Cahors : Découverte de mosaïques gallo-romaines au foyer Lamourous
Des portions et un sol pavé en opus sectile ont été mis à jour.
« Ces mosaïques sont magnifiques. Elles remonteraient au IIème siècle » a expliqué Catherine Marlas, vice-présidente du Département. Dans le cadre d’un projet de construction d’une blanchisserie par l’ESAT Fournié (Foyer Lamourous), sur une surface de 1 754 m2 au sein d’un vaste espace arboré au cœur de Cahors, le Département du lot a réalisé un diagnostic archéologique préventif (sondages préalables) prescrit par la DRAC Occitanie, dans un secteur de la ville antique de Divona/Cahors déjà riche en découvertes, et qui pouvait receler une portion du forum tant recherché. L’intervention prend également place au sein ou en limite du couvent des Chartreux, qui s’implante en 1320 à l’emplacement d’une ancienne commanderie de Templiers. Le diagnostic archéologique, réalisé sous la direction de Charlotte Gaillard, a consisté en la réalisation de six sondages ponctuels et profonds afin de tenter d’atteindre le sol géologique, ce qui a été réalisé dans quatre sondages. Les stratigraphies ont montré que le terrain avaient fait l’objet d’intenses remblaiements aux époques moderne et contemporaine.
Deux caves modernes ont ainsi été aperçues. Les découvertes les plus importantes concernent la période romaine, pour laquelle des remblais de construction (du forum ?) étaient surmontés de sols bétonnés bien aménagés, dont certains comportaient des pavements. D’une part ce sont deux portions de mosaïques de belle facture qui ont été mises au jour, auxquelles on doit ajouter la découverte, tout à fait exceptionnelle, d’un sol pavé en opus sectile, sol au décor de formes géométriques (triangles ici) qui passait, au temps des romains, pour être encore plus précieux et luxueux que les sols mosaïqués. On connaissait déjà à Cahors plus d’une soixantaine de portions de pavements mosaïqués attribués à de riches demeures, qui ont de tous temps attiré l’attention des inventeurs. On supposait également que Divona avait été un centre important de production, ce que la découverte d’un atelier de mosaïste en 2014 avenue Jean Jaurès a confirmé.
La découverte du 57, Cours de la Chartreuse, est donc une nouvelle découverte d’importance. Le décor géométrique et polychrome des mosaïques est d’un style déjà connu à Cahors, notamment à proximité de l’Arc de Diane (thermes), et près de la rue Saint-Géry (ancienne manufacture des tabacs). Le caractère partiel des découvertes (quelques mètres-carrés seulement visibles ici dans ces sondages) suggère un remarquable état de conservation de ces sols sur de vastes surfaces. « L’avenir de ces mosaïques, seul l’Etat et la DRAC pourront le définir » a conclu Laurent Guyard, directeur de la cellule archéologique du Département.
> L’archéologie préventive, quels sont les acteurs ?
– L’Etat, prescripteur des diagnostics archéologiques préventifs
Sans le travail d’instruction des permis de construire et des projets d’aménagement par le Service régional de l’archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Occitanie, antenne régionale du Ministère de la Culture, il n’y aurait pas d’archéologie préventive, et donc pas de préservation du patrimoine archéologique possible. La DRAC Occitanie prescrit donc des diagnostics archéologiques préventifs (sondages préalables pour savoir s’il y a ou non des vestiges archéologiques) en fonction de l’importance du projet ou de sa situation (comme dans le cas du zonage archéologique de Cahors). En fonction du résultat du diagnostic, l’Etat peut prescrire ou non une fouille préventive complémentaire, le plus souvent à la charge de l’aménageur (sauf pour les particuliers et les projets à caractère social). L’Etat peut confier aux collectivités qui en font la demande, après obtention d’un agrément, la possibilité de réaliser tout ou partie des diagnostics archéologiques prescrits. En cas d’absence de service de collectivité agréé, la tâche incombe à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP).
– Le Département réalise les diagnostics
Créée début 2012 par le Département pour faciliter ses propres projets d’aménagements et ceux des aménageurs publics ou privés, la CDAL a réalisé en 5 ans plus de 70 diagnostics archéologiques (dont 23 à Cahors) et une dizaine de fouilles préventives. Réactive en moins de quatre mois en moyenne (entre la prescription et la réalisation du chantier), la CDAL a ainsi permis de fluidifier l’activité économique en ne freinant pas les chantiers de constructions ou d’aménagements.