Cahors : Les oeuvres de Charlotte Henschel à l’honneur au musée Henri Martin
Elles sont à voir dans la salle suspendue.
La salle suspendue du musée Henri Martin à Cahors, espace semi-permanent, a été entièrement revue à la faveur d’un nouvel accrochage. L’espace sera, pour deux ans, consacré à l’artiste Charlotte Henschel (1892-1985). Des œuvres appartenant au musée Henri Martin et des œuvres prêtées par un collectionneur privé seront présentées par rotation, les unes dialoguant avec les autres. L’inauguration a eu lieu ce vendredi 8 mars 2024.
Charlotte Henschel nait en 1892 à Breslau, ville de l’Empire allemand (aujourd’hui Wrocław, Pologne). Issue d’une famille juive aisée, elle fréquente l’Académie des Arts de Breslau. Elle poursuit sa formation à Berlin où elle rencontre le peintre Nicolas Wacker. Ils partent à Paris vers 1926.
Henschel s’inscrit à l’Académie Ranson dans l’atelier du peintre Roger Bissière. Elle y rencontre notamment Jean Le Moal, Vera Pagava, Hans Reichel et Alfred Manessier. Elle participe avec eux à plusieurs expositions collectives. Elle expose aussi à Lyon avec le groupe Témoignage, animé par Marcel Michaud.
À partir de 1933, elle ne reçoit plus l’aide financière de sa mère. Sa situation devient de plus en plus précaire. À la déclaration de la guerre en 1939, elle séjourne chez Bissière à Boissierette (hameau de Marminiac, Lot) et décide de s’y installer.
En mai 1940, elle est internée, en raison de sa nationalité, au couvent des Dames Noires à Cahors. À la fin de cette même année, de retour à Marminiac, elle s’installera dans une petite maison appartenant au peintre Rylsky. Henschel garde les moutons puis les vaches achetées par Bissière, vit et peint dans un grand dénuement pendant toute la guerre. Cependant, elle n’est plus inquiétée bien qu’elle soit fichée dans le répertoire « Juifs étrangers » établi par les services français du Lot.
Après 1945, Charlotte Henschel participe à plusieurs expositions collectives à Paris (Salon d’automne, Salon des réalités nouvelles) et bénéficie de plusieurs expositions personnelles. Vers 1955, Manessier achète un petit atelier à Paris qu’il met à sa disposition. En 1958, elle achète une maison à Marminiac dans le hameau de Benauge et y séjourne très fréquemment.
Dans son œuvre, Charlotte Henschel stylise les formes et tend vers l’abstraction. Elle aime les contours arrondis et privilégie les lignes souples. Les années 1930-1950 sont marquées par l’utilisation de couleurs vives, les années 1960 par les gris colorés. L’artiste expérimente le collage de papiers ou d’autres matériaux qui donnent un réel relief au tableau ou au contraire la perforation de la toile pour obtenir de la profondeur.
Charlotte Henschel lègue par testament à la Ville de Cahors l’ensemble de son œuvre. Le Comité Artistique des Musées de France accepte d’intégrer 9 toiles aux collections du musée Henri-Martin. En 1993, seules 7 toiles parviennent au musée Henri-Martin. Les 2 dernières, après plusieurs mois de recherches, ont été retrouvées dans les réserves du Service des Musées de France. Des démarches sont en cours pour en revendiquer la propriété au bénéfice du musée cadurcien.
> Ouverture du mercredi au dimanche 11 h – 18 h
Photos Photothèque Ville de Cahors / Grand Cahors_C. Gonzalez