Cahors : Une cérémonie pour ne pas oublier la traite, l’esclavage et leurs abolitions
Elle a eu lieu ce 10 mai.
La cérémonie commémorant la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions s’est tenue ce 10 mai à la préfecture du Lot en présence notamment d’Huguette Tiegna, députée du Lot, Nelly Ginestet, vice-présidente du Département, Geneviève Lasfargues, conseillère régionale, Françoise Faubert, adjointe à la mairie de Cahors, et Slim Lassoued, président de la section lotoise de la Ligue des Droits de l’Homme.
Les élèves du lycée Gaston Monnerville de Cahors ont d’abord lu le discours prononcé par Gaston Monnerville à la Sorbonne, le 27 avril 1948, à l’occasion du centenaire de l’abolition de l’esclavage en France avant que Michel Prosic, le représentant de l’Etat, ne prononce son discours : « Il y a 20 ans, jour pour jour, le Sénat adoptait à l’unanimité la loi reconnaissant la traite et l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Un crime contre l’humanité. Déjà en 1794, le législateur avait qualifié l’esclavage de « crime de lèse-humanité ». La loi de 2001 poursuit ce mouvement. Elle inscrit la traite et l’esclavage parmi les grands crimes de l’Histoire, ceux qui, dans les mots d’André Frossard, « nient l’humanité de la victime, en clair et sans appel ». Elle reconnaît l’horreur et la barbarie de l’esclavage qui, pendant plus de 400 ans, a marqué notre pays. Elle consacre une journée nationale des mémoires que nous commémorons le 10 mai, pour honorer le souvenir des victimes de l’esclavage et rappeler ceux qui firent de l’abolition leur combat. Par deux fois, la France Républicaine abolit l’esclavage. En 1794, d’abord, éclairée par l’esprit des Lumières et la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, la Convention votait une première abolition qui ne devait durer cependant que huit ans. En 1848 ensuite, sous l’impulsion de Victor Schoelcher, le gouvernement provisoire abolissait définitivement l’esclavage par ces mots : « considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine, qu’en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; qu’il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Egalité, Fraternité. » Aujourd’hui, nous nous souvenons de cette Histoire, de notre passé. De cet héritage qui marque notre géographie, des Antilles aux Mascareignes, notre langue, parlée sur tous les continents, notre culture, de Césaire à Senghor. C’est par ce devoir de mémoire que nous faisons Nation, par cette mémoire que se renouvelle notre cohésion nationale. Ici, dans Lot, la mémoire de l’esclavage résonne d’une façon particulière, rappelée par la figure de Gaston Monnerville dont nous venons d’écouter les mots prononcés à l’occasion du centenaire de l’abolition. Petit-fils d’esclaves, résistant, président du Conseil général du Lot, président du Conseil de la République puis du Sénat, Gaston Monnerville incarne cet héritage, marqué par l’esclavage et acteur de la reconstruction de la France et de la défense de ses institutions. En cette journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, nous nous souvenons de notre Histoire, nous n’oublions pas ce que fut l’esclavage et nous rappelons ce qui, à l’image de Monnerville, nous unit dans la construction d’un destin commun. » La Marseillaise a conclu la cérémonie.