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Assises : 30 ans de prison pour le violeur d’une fillette de six ans


La première affaire des assises s’est clôturée ce mercredi 31 janvier 2024 au tribunal de Cahors. L’accusé a écopé d’une peine plus lourde que celle demandée par le parquet.

30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté pour les deux tiers. Ce n’est certes pas la perpétuité qu’il encourait, mais Anthony G. restera tout de même derrière les barreaux jusqu’à ses 60 ans. Les jurés, à la majorité absolue, l’ont reconnu coupable du viol d’une fillette de 6 ans le 5 mars 2023 à Lanzac alors qu’il était en récidive. 30 ans de réclusion criminelle, « c’est la mort sociale, c’est de l’eugénisme judiciaire », s’est pourtant insurgée son avocate Me Isabelle Gillet lors de sa plaidoirie. 30 ans de réclusion criminelle c’est même plus que le quantum demandé par le parquet.

Cette troisième journée a débuté avec les réquisitions de l’avocat général. Lui réclame 27 ans de prison avec une période de sûreté à hauteur des deux tiers. Il rappelle le casier judiciaire chargé de l’accusé : Anthony G. avait déjà violé une femme en 2013, faits pour lesquels il avait été condamné à 10 ans d’emprisonnement. Il était sorti de détention seulement trois jours avant le viol de la fillette, au domicile de sa mère. Il évoque également la première sortie de prison de l’accusé sous bracelet électronique. Soumis à l’époque à une injonction de soins, ce dernier n’avait pas respecté ses obligations, ce qui lui avait valu un retour en détention. « A quel prix doit-on le soigner ? Le prix d’une nouvelle victime est trop cher. On sait le nombre de ses victimes, on sait combien de praticiens il a déjà vu et ce qu’ils en ont dit. Alors, qu’est-ce qui arrête monsieur ? Ni les médecins, ni la famille. Seulement la prison ! », s’exclame l’avocat général.

Pour la défense, la partie est rude. Anthony G. n’a montré aucun remords au cours de l’audience. Il a certes reconnu les faits mais n’a eu de cesse de les minimiser en adoptant une posture de pseudo intellectuel. Alors son avocate joue ses dernières cartes : d’abord ses parents entendus à la barre la veille. « Son père, j’avais l’impression qu’il parlait du fils des voisins, d’un étranger. Et la mère, une femme fragile, pas du tout dans une fonction de mère, à savoir éduquer quelqu’un, poser des interdits », assène-t-elle. A nouveau, Me Isabelle Gillet passe au crible son enfance, puis son passage à l’âge adulte : « Il ne supporte pas les rejets des femmes. Il idéalise le couple. Qu’est-ce qu’on voit arriver à l’orée de l’âge adulte ? Une inadaptation professionnelle et sociale sous fonds de conduite addictive. Cela ne fera que s’empirer ».

Reste la question de la pédophilie. Doit-on considérer comme tel cet homme qui agresse aussi bien des femmes adultes que des enfants ? La veille, les experts psychiatres ont opté pour le contraire. « Je crois plutôt que c’est l’occasion qui fait le larron », a même affirmé l’un d’entre eux. L’avocate s’engouffre dans la brèche : « Je ne pense pas qu’il a un terreau pédophile ancien et construit. Chez un pédophile, il y a la peur du corps féminin adulte, formé. Ce n’est pas le cas ici. Il y a un vrai problème de frustration sexuelle chez ce garçon ». Pour elle, seuls les soins peuvent apporter une réponse pertinente. « Il faut que les soins continuent, à un moment il y aura un déclic », assure-t-elle.

Sa plaidoirie ne suffit pas face à la gravité des faits, aux circonstances et à l’état de récidive. « Il n’a aucune prise de conscience. Il est dénué d’empathie, incapable de se remettre en question. Le risque de récidive est particulièrement élevé », conclut la présidente du tribunal. Outre la peine d’emprisonnement, l’homme écope également d’un suivi socio-judiciaire de 5 ans comprenant l’interdiction d’entrer en contact avec les parties civiles et une injonction de soins. En cas de non-respect, il encourra jusqu’à 7 ans d’emprisonnement. Enfin, il a interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs pendant 10 ans. Pendant la lecture du jugement, l’accusé écoute attentivement mais son visage ne trahit aucune émotion.

A partir de jeudi, d’autres affaires suivront concernant également des viols sur mineurs, mais en condamnant Anthony G. le tribunal a d’ores et déjà donné le ton.

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