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Assises : 20 ans de détention pour le père incestueux


Les plaidoiries des multiples avocats ont rythmé la troisième et dernière journée d’audience. Les faits qui se sont déroulés dans le Lot-et-Garonne et en Gironde entre 2007 et 2018 ont peut-être enfin trouvé une conclusion avec cette nouvelle condamnation.

Comme l’avait prédit Me Sylvie Brussiau-Constant, une des avocates des parties civiles, David B. « rentrera seul dans sa cellule ce soir ». La troisième journée de ce procès en appel a clôturé la session d’assise au tribunal de Cahors. Reconnu coupable de viols incestueux, d’attouchements sexuels et de violences sur cinq de ses enfants alors qu’ils étaient mineurs, l’homme de 50 ans a été condamné à 20 ans de détention. Soit quatre ans de plus que ce qu’il avait écopé en première instance. Son avocat avait pourtant plaidé l’acquittement pour les faits de viols mais il n’a pas été entendu. « On va aller en cassation, vous n’aurez pas d’argent ! » a lancé David B. à ses filles en quittant son box, encadré par l’escorte.

Ils sont quatre avocats et une élève avocate à plaider en cette ultime journée. La parole des victimes est au centre des débats. Ou plutôt, leur silence. Pourquoi n’ont-elles pas parlé plus tôt ? Du côté des parties civiles, les violons sont accordés. Les trois avocates rappellent l’importance de l’oralité dans la culture gitane. « Et la sexualité, on n’en parle pas », assène Me Sylvie Brussiau-Constant. D’ailleurs, la parole s’est affranchie du huis-clos familial après l’incarcération du père. « Pour parler, il faut être prêt à le faire. C’est pas marrant d’accuser son père. C’est douloureux de parler de son intimité. On leur demande de raconter les faits des dizaines de fois : aux gendarmes, aux psychologues, aux juges, aux cours d’assises… A cause de la procédure, on réactive leur souffrance. J’ai l’impression qu’on pourrait la palper », souligne Me Sandrine Derisbourg.

Sur les cinq enfants qui se sont constitués parties civiles, deux sont concernées par les viols. Inès, la plus âgée, n’en fait pas partie même si à la barre elle a assuré que son père la violait depuis ses trois ans. Ces accusations feront partie d’un autre marathon judiciaire. Pendant les deux premiers jours d’audience, les questions ont plu sur les jeunes filles, parfois de manière répétée. Notamment, celles portant sur les circonstances spatio-temporelles des faits. Or, d’après les dires des experts, les plaignantes peinent à les situer dans le temps, une difficulté récurrente chez les victimes d’inceste. Pourtant, la défense n’a pas manqué de pointer du doigt chaque incohérence, provoquant l’exaspération des parties civiles et de leurs avocates. « Est-ce qu’une victime a le droit d’être imprécise, de se tromper sur une date ? Si elle a été violée le lundi ou le mardi, sur le canapé ou sur le fauteuil, qu’est-ce que ça change ? Ils ont tous le droit d’avoir des souvenirs fragmentés, un peu brumeux, qui reviennent, ou qui parfois s’évaporent », martèle Me Laurence De Behr.

Ces derniers jours, le récit des violences dont David B. a fait preuve à l’égard de ses enfants a également marqué les esprits. « Il détenait la force physique et l’exerçait par le dénigrement et les insultes. Ce système isole les victimes du monde extérieur. Cette domination qui s’installe rend impossible toute résistance. On appelle ça un tyran domestique », souligne Me Sandrine Derisbourg. La veille, à demi-mots, l’accusé a reconnu avoir « secoué » ses enfants, les avoir insultés, leur avoir tiré les cheveux, leur avoir fait ramasser les crottes de chiens. « Il a admis le principe de sa violence tout en minimisant à l’extrême ce qu’il avait fait. Il vit dans un sentiment d’impunité », note l’avocate générale. Sur ces faits, mais aussi sur ceux de viol, le parquet n’a aucun doute et requiert la même peine que celle qui avait été prononcée en première instance : 16 ans de détention.

Le doute, c’est pourtant le fil conducteur de la défense. « Un procès d’assises, c’est un puzzle. Et ici, il manque des pièces : il n’y a pas de preuve matérielle infaillible, pas de certificat médical, pas de perquisitions, pas de vidéos ou photos, et pas d’aveux », avance Noémie Toulon, élève avocate. Son mentor, et principal avocat de l’accusé, Me Victor Casellas ferme le bal. Depuis le début du procès, l’attaque est sa défense. Il n’hésite pas à couper la parole de la présidente du tribunal, à lui reprocher un manque d’impartialité et à adopter un ton virulent à l’égard de l’avocate générale, des victimes et des témoins. Avec hargne, il maintient la position de son client : les viols n’auraient jamais eu lieu, ses filles auraient monté un complot pour se débarrasser de lui. « Ce dossier est pollué, on vous brandit des slogans », s’exclame l’avocat. « Je ne vous dis pas que ce qu’il a fait est normal. Ce que ces huit enfants ont vécu, c’est l’enfer absolu. Mais ça aurait dû être jugé en correctionnelle. Il encourt 3 ans d’emprisonnement pour violences sur mineurs. Ne tombez pas dans le piège. N’écoutez pas la haine, n’écoutez pas la méchanceté », ajoute-t-il en s’adressant aux neuf jurés.

Ils ont préféré écouter les victimes. Estimant que les faits relatés étaient « précis, authentiques et sans exagération » et que l’accusé ne portait pas le moindre regard critique dessus, ils ont reconnu ce dernier coupable de tous les chefs d’accusation. Outre les 20 ans de détention, David B. écope également d’un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans. Il est soumis à une injonction de soins et a interdiction d’entrer en contact avec les parties civiles. En outre, son autorité parentale sur ses trois enfants encore mineurs lui a été entièrement retirée.

« Des enfants sauvages » : c’est ainsi que leur mère avait qualifié ses huit enfants quand, le premier jour du procès, elle avait raconté dans quel état elle les avait retrouvés. Alors qu’ils ont la vingtaine à peine, la plupart ont déjà eu affaire à la justice pour de petits larcins. L’aînée a même connu un passage en prison et un des garçons a suivi une cure de désintoxication à 14 ans. « Tous ces gosses doivent se reconstruire. Non ! Se construire. Vous êtes une Familia Grande », conclut Me Laurence De Behr, faisant référence au livre éponyme de Camille Kouchner dans lequel l’avocate révèle l’inceste subi par son frère. « Il y a encore des ressentiments entre vous, mais j’espère qu’un jour, avec les années, vous pourrez retrouver les joies d’une famille ».

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