« Ce sont des faiblards qui ne veulent pas aller en prison » : 6 hommes jugés pour le vol de câbles en cuivre
Ce jeudi 20 février, 6 hommes ont comparu au tribunal correctionnel de Cahors pour des vols aggravés, de blanchiment d’argent et d’association de malfaiteurs. Entre juin 2023 et janvier 2024, ils ont dérobé près de 8 tonnes de câbles en cuivre dans le Lot, le Lot-et-Garonne et la Dordogne, causant un préjudice de 200 000 euros.
L’affaire a déjà fait couler beaucoup d’encre. Elle était jugée ce jeudi 20 février au tribunal correctionnel de Cahors. 6 hommes, âgés d’une vingtaine d’années, comparaissaient pour vols aggravés, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs, dans un dossier où l’ampleur des faits et les méthodes des prévenus ont fait grand bruit. Entre juin 2023 et janvier 2024, ils ont volé près de 8 tonnes de cuivre, représentant plusieurs dizaines de kilomètres de lignes téléphoniques dans de multiples communes du Lot, du Lot-et-Garonne et de la Dordogne.
Les pertes matérielles s’élèvent à près de 200 000 euros, mais les coûts des réparations, ainsi que les répercussions sur la vie des particuliers et des institutions publiques, viennent alourdir encore la facture. En effet, « ces vols ont notamment perturbé des hôpitaux, des administrations et des habitants de zones rurales, déjà fragilisés par l’isolement », ont souligné les avocates des parties civiles.
Le réseau, qui semble avoir agi de manière organisée, a été démantelé après plusieurs mois d’investigations. L’un des prévenus a décrit lors de son audition le modus operandi des voleurs : des grappins fixés à des poteaux électriques, reliés à des véhicules, pour tirer les câbles sur plusieurs kilomètres. Une fois les câbles récupérés, ils étaient brûlés avant d’être revendus à des entreprises spécialisées dans le cuivre, notamment une située à Fajoles. C’est l’analyse téléphonique qui a souvent permis d’établir l’implication des prévenus : leurs téléphones bornant fréquemment à proximité des lieux des vols au moment des faits. Me Camille Mallemouche, avocat des deux frères C., remet toutefois en cause la pertinence de cette preuve. « Les téléphones étaient parfois à plus de 20 kilomètres des lieux des faits », a-t-il argumenté, estimant cette analyse « trop approximative ».
Au centre de cette affaire se trouve Arnaud C., l’un des prévenus, dont le rôle de « commanditaire » des vols a été mis en lumière par les autres co-auteurs des infractions. Issu d’une famille bien connue dans la région de Prayssac, Arnaud C. possède un casier judiciaire comportant une dizaine de mentions, dont plusieurs peines de prison ferme. La maison familiale, où plusieurs zones de brûlage ont été retrouvées, a même été identifiée comme un point clé de l’enquête. Lors de l’audience, Arnaud C. n’a pas hésité à se défendre vigoureusement, déclarant : « Je ne sais pas pourquoi ils me mettent en tort. Pour la plupart, je ne les côtoie même pas. Ce sont des faiblards qui ne veulent pas aller en prison, des gens jaloux, des cafards qu’il faut écraser ! ». Son frère Dylan C. était à ses côtés dans le box des accusés. Tous deux purgent actuellement une peine de prison pour d’autres faits.
Pour le parquet, les faits ne font aucun doute : « C’est un système organisé. Ils ont commis ces faits uniquement par attrait financier », a souligné la substitut du procureur, qui a requis entre 24 et 40 mois de prison avec sursis pour cinq prévenus et 5 ans de détention, dont un assorti de sursis, pour leur chef.
Du côté des parties civiles, la facture est salée. Enedis, par exemple, a évalué son préjudice à 86 000 euros, tandis qu’Orange, victime d’une perte importante de câbles, a estimé son préjudice à 198 000 euros. « Il faut en effet remplacer l’intégralité des câbles endommagés, car une réparation n’est pas possible une fois les câbles dégradés », a expliqué l’avocate.
Après cinq heures de débats, le tribunal a décidé de mettre l’affaire en délibéré jusqu’au 13 mars.
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