« Cartel du H » : 9 ans de prison ferme pour le chef du trafic de stupéfiants
L’affaire a trouvé son aboutissement ce vendredi au tribunal de Cahors.
La moitié des prévenus sont repartis menottes aux poings. Le trafic de stupéfiants organisé par « Le Cartel du H » a été définitivement démantelé ce 30 septembre 2022. Toutes les personnes mises en cause ont été reconnues coupables par le tribunal correctionnel de Cahors.
Le dossier, peu habituel pour la juridiction, a occupé le tribunal pendant deux jours. A l’extérieur du palais de justice de Cahors, un important dispositif de police, de CRS et de gendarmerie avait été déployé. Dans la salle d’audience, 12 prévenus étaient jugés, dont quatre déjà en détention et deux absentes, pour des faits qui remontent à l’année 2020. Outre l’ampleur du réseau, l’affaire a aussi révélé la personnalité de son chef. Surnommé H, celui-ci avait mis en place une discipline de fer au sein de son groupe, faisant souvent recours à la violence et aux pressions morales pour conserver son ascendant.
Pour les avocats, l’enjeu des plaidoiries en ce deuxième jour de procès était avant tout de minimiser l’implication de leurs clients dans le cartel. Besoin d’argent après avoir perdu un emploi pendant le confinement, peur des représailles, immaturité … toutes les excuses pour être entré et resté dans l’organisation étaient bonnes. « Elle s’est sentie soulagée quand elle a été interpellée », assure Me Hadot-Maison à propos de sa cliente qui avait assuré quelques transports de stupéfiants. « L’interpellation a sonné le glas de ses ennuis » ajoute Me Mallemouche qui défend celui qui a pu être surnommé le « bourreau du cartel » en raison des violences qu’il infligeait à d’autres membres sur ordre de sa hiérarchie. Plusieurs avocats mettent en avant l’emprise du chef de réseau sur les plus jeunes, beaucoup rappellent que leurs clients ont coopéré avec les services de police.
Ce n’est pourtant pas le cas des trois prévenus assis avec H dans le box des accusés. L’un a rétropédalé après sa déposition, les deux autres, les bras-droits du chef, ont nié la globalité des faits. Un positionnement que leurs avocats ne suivent pas, ne remettant jamais en question leur implication mais atténuant leurs rôles. « N’en faisons pas le bras-droit, c’est un bras gauche dans tous les sens du terme ! Un ado attardé mais pas un superviseur ! », s’exclame Me Sollier à propos de l’un deux.
« L’échelle des peines ne peut pas se faire sur un grand écart », rappelle l’avocate de H et de sa famille, Me Dupoux, qui dénonce un procès à double vitesse : d’un côté « les libres, les petits, les bras-gauches », de l’autre « les détenus, les importants, les bras-droits ». Car, bien sûr, le jugement que tout le monde attendait, c’était aussi et surtout celui de H, la « star de l’audience », un récidiviste ayant déjà passé 17 ans de sa vie en prison. « 17 ans de détention, c’est 17 ans de séries comme Narcos. C’est sa réalité à lui. Il y colle de manière ridicule en reproduisant chaque détail. Certes, c’est un dossier important pour la juridiction mais il n’est pas aussi important qu’a bien voulu le croire H. Il ne faut pas entrer dans son jeu, il n’est pas Pablo Escobar », avance l’avocate.
Comme réclamé par le parquet, le chef du réseau écope de 9 ans de prison ferme et d’une amende de 100 000 euros ainsi qu’une interdiction de séjour dans le Lot, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne. Ses deux bras-droits sont condamnés eux à 6 ans d’emprisonnement. Sa sœur, considérée comme la « banquière du cartel » puisqu’elle était accusée entre autres de blanchir l’argent du trafic, à 3 ans d’emprisonnement dont deux ans avec sursis probatoire et 50 000 euros d’amende. Pour les autres membres de l’organisation, les peines vont de 1 à 4 ans d’emprisonnement, certaines assorties partiellement d’un sursis probatoire et d’une interdiction de détenir une arme pendant 5 ans. Seule la mère de H écope d’un simple sursis.