller chercher l’argent chez les riches, je vais aller le chercher chez les pauvres ». Ce n’est pas entendable. Alors il n’a pas eu le courage de le dire. Il se dit donc : « Je vais ponctionner les Départements pour qu’eux sanctionnent les pauvres ». Car obligatoirement quand vous ponctionnez les Départements, vous allez ponctionner les personnes âgées dépendantes, vous allez toucher les personnes handicapées et, pire que tout, l’enfance en difficulté, la petite enfance… On va avoir des familles dans le désarroi total. Pénaliser l’enfance parce qu’on ne veut pas faire payer les riches, quelle considération pour la jeunesse et l’avenir de notre pays ! Aller ponctionner les familles qui touchent le RSA, c’est certainement ne pas connaître le monde des gens en difficulté. Par manque de courage, le premier ministre nous oblige à le faire. Il faut le dénoncer haut et fort ! Ce qui va nous arriver, c’est :
– gel de la dotation générale de fonctionnement, la DGF. Elle va même baisser du fait de l’inflation.
– diminution d’un milliard et demi du fond vert,
– gel de la part de la TVA aux collectivités,
– diminution de la fraction de TVA que l’on nous avait promis dynamique il y a deux ans,
– prélèvement sur notre fonctionnement : 5 millions d’un coup !
C’est donc un cumul total de 8 millions directement que le premier ministre veut ponctionner auprès d’un Département « riche » comme le nôtre.
Et on se souvient que l’on a déjà compensé 10 millions d’euros de décisions de l’Etat vis-à-vis des aides à domicile, du RSA, des fonctionnaires. Ce qui était normal, il n’y pas de discussion. Mais l’Etat n’avait pas prévu de recette.
8 + 10 = 18 millions d’euros voici donc la part que le Lot va devoir apporter au redressement de la France au détriment des plus démunis ; ce qui est insupportable pour nous qui avons en charge l’action sociale.
Les 5 millions d’euros, on nous dit qu’on nous va nous les rendre. Mais j’ai du mal à le croire. Nous avons du mal à croire la parole d’un élu, nous qui sommes élus et qui tenons nos engagements… Alors comment voulez-vous que les citoyens puissent croire la parole d’un politique quand nous-mêmes n’y croyons plus ? »
> Dotations de fonctionnement des collèges publics pour 2025 et la restauration scolaire
« Le Département prendra en charge dès 2025 les dépenses d’électricité de tous les collèges à l’exception de ceux de Montcuq et de Gambetta à Cahors qui ont des engagements contractuels plus longs, ne permettant pas une intervention immédiate de la collectivité. Il en est de même pour le collège Olivier-de- Magny au regard du pilotage des dépenses d’énergie par la Région. Cette internalisation se traduira par un impact net, pour la collectivité, de 235 000 euros a minima. Cette intervention sera également complétée par la prise en charge directe en 2025, par notre collectivité, des dépenses d’entretien des chaufferies ce qui devrait également conduire à donner, à chaque établissement, des marges de manœuvre financières supplémentaires car la somme correspondante n’est pas défalquée de la dotation 2025 » a expliqué Catherine Prunet, vice-présidente du Département en charge de la culture, de l’éducation et de la jeunesse, avant de revenir sur la restauration scolaire : « Nous avons simplifié le dispositif avec une optique vertueuse. Dès que l’établissement achètera, il y aura un accompagnement direct dès le 1er euro. Et ce sera tous les trimestres. Sur le coût d’un repas produit par les collèges, le Département en prend les 2/3 à sa charge soit 6 millions d’euros à l’année sur un total de 9 millions d’euros. On va mettre 30 % sur le Bio, et 25 % sur l’approvisionnement local (viande, lait et création d’une filière pain lotois de qualité). »