Cahors : Trois hommes condamnés pour avoir kidnappé deux jeunes filles en pleine rue.
L’affaire s’était déroulée de nuit en plein cœur de la ville. Les jeunes filles étaient réapparues quelques jours plus tard.
On ne saura pas ce qu’elles ont vécu pendant ces trois jours. Le 3 mai 2023, à 3h du matin, deux jeunes filles étaient violemment kidnappées dans une rue, en plein centre-ville de Cahors. Retrouvées quelques jours plus tard, elles ont expliqué avoir été retenues dans un appartement à Terre Rouge tout en refusant d’en dire plus. Leurs trois ravisseurs, la vingtaine, étaient jugés ce jeudi 21 novembre pour violences, enlèvement et séquestration. L’un deux était absent, le deuxième dans le box des prévenus et le troisième s’est éclipsé à la suite des réquisitions.
Plusieurs caméras ont enregistré la scène, celle de la ville mais aussi celles de voisins témoins de l’altercation. Les vidéos et leurs récits permettent de retracer les faits : cette nuit-là, alors que les deux jeunes femmes marchent dans la rue, trois hommes habillés en noir arrêtent leur voiture à leur hauteur, en descendent et prennent à partis les victimes. Elles sont insultées, frappées, poussées et traînées au sol avant d’être emmenées de force dans la voiture qui repart aussitôt.
Les trois hommes sont rapidement retrouvés : l’un deux était le petit-ami de l’une des victimes. « On était en couple, c’était toxique entre nous. J’essayais de la sortir de ses bêtises. Ce soir-là, on m’avait dit qu’elle était encore bourrée en ville. J’avais bu. Quand je suis arrivé sur place et que je l’ai vue, je n’ai plus rien contrôlé. J’ai complètement perdu les pédales », admet ce dernier. A la barre, il conteste pourtant la séquestration. « A aucun moment, elles n’ont été retenues. Elles pouvaient partir quand elles voulaient », assure celui qui a déjà cinq mentions à son casier.
« Seules elles savent ce qu’il s’est passé. L’absence des victimes à cette audience est évidente. Elle est la preuve qu’elles ont été tellement terrifiées qu’elles ont compris le message qu’ils voulaient leur faire passer. Ils ont voulu leur démontrer qu’elles n’étaient que des choses à leurs yeux, parce que ce sont des filles, parce qu’ils pensent que ce sont eux qui décident de ce qu’elles ont le droit de faire ou de ne pas faire », déplore la substitut du procureur.
Dans le box, le deuxième prévenu s’énerve quand on évoque son implication dans l’affaire. « Je n’ai rien à voir là dedans. J’ai juste conduit la voiture, c’est tout ! », s’exclame-t-il en haussant de plus en plus la voix, à tel point que son escorte se voit obligée de lui faire quitter la salle d’audience. Quant au troisième comparse, l’absent, il est sous contrôle judiciaire depuis sa garde à vue. Six jours avant les faits, il avait été condamné à huit mois d’emprisonnement.
Finalement, l’ex petit-ami écope de 5 ans d’emprisonnement assorti d’un mandat d’arrêt – l’homme s’étant mystérieusement volatilisé pendant le délibéré du tribunal. Les autres sont condamnés à trois et quatre ans d’emprisonnement, avec un mandat d’arrêt pour l’absent également. Ils ont tous les trois interdiction de porter une arme pendant 10 ans et de séjourner dans le Lot pendant 5 ans.