Cahors : Les Traces Contemporaines ont présenté in extremis Puissent nos racines être
Retour sur la première de la nouvelle création chorégraphique de la Compagnie IL Y A Nora Turpault.
« La vie explose c’est magnifique. » « Un moment sacré dont on se souviendra fort longtemps… » « Des instants de vie partagés comme celui-ci j’en veux bien tous les soirs ! Bravo d’avoir tout mis en œuvre pour que le spectacle puisse rester ce qu’il doit être : Vivant. »
IL Y A, compagnie de danse dirigée par la chorégraphe cadurcienne Nora Turpault, peut être fière d’avoir su rebondir en dévoilant sa nouvelle création, Puissent nos racines être, à l’auditorium du Grand Cahors, suite à l’annonce de la mise en place du confinement dès jeudi 29 octobre 2020 à minuit. « Grâce à la réactivité de l’équipe des Traces Contemporaines, le spectacle, prévu initialement le samedi 31 octobre, a pu être maintenu… deux jours plus tôt, au pied levé, jeudi 29 octobre, comme un acte d’engagement pour signifier que le spectacle vivant est vivant parce que nous sommes vivants. Et le public, comme s’il pressentait, que le moment était collectivement important, a répondu présent » précise-t-elle.
On peut dire que Nora Turpault a brûlé les étapes… Après sa première pièce chorégraphique, Ainsi de nos désirs, en 2014, c’est avec une grande maturité artistique qu’elle présente sa deuxième création Puissent nos racines être, un questionnement sur la vie, cette chose mystérieuse qui s’expérimente à travers le corps et l’esprit dans une urgente nécessité. L’étonnement, la curiosité, l’inquiétude et les peurs passées, les corps dans un mouvement incessant, sorte de transe progressive, ressentent les racines de la vie se déployer en eux, dans une joie profonde. On y voit quelque chose de méditatif et de spirituel, de physique et d’organique dans l’étoilement des corps.
Le propos est mené de bout en bout dans une harmonieuse homogénéité sur la force du vivant, ce courant énigmatique qui ne s’explique pas mais qui se ressent dans la chair, s’expérimente physiquement, psychologiquement et spirituellement. Danseuses, slameur, costumière, chorégraphe, technicien, créateur lumières, chacun a apporté sa pierre avec engagement, fougue, personnalité et créativité pour se mettre au service de l’œuvre. Les corps sont guidés par les mots et la voix chaude d’un passeur, chamane des temps modernes, incarné par le poète Mehdi Krüger. Sans bavardages inutiles, dans une construction sobre et ténue, la chorégraphe nous emmène dans le tourbillon généreux de l’énergie vitale qui s’exprime ici à travers les danseuses, les mots, la finesse de la lumière, la musique, les costumes comme des changements de peau, le tout dans une grande homogénéité harmonieuse.
Le public lui aussi réactif face aux changements de dernière minute, a répondu présent pour assister à cette naissance, vibrer encore et vivre une heure de plaisir dans une salle, la dernière certainement avant un bon moment. On se souviendra de Puissent nos racines être comme d’une résistance face à la morosité et face à la peur.
La ville de Cahors et la Communauté d’Agglomération du Grand Cahors ont soutenu la création Puissent nos racines être avec un accueil en résidence de création à l’auditorium du 26 au 29 octobre. Ce fut l’occasion de finaliser la scénographie et la création lumières.
> Distribution :
Chorégraphe : Nora Turpault
Interprètes : Sophie Aly, Stéphanie Bologna, Raphaëlle Gazziero, Elisa Maruesco/Carole Mlynarz, Fanny Torres, Nora Turpault
Voix : Mehdi Krüger
Textes : Mehdi Krüger & Nora Turpault
Création Lumières : Rémi Nollet
Costumes : Jacqueline Bauvais
Photo Manu Picado