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Cahors – Cartel du H : Le chef du trafic de stupéfiants condamné pour deux affaires de violences


Trois affaires concernant le réseau de stupéfiants cadurcien étaient jugées par le tribunal de Cahors. L’emprise de H, le chef du trafic, a été mise en avant par les magistrats, les avocats et des membres du réseau.

Ce deuxième jour d’audience au tribunal de Cahors a-t-il sonné « la fin du Cartel du H », comme l’assure le procureur de la République Alexandre Rossi ? Les membres du trafic de stupéfiants démantelé en 2020 étaient à nouveau mis en cause dans trois affaires jugées ces 22 et 23 novembre. Deux d’entre elles concernaient des faits de violences. Coïncidence ou non, elles se sont toutes les deux produites le 18 mai 2020, la première à 3 h du matin sur la plage de Narbonne, la seconde vers 18 h dans le quartier de la Croix de Fer à Cahors. A chaque fois, l’emprise de H sur les autres prévenus et la crainte qu’il leur inspire est au cœur des débats.

> 25 jours d’ITT

Après être sorti de ses gonds à l’énoncé de la première affaire, pour laquelle il a été reconnu coupable d’avoir orchestré l’attaque du commissariat de Cahors avec des cocktails Molotov en 2020 et condamné à 3 ans de prison ferme, il refusera de revenir dans la salle d’audience et sera donc absent pour les deux affaires suivantes. La première se déroule à Narbonne, alors que le Cartel du H y passe des vacances aux frais de H. Celles-ci défilent sur fond de consommation de drogues et de sévices corporels. Dans la nuit du 18 mai, le groupe traîne sur la plage. C’est aussi là que Julien*, la victime de l’affaire qui effectuait un tour de France en camping-car, décide de se promener pour contrer son insomnie. H et trois autres hommes l’abordent pour lui proposer des stupéfiants. Julien refuse et en réponse reçoit une volée de coups, censée lui faire passer l’envie de les « balancer ». Entre les coups de poing et les coups de pied, H le frappe aussi violemment avec une planche en bois trouvée sur la plage. Après un certain temps, Julien arrive finalement à se relever et à s’éloigner. Seulement, d’autres membres du groupe le retrouvent et recommencent à s’acharner sur lui alors qu’il est prostré au sol. Ironie du sort, c’est finalement celui qui avait été surnommé le « bourreau » du Cartel lors du procès en 2022 en raison des violences qu’il infligeait à d’autres membres sur ordre de sa hiérarchie, qui finit par s’interposer entre l’homme et ses agresseurs. Réussissant à se traîner jusqu’à son camping-car, il se rend ensuite aux urgences.

L’expertise médicale relève une fracture de la main, plusieurs plaies nécessitant des points de suture notamment au visage et des contusions sur tout le corps. Elle conclut à un ITT de 25 jours. « Aujourd’hui les séquelles sont principalement psychologiques. Il ne se sent plus en sécurité, même quand il est avec ses amis », ajoute son avocate Me Hadot-Maison. « Vous êtes une victime collatérale d’une organisation criminelle dirigée par un individu dangereux et nuisible à la société, qui voulait une fois de plus démontrer sa puissance », abonde le procureur qui requiert 18 mois d’emprisonnement pour H . Les enquêteurs parviendront à mettre la main sur H en identifiant sa voiture. Lui reconnaît tous les faits. Seul un autre de ses hommes de main a été identifié parmi les nombreux agresseurs. Également jugé pour ces violences, il nie avoir porté des coups. « Vous aviez peur pour votre intégrité physique si vous interveniez ? », questionne son avocat. « Oui », répond le jeune homme. « Mais je n’ai pas donné de coups, j’ai juste regardé. C’était une violence totalement gratuite ». Le parquet requiert 10 mois avec sursis à son encontre ainsi qu’une amende de 600 €.

> Règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants

Cette première affaire servait-elle d’alibi pour la seconde ? En effet, quelques heures plus tard le même jour, une deuxième agression est menée par d’autres membres du cartel, dont le bras droit de H, à la Croix de Fer à Cahors. En fin d’après-midi, un habitant du quartier, Arnaud*, lui aussi impliqué dans un trafic de stupéfiants, est blessé d’une balle à la jambe. Très vite, et malgré le manque de coopération de la victime, les enquêteurs remontent la piste d’un règlement de compte entre bandes rivales. Une cartouche vide, calibre 12, et une balle, destinée habituellement au gros gibier, sont retrouvés sur les lieux. Elle-même visée par la mise en exécution d’une peine de 4 ans d’emprisonnement pour une autre affaire, la victime a d’abord tenté de se cacher des forces de l’ordre. Après avoir finalement été retrouvé et conduit à l’hôpital, il est mis à l’écrou pour purger sa peine. Dans un premier temps, il incrimine H puis se rétracte en assurant qu’il se fera justice lui-même si le coupable n’est pas retrouvé.

Ses déclarations, une enquête de voisinage et des vidéos de caméra-surveillance permettent de retracer une partie de la scène : le jour des faits en fin d’après-midi, un groupe de personnes invectivent la victime du bas de l’immeuble où il habite, dont « un commando », selon les termes des enquêteurs, de trois personnes arrivées en voiture. Échaudé, Arnaud se saisit d’un couteau de cuisine et descend pour en découdre. N’arrivant pas à ouvrir la porte en bas, il se retourne pour faire demi-tour, aperçoit deux hommes dans le hall et reçoit une balle dans le genou. Mis en joue par le tireur qui lui ordonne d’aller s’enfermer dans la cave, il obéit. Les deux hommes repartent. Le véhicule qui a amené le commando est retrouvé quelques jours plus tard abandonné et à moitié brûlé. A l’intérieur, on retrouve une attestation de déplacement au nom de Dylan*, un des membres du cartel. Une perquisition chez lui permet de découvrir des munitions identiques à celle utilisée contre la victime. Le propriétaire de la voiture et lui sont interpellés et le jour de la garde à vue de ce dernier, sa sœur remet l’arme, un fusil à pompe au canon scié et en très mauvais état, aux policiers. Après avoir d’abord essayé de nier, Dylan finit par admettre les faits mais dénonce aussi H et son bras droit Florian*.

« Le jour des faits, ils m’ont contacté, m’ont demandé l’arme et ont dit qu’ils avaient quelque chose à régler à la Croix de Fer. Florian et le conducteur de la voiture sont venus me chercher et on est tous partis là-bas. L’idée de H, c’était d’abattre Arnaud, car pour lui c’était un concurrent. A la base, c’était Florian qui devait le faire, mais en visio H m’a menacé de mort si je ne le faisais pas. C’était lui ou moi. On est entré dans le bâtiment avec Florian. Il a monté  et chargé l’arme. Il était toujours en visio avec H. Je me suis retrouvé avec l’arme dans les mains. Arnaud est descendu avec un couteau, il a tourné la tête, nous a vu et l’a pointé vers nous. J’ai eu peur et j’ai tiré », raconte Dylan à la barre. Il est le seul des quatre prévenus à être présent à l’audience. « Vous aviez des consignes de tir ? », lui demande le président du tribunal. « H avait juste dit de lui mettre une balle dans la tête », répond l’homme de 30 ans. La raison de cet ordre d’exécution : quelques jours auparavant, Arnaud avait chassé des jeunes cousins de H de leur point de deal estimant qu’ils étaient sur « son terrain ».

> « Un menteur et un manipulateur »

Dylan évoque aussi sa crainte, à la fois d’Arnaud – « c’est une personne connue, assez dangereuse. Je me suis dit qu’on allait tous prendre une balle dans la tête » – et de H – « depuis le début où j’ai commencé avec H, j’ai un sentiment de peur. Il est très bon menteur et très bon manipulateur. Il a ses petits chouchous et ses petits jetons comme moi ». Son avocate Me Julia-Emilia Rodriguez rappelle le contexte « de violence, d’intimidation et de menaces » dans lequel baignait le cartel, « pour qu’en cas d’interpellation tout le monde se taise ». « A l’époque, Dylan était un jeune en quête de repères, de reconnaissance. H sait comment utiliser les points faibles de chacun, il est dangereux, il fait peur. Quand on apprend que Dylan a parlé, un snap circule qui met sa tête à prix pour 5 000 €. Il aurait pu dire non, il aurait pu tenir tête à H… Mais dans ce contexte, le pouvait-il vraiment ? Non !», ajoute-t-elle. Le procureur tempère les propos de Dylan en rappelant l’expertise psychologique du prévenu qui relève « une personnalité borderline, une capacité à la transgression des lois et une indifférence à autrui ». « Le jugement de cette affaire me fait penser au dernier épisode d’une quadrilogie criminelle avec H en superstar », avance-t-il requérant 5 ans d’emprisonnement dont un avec sursis pour Dylan, 5 ans ferme pour H, 3 ans pour Arnaud et 2 ans dont un avec sursis pour le conducteur de la voiture.

Absents à l’audience, H conteste son implication comme donneur d’ordre et Arnaud, s’il admet avoir été au bas de l’immeuble au moment du tir, nie avoir été au courant de ce qui allait se passer, donné d’instructions à Dylan ou fait pression sur lui pour qu’il tire. « On n’est pas sous la coupe et la contrainte psychologique du matin au soir ! », s’exclame l’avocate de H, Me Morgane Dupoux. « Peut-être que ces jeunes gens à l’époque n’avaient pas de projection d’avenir précise et qu’être en contact avec ce personnage leur donnait de l’importance ». Pour l’affaire de Narbonne, elle demande la confusion des peines avec celle du Cartel du H jugée en 2022 et pour laquelle son client avait écopé de 9 ans de prison. « Les faits se sont passés la même année, les protagonistes sont les mêmes. Le premier dossier vient nourrir le second et vice-versa ».

Finalement, H est reconnu coupable dans les deux affaires et condamné à 2 ans d’emprisonnement avec une confusion partielle à hauteur de 18 mois pour la première et 5 ans pour la seconde. Le second prévenu de l’affaire de Narbonne écope de 6 mois de détention avec sursis simple. Dans le cadre de la seconde affaire, le tireur est condamné à 4 ans d’emprisonnement dont 18 mois assortis d’un sursis simple, Arnaud à 3 ans ferme et le conducteur de la voiture à 2 ans. H et eux ont aussi interdiction de détenir et porter une arme pendant 15 ans.

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