« Dégradations légères, colère profonde » : Un militant écologiste devant le tribunal
Jugé pour avoir inscrit au feutre un message sur des panneaux routiers, un militant écologiste a comparu devant le tribunal de Cahors. À la barre, l’accusé et son avocat dénoncent « un traitement inégal face aux actions menées par la FNSEA ».
« Ici, on ne fait pas de politique », assure le parquet de Cahors. Pourtant, tout dans cette affaire dit l’inverse. Ce jeudi 5 juin, sur le banc des prévenus, un militant écologiste assume ses actes. Il est jugé par le tribunal correctionnel pour dégradations légères. Le 29 novembre 2023, il a inscrit au feutre effaçable sur les panneaux d’entrée de quatre villages du Lot – Béduer, Limogne-en-Quercy, Lacapelle-Marival, Gréalou – le message suivant : « FNSEA = agroindustrie. On va dans le mur. »
Deux mairies seulement déposent plainte, tout en reconnaissant l’absence de dégâts.
Son avocat, Me Gallon, familier des dossiers liés à l’engagement écologique, parle d’un procès « injuste », symptôme d’une « politique pénale à géométrie variable ». Il pointe les actions récentes de la FNSEA dans le Lot : « pneus brûlés, tas de fumier, bâches en feu, panneaux retournés… » Sans poursuites à la clé. « Voilà l’état de notre démocratie : d’un côté, un syndicat majoritaire qui dicte sa loi et ne représente que des intérêts corporatistes ; de l’autre, des militants qui font quelques gribouillis sur des panneaux. »
À la barre, une paysanne, porte-parole de la Confédération paysanne du Lot, témoigne d’un double standard. « Nous ne sommes pas traités à la même enseigne. Cette différence de traitement est devenue intolérable. » Elle dénonce les « fumées toxiques causées par le plastique brûlé » lors des actions coup de poing de la FNSEA. « Pour nous, ce syndicat défend une minorité d’agriculteurs qui s’octroie le droit de polluer et de mettre à mal la santé humaine. Ce qu’on défend, c’est de travailler la terre sereinement, qu’on puisse en vivre dignement sans nuire à la nature. »
Face à ces critiques, le procureur réaffirme la ligne du parquet : « Je comprends le débat sur la liberté d’expression. Mais ici, on ne fait pas de politique. Il y a eu infraction, le parquet poursuit. » Et d’ajouter à l’intention du prévenu : « Sans ce procès, votre message n’aurait peut-être pas été entendu. »
Le prévenu, lui, parle d’un acte pensé, mesuré : « J’avais choisi un marqueur effaçable. C’était volontaire. Je voulais simplement exprimer mon désaccord, mettre les faits sur la table. » Il rappelle son engagement dans la campagne contre le glyphosate et les actions contre les OGM. « On essaie de passer par les voies légales, mais on n’est pas entendus. »
Le parquet requiert 300 euros d’amende avec sursis. La défense demande la relaxe, invoquant la liberté d’expression et un usage disproportionné de la justice.
L’affaire a été mise en délibéré au 3 juillet.