Billet d’Huguette Tiegna : « Et après, Monsieur Pradié ? »
La députée du Lot adresse un message à son collègue parlementaire.
Huguette Tiegna, députée de la 2ème circonscription, adresse un message à Aurélien Pradié, son collègue, qui vient d’annoncer qu’il voterait la motion de censure déposée par le groupe LIOT : « Eh oui, Monsieur Pradié ! Vous étiez pour la retraite à 65 ans il n’y a pas si longtemps, n’est-ce pas ? Que s’est-il donc passé entre-temps ? Cette réforme des retraites était le projet de votre groupe politique, portée depuis plus de 15 ans, disiez-vous ! Avez-vous oublié que vous étiez le porte-parole de Valérie Pécresse et que vous faisiez campagne avec elle pour l’élection présidentielle. Et Gérard Larcher, le président du Sénat, que vous avez appelé à venir vous soutenir dans le Lot aux dernières législatives ? Alors abandonner ce projet en pleine mer, aux premiers grains, en louvoyant au milieu des vagues, en laissant derrière vous les membres de votre groupe, s’apparente aux… « rats qui quittent le navire ». Tout cela n’est point républicain ! Auriez-vous si mal digéré votre place de dernier dans la course à la présidence de votre parti ? Ou bien auriez-vous peur de la rue ? Ou tout simplement, après avoir bénéficié de la mansuétude de la majorité présidentielle qui n’a présenté aucun candidat contre vous lors des dernières élections législatives, avez-vous préféré virer de bord et courtiser l’extrême gauche… qui d’ailleurs vous a entendu, en vous encensant à l’Assemblée nationale ? N’est pas gaulliste de gauche qui veut ! Et certainement pas ceux qui se comportent ainsi à l’égard des Français qui ont besoin d’un langage de vérité sur l’avenir de leurs conditions sociales. Oui, ce projet de loi, qui comprend un allongement de l’âge de départ à la retraite, n’a pas la prétention d’être parfait. C’est la raison du principe de la « revoyure » qui devra en corriger les imperfections. Le courage en politique, c’est notamment d’anticiper le devenir de nos concitoyens. Alors oui, merci au courage de Madame Simone Veil, qui a su tenir bon face à l’hostilité générale pour amener à la loi sur l’avortement, et à celui de Monsieur Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort. Monsieur Pradié, allez-vous déclencher une avalanche sociale ? Et ajouter du chaos en participant à la division de la représentation nationale, entraînant des troubles sociaux aux conséquences potentiellement désastreuses sur notre tissu économique ? Tout cela manque de dignité eu égard aux circonstances actuelles, au moment où la guerre s’est invitée en Europe, avec une inflation grevant dangereusement le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Ordo ab chaos ! Monsieur Pradié, suivrez-vous cet adage qui veut le retour à l’ordre après le chaos ou irez-vous jusqu’à réclamer la tête des Larcher, Ciotti, Marleix et d’autres membres des Républicains ? Dans la politique politicienne, comme le suggère Jacques Dutronc dans « L’opportuniste », il est possible de retourner son pantalon après avoir trop de fois retourné sa veste. »
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