Cambes : Le Mouton Givré retrouve son élan !
Les projets ne manquent pas.
L’entreprise lotoise Le Mouton Givré entre dans une nouvelle phase de son développement. Depuis quelques mois, la TPE spécialisée dans la fabrication de sacs isothermes, à base de laine de brebis caussenarde, fait face à un afflux massif de commandes. « Un reportage dans Des Racines et des Ailes nous a donné une visibilité inattendue et un joli coup d’accélérateur avec plus de 650 commandes reçues en deux semaines ! Nous n’étions clairement pas prêtes », confie avec humour Cinthia Born, cofondatrice de l’entreprise avec Élodie Madebos. Après une année 2024 difficile — marquée par une baisse de trésorerie et des tensions sur les approvisionnements —, la marque retrouve un nouvel élan. Développement de nouveaux produits, signatures de contrats avec des professionnels, et recherche active d’un local autour de Figeac pour y installer un atelier-boutique, constituent la feuille de route 2026 des deux entrepreneuses lotoises.
Fondée en 2019 par Cinthia Born, couturière de formation, et Élodie Madebos, costumière, Le Mouton Givré conçoit et fabrique des sacs isothermes durables à partir de matériaux 100 % naturels : laine de brebis caussenarde, chanvre et lin. Entièrement imaginés et assemblés en France, ces sacs offrent des performances thermiques comparables à celles de modèles classiques… mais sans aucun plastique. « Nos sacs maintiennent au froid ou au chaud : jusqu’à 6 heures de fraîcheur et 1h30 pour les surgelés, et 4h pour la chaleur », précise Cinthia Born. Le concept est désormais protégé par un brevet européen validé en 2024. Des produits à l’impact carbone exemplaire d’après une étude réalisée par le cabinet La Belle Empreinte, qui s’appuie sur les normes de l’ADEME. « Mais surtout, derrière chacun de nos sacs, il y a des mains, des visages, des savoir-faire. On revalorise une laine locale trop longtemps négligée, on soutient les éleveurs, et on prouve qu’avec un brin de folie — et beaucoup de bon sens — on peut faire du froid avec du chaud », ajoute la cofondatrice, à l’origine de l’idée. Tout un symbole résumé dans le nom de l’entreprise : Le Mouton Givré.
Le Mouton Givré remet à l’honneur une matière première locale longtemps délaissée : la laine de brebis caussenarde. Naturellement isolante, cette fibre aux nombreuses qualités était peu exploitée ces dernières années. L’entreprise se fournit directement auprès d’éleveurs du Lot qu’elle rémunère de manière équitable. La laine est ensuite lavée, transformée en feutre par des partenaires français, puis découpée selon des patrons maison. L’assemblage final est assuré dans l’atelier de l’entreprise par une équipe de 4 couturières (dont la cofondatrice Elodie Madebos). Chaque année, environ 4 tonnes de laine sont ainsi achetées au juste prix, contribuant à faire perdurer et dynamiser la filière laine du territoire.
Avec plus de 30 000 pièces vendues en cinq ans via son site web (hors commande de la Maison Thiriet), Le Mouton Givré prépare aujourd’hui son installation dans un local autour de Livernon et Figeac. « Nous sommes à la recherche d’un local de 250 m2 permettant d’installer un atelier-boutique ouvert au public afin de renforcer notre lien avec les consommateurs et affirmer notre identité artisanale », poursuit-elle. « Sortir de la pépinière qui nous soutient depuis nos débuts est une étape importante. Cela prouve que nous sommes aujourd’hui une entreprise solide capable de voler de nos propres ailes », souligne Cinthia Born.
En attendant de poser ses valises dans un local adapté, Le Mouton Givré poursuit sa croissance et affirme sa capacité à innover – y compris (et surtout) – « depuis son ancrage rural », comme le rappelle fièrement Cinthia Born.
Après une première percée remarquée en 2023 grâce à une commande de 24 000 sacs par la Maison Thiriet, spécialiste du surgelé (accompagnée d’une entrée au capital et d’une aide au développement à l’international), la jeune pousse continue de séduire les professionnels. La Maison de champagne Drappier vient ainsi de commander un modèle personnalisé en guise d’écrin pour ses bouteilles.
« Cela confirme l’intérêt croissant du marché professionnel pour notre savoir-faire, que ce soit dans les secteurs des produits surgelés, de l’art de la table, de la viticulture ou encore des loisirs outdoor… C’est un axe stratégique de développement pour notre entreprise », indique la dirigeante. Elle ajoute : « Nous faisons aussi le choix assumé de ne pas produire en marque blanche, afin de préserver l’identité de notre marque et la valeur ajoutée de notre démarche artisanale et écoresponsable. »
En parallèle, la marque enrichit sa gamme grand public : une manique de cuisine spéciale barbecue complète la collection tandis qu’une trousse de toilette et un pouf design sans polystyrène sont en cours de développement. Et l’ambition va plus loin encore. Le Mouton Givré envisage de s’aventurer dans le secteur de l’écoconstruction, avec le développement d’un isolant en laine de brebis destiné à l’habitat. « Ce matériau peut être utilisé comme isolant thermique dans les murs ou les combles. Il présente un fort potentiel en termes de volume, et demande peu de transformation », explique Cinthia Born. Un projet à plus long terme, envisagé pour 2026, qui élargirait encore le champ des possibles pour la laine caussenarde lotoise.
> Création en septembre 2019 (avec le lancement d’un financement participatif sur Ulule avec 24 650 euros collectés)
5 salariées dont 4 couturières
54 000 pièces vendues (30 000 + 24 000 Maison Thiriet)
4 tonnes de laine collectées chaque année
170 000 euros de CA en 2024
350 000 euros de perspectives de CA en 2025