Cahors-Espère : Un kinésithérapeute accusé d’avoir filmé 16 de ses patientes lors des séances de soin
Un praticien était jugé jeudi dernier par le tribunal correctionnel de Cahors pour atteinte à la vie privée par l’enregistrement d’images. La décision a été mise en délibéré.
« Je me rends compte de la trahison, de ces actes indignes que j’ai réalisés, de la souffrance que j’ai pu occasionner ». Pourtant, ce kinésithérapeute, qui comparaissait jeudi 7 mars devant le tribunal de Cahors, n’a pas toujours reconnu les faits qui lui sont reprochés. Seize femmes, dont une mineure, l’accusent de les avoir filmées lors de séance dans ses cabinets de Cahors et d’Espère. Une autre a également porté plainte pour captation d’images à caractère sexuel. Les faits s’étalent sur six ans, de juillet 2016 à août 2022.
C’est une des patientes qui découvre le pot aux roses en pleine séance. Étendue sur la table de manipulation, elle remarque le téléphone du praticien positionné à la verticale, l’objectif dans sa direction. Seule dans la salle, elle réalise que la caméra est allumée, photographie l’appareil et dépose plainte à sa sortie. Entendu en audition libre, l’homme récuse les faits dans un premier temps, jusqu’à ce que son téléphone soit saisi et expertisé. A l’intérieur, les enquêteurs retrouvent des vidéos de femmes recevant des soins. L’homme reconnait alors les faits, mais assure qu’il ne se sont produits que dans son cabinet de Cahors, jamais dans celui d’Espère. Devant l’évidence des preuves, il finira aussi par revenir sur ses dires. Une vidéo lors d’un rapport sexuel avec l’une de ses ex-compagnes est aussi découverte. Là encore, il tente de contourner la vérité en assurant qu’elle était au courant. Ce qui s’avèrera faux.
Progressivement, les victimes sont identifiées et entendues. Toutes se souviennent de ce téléphone posé dans un coin sans qu’à l’époque elles aient pu imaginer le rôle obscène qu’il jouait. « Il avait la réputation d’être un bon praticien. Cette relation de confiance a été trahie, abusée. Ce n’est pas une question de voyeurisme, c’est un voleur d’images. Il a capté sans leur consentement quelque chose qui leur appartient au plus profond d’elles-mêmes », s’indigne l’avocat des parties civiles Me Chevalier. Beaucoup ont connu un état de choc et de sidération en découvrant les faits dont elles avaient été victimes à leur insu.
Questionné à plusieurs reprises sur le mobile qui le poussait à de tels agissements, le kiné, qui exerçait depuis 1997, n’apporte aucune réponse, ou presque. « J’étais perdu, j’ai dérapé. Je n’arrive toujours pas expliquer pourquoi j’ai bousculé dans cette habitude. Je travaille dessus avec un psychiatre et un psychologue. Mais je n’ai jamais eu l’intention de partager ou de propager ces images », assure-t-il. Pour le parquet, la raison est plus banale : « Le plaisir est la matrice de la répétition. C’est votre plaisir sexuel qui a entrainé tout ceci », martèle la substitut du procureur. Elle requiert 18 mois d’emprisonnement dont 12 avec sursis.
Pour l’avocat du prévenu, Me Derrieux, « c’est un peine démesurée ». Pour tenter de lui éviter la prison ferme, il rappelle le profil de son client : un homme inséré, sans casier judiciaire. « La plupart des images sont des visages. Ce ne sont pas des faits à caractère sexuel », ajoute-il.
Le tribunal tranchera le 2 mai.