Crise du vignoble : Le Département du Lot vote une aide exceptionnelle d’1 million d’euros
Les producteurs de noix, de prunes… sont également concernés par la création de ce fonds d’adaptation agricole au changement climatique.
Ce 29 avril 2024, le diagnostic des vulnérabilités du Lot et VéLot, le schéma directeur des itinéraires cyclables d’intérêt départemental, étaient notamment au programme de la séance de l’assemblée départementale. La préfète du Lot, Claire Raulin, a également présenté le rapport d’activité des services de l’Etat dans le département en 2023. Dans la droite lignée du diagnostic des vulnérabilités et par rapport à l’épisode dramatique de gel qui a touché le vignoble lotois et les filières de fruit à pépin ou noyau (noix, prunes, châtaignes…), le Conseil départemental a voté la création d’un fonds d’adaptation agricole au changement climatique qu’il abondera à hauteur d’1 million d’euros. A la tribune, Rémi Branco, vive-président du Département en charge d’agriculture, a souligné l’importance de cet acte fort :
« 2017 : Gel ; 2019 : Gel ; 2021 : Gel ; 2022 : Sécheresse ; 2023 : Mildiou ; 2024 : Gel.
Pourtant il y a encore 10 jours, nos vignerons y croyaient encore : cette fois, ça va être la bonne. Cette fois la récolte sera au rendez-vous et on va enfin se refaire. En quelques jours et pour certains quelques heures, cet espoir a été anéanti. Dans le vignoble de Cahors comme dans celui de Glanes ou des coteaux du Quercy, mais aussi dans les noyers de la vallée de la Dordogne, comme dans les pruniers du Quercy blanc, malgré tous les efforts et l’énergie déployés, le gel a frappé.
Depuis une semaine, nous échangeons dans les vignes, au téléphone, dans les réunions en préfecture. C’est dur. Et je veux saluer les représentants de la profession ici présents pour le travail technique mais aussi humain qu’ils mènent en plus des difficultés qu’ils connaissent sur leur propre exploitation. Il y a la grande détresse de ceux pour qui c’est la fois de trop. 600 ha de vigne étaient déjà promis à l’arrachage, ce sera sûrement davantage. Il va falloir un accompagnement humain et financier sans faille. Tout le monde doit jouer le jeu, en particulier les banques, les assurances et la MSA qui doivent faire preuve d’une grande compréhension, d’une grande humanité dans cette période.
Et puis il y a ceux qui ne veulent pas lâcher, qui y croient encore, qui croient en la qualité de leurs vins, qui croient en leur vallée, en leurs territoires. Mais qui nous disent : comment on va faire ? L’enjeu aujourd’hui c’est même plus de trouver des nouveaux marchés, c’est d’être capables de produire. Tout simplement de produire.
Face à un aléa, à une exception, on peut faire face, on peut s’en relever et parfois les pouvoirs publics interviennent de façon exceptionnelle comme nous l’avons fait en 2021.
Mais comment faire quand l’aléa devient la règle ? Quand d’année en année, les phénomènes se reproduisent ? Et bien il faut regarder les choses en face et anticiper. C’est précisément le sens du diagnostic des vulnérabilités que nous a présenté Cathy Marlas qui a eu 1000 fois raison de le porter. Pourquoi ? Parce que dans un cas comme celui de la vigne, des noix ou des prunes, ce diagnostic il est clair. La reprise de végétation va être de plus en plus précoce. L’exposition au gel va devenir la règle. Comment voulez vous qu’un végétal comme la vigne résiste quand elle reçoit comme message pendant 3 jours : soleil et 30 degrés et 15 jours plus tard : -3 degrés ? Alors on fait quoi ? on laisse se faire la déprise avec la catastrophe économique que ça représente, la détresse humaine, les risques d’embroussaillement et les risques sanitaires ? Les vignerons nous le disent : « Si on doit laisser tomber il faut nous le dire ».
Nous vous proposons de faire un autre choix : celui de se préparer, anticiper, prévenir. Voilà pourquoi nous vous proposons de poser un premier jalon d’un futur plan d’adaptation des filières concernées au changement climatique, et en particulier au gel. Toutes les options techniques seront mises sur la table, sans tabou. On étudiera très concrètement les impacts financiers et environnementaux. Mais l’objectif est clair : on s’engage pour sécuriser, pour pérenniser au plus vite la production. Pour ne plus que des vignerons ou arboriculteurs se réveillent tous les matins d’avril la boule au ventre.
Ce million d’euros est un engagement sans précédent du Département du Lot. C’est un signal fort. Il est adressé à ceux qui pourraient douter de nos productions : banques et assurances, notamment. Oui ces filières ont de l’avenir, oui elles vont se redresser et on va les y aider. Vous devez vous aussi leur faire confiance.
Et c’est aussi et surtout un signal adressé à ceux qui veulent y croire, aux vignerons et arboriculteurs : on croit en vous, on ne va pas vous lâcher. On va vous accompagner. Parce que votre avenir est aussi celui de notre territoire. »