Cahors : Des brebis débroussailleuses en prévention des incendies
Elles jouent le rôle « d’auxiliaires » des pompiers.
« L’Association Foncière Pastorale Libre du mont Saint-Cyr a reçu 480 brebis pendant 11 semaines, du début mars à la mi-mai. Ce troupeau collectif appartenait à 5 éleveurs et il s’est cantonné sur Cabridelle, Saint-Cirice et le mont Saint-Cyr. Durant tout le mois de juillet, nous avons accueilli un nouveau troupeau de 350 têtes appartenant à 3 éleveurs du Causse de Labastide-Murat. Ces brebis ont débroussaillé des parcelles en limite du quartier de Bégoux. Depuis environ 5 mois, aux Ramonets, un troupeau d’une centaine de brebis appartenant à un éleveur de Flaujac-Poujols va de parc en parc sous le regard bienveillant des habitants du hameau car au-delà du côté agréable du tintement des clochettes, il y a la prévention contre les incendies et en ce moment, ce n’est pas rien ! Sur la secteur de La Marchande, un troupeau d’ovins 70 vaches, génisses et veaux, fait également un bon travail. Il appartient à un éleveur local. Le travail de l’AFPL est très apprécié par les autochtones au niveau de l’entretien et puis les éleveurs y trouvent leur compte. La ville de Cahors aussi ! » explique Lucienne Marty, présidente de l’Association Foncière Pastorale Libre du mont Saint-Cyr, et conseillère municipale déléguée aux espaces ruraux. Le commandant Jean-François Galtié, chef du groupement des services opérationnels des pompiers du Lot, confirme le rôle préventif des ovins dans la lutte contre les incendies : « Là où ça pâture il y a très peu d’herbacés et moins de broussailles… et le feu part toujours d’herbacés. Les bêtes jouent bien le rôle d’auxiliaires. L’intérêt, c’est de prolonger l’action dans le temps sinon pendant 3 ou 4 ans les herbacés vont repartir de plus belle. »
Depuis près de dix ans, le Département du Lot a initié une politique de reconquête des espaces embroussaillés grâce aux brebis (4 millions d’euros ont ainsi été consacrés à la lutte contre les espaces embroussaillés, dont 65 % de la part du Département). Grâce à cette politique, 17 associations de propriétaires fonciers (soit près de 1 200 adhérents) permettent aujourd’hui à une soixantaine d’éleveurs d’utiliser leurs terrains à travers le Lot : 3 000 hectares ont ainsi déjà été entretenus par des troupeaux de brebis, dont le Mont Saint-Cyr. C’est un moyen efficace de limiter les risques d’incendie. Mais c’est aussi une façon de préserver la biodiversité. Car depuis un siècle et demi, les espaces boisés ont triplé dans le Lot: ils progressent au détriment des pelouses sèches calcaires, des landes à genévriers ou à buis. Or, ces paysages abritent des espèces protégées (azuré du serpolet, lézard ocellé…). Leur maintien est donc important pour l’environnement, mais aussi pour l’attractivité du Lot, notamment en termes de tourisme et de cadre de vie. Aspect non négligeable également : ces actions bénéficient au maintien de l’élevage ovin, avec en tête de proue l’agneau fermier du Quercy qui reste un label de qualité de premier ordre. Le but est que les brebis trouvent de quoi se nourrir dans les sites embroussaillés tout en préservant les qualités écologiques de ces milieux.
Photo : Nelly Blaya/Département du Lot