Cahors : Un bel hommage rendu à Jean Leymarie
Retour sur la journée d’études « Regards croisés ».
Le collectif regroupant l’Université pour tous Cahors-Quercy, la Société des études du Lot, Carrefour des sciences et des arts et l’Amicale des anciens élèves du lycée et du collège Gambetta a offert au public, le samedi 7 décembre, une belle journée de regards croisés en hommage à Jean Leymarie, ce Lotois serviteur des arts.
Sa famille a évoqué son attachement à ses racines : fils de paysans très modestes il est lié « pouce à pouce » à Felzines, ce hameau de Gagnac-sur-Cère, où il naquit en 1919. Il gardera toujours des liens très forts avec le Lot, malgré un parcours exceptionnel, aux dépends parfois de sa vie familiale. Ses années au lycée Gambetta, révèlent un élève très brillant, en compétition avec une autre grande personnalité, René Andrieu, futur directeur de l’Humanité.
Pendant la guerre, il devient résistant selon son tempérament : il est recruté « chômeur intellectuel » par le conservateur des peintures du musée du Louvre, René Huyghe, comme gardien des œuvres d’art protégées au Château de Montal, et là va naître sa vocation qui le mènera, après avoir rejoint Paris pour la réinstallation du musée du Louvre, aux plus hautes fonctions.
A la direction du musée de Grenoble il développe une politique muséographique extrêmement moderne, en y introduisant l’œuvre de Giacometti. Il organise en 1966 au musée d’art moderne à Paris une exposition Picasso qui fera date. A Rome il succède à son ami Balthus, à la tête de l’Académie de France, et dans ce magnifique écrin de la Villa Médicis, il assure la réussite de la greffe de l’histoire de l’art introduite par la réforme d’André Malraux en 1971, y reçoit ses amis peintres et organise des expositions brillantes sur les grandes expériences méridionales, notamment Picasso et Degas. Ses collaborations avec le milieu artistique italien, en particulier avec Fellini, incluent tous les champs de la création.
Fidèle à son amitié avec Giacometti « qui lui a appris à voir » il terminera sa vie en 2006 comme vice-président de la Fondation Giacometti.
Cette journée a aussi mis en lumière le remarquable et délicat travail des conservateurs, et de tous les artisans des métiers d’art pour la mise en sécurité des œuvres d’art pendant la guerre, et sur les défis de la conservation des monuments historiques face au temps et au changement climatique.
La journée s’est conclue dans l’émotion avec le témoignage de Raphaël Loison et Gisèle Caumont qui ont travaillé avec Jean Leymarie au ministère de la Culture, séduits par sa sensibilité, sa puissance d’esprit, sa simplicité, lui qui était l’ami des plus grands artistes, et leur a donné à travers ses nombreuses publications « son chant pour l’éternité des hommes de cœur ».