Anglars-Juillac : Anne Sicco honorée
Elle a reçu les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Vendredi 30 septembre dernier, l’espace Appia accueillait la préfète du Lot, Catherine Ferrier, pour remettre les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite à Anne Sicco, dramaturge, metteur-e en scène, femme de théâtre et de lettres, écrivaine et directrice de la compagnie « L’Oeil du Silence ». Le choix du lieu pour cette cérémonie était on ne peut plus évident, et même les services de la préfecture avaient suivi ! Dans un discours rare d’humanité, remplie d’admiration et de reconnaissance, la représentante de l’Etat, sur un ton à la fois simple et solennel, très émue, félicitait Anne Sicco, non moins émue, pour son « parcours étonnant d’audace et de volonté ». Devant un auditoire composé de responsables culturels du département, d’élus locaux, de partenaires de théâtre, d’amis et de membres de la famille de la dramaturge, Catherine Ferrier retraçait son chemin insolite, employant des mots puissants : « A peine deux jours après mon arrivée, je croisais pour la première fois la profondeur et la générosité de votre regard. J’ai pu mesurer l’étendue de votre exigence et de votre créativité, et compris plus tard la richesse de votre parcours ».
A 6 ans, Anne Sicco découvre le théâtre qui lui donne « le goût de la littérature, de l’écriture, de l’art oratoire, de la magie des mots ». A 18 ans, elle devient institutrice d’école maternelle. Puis sa rencontre avec le mime Marcel Marceau lui fait changer de voie, car il lui confie la direction de la classe expérimentale de l’Ecole Internationale de Mimodrame à Paris. En 1984, elle fonde en Italie sa propre compagnie « Le théâtre de la Sphère ». Elle veut alors « échapper à la pression pour créer, innover et former dans le calme », et installe sa compagnie « L’Oeil du Silence » à Anglars-Juillac qui l’a vu naître. Créant une scène contemporaine, elle accueille avec sa troupe de nombreuses personnalités du monde du théâtre, de la danse, de la musique, des arts visuels et du cirque, mais aussi des jeunes talents, qu’elle forme. Les textes contemporains y sont mis en scène, donnés à voir et à entendre pour les découvrir, s’en émouvoir, en rire ou réfléchir ensemble. Pendant les Chantiers de l’acteurE et des écritures, elle inclut également d’autres formes d’expression, du slam au théâtre d’improvisation. Ceux-ci débuteront d’ailleurs le 15 octobre prochain.
Son expérience de direction d’un « Laboratoire de Théâtre de la Jeunesse » sur une mission de l’Unesco en Italie, ne lui fait pas oublier la nécessité de la transmission, et elle met en place un vaste programme d’interventions en milieu scolaire, gage de liberté et d’émancipation de la jeunesse. Tout ceci « force l’estime, votre théâtre honore le Lot et l’Etat vous soutient », ajoutait la préfète, « surtout quand on connaît les difficultés que vous avez rencontrées, n’hésitant pas à plaider votre cause, avec succès, jusqu’à Bruxelles ». La Drac adressait elle aussi un message de soutien. La ministre de la culture elle-même, Audrey Azoulay, a débloqué une aide exceptionnelle, à peine l’a-t-elle connue !
La préfète épinglait alors la médaille indiscutablement méritée sur une Anne Sicco absolument bouleversée, se souvenant de son oncle résistant, parlant aussi de tolérance, de justice sociale, d’amour des autres, citant le poète Saint-John Perse. Les deux femmes tombaient en larmes dans les bras l’une de l’autre : Anne Sicco et son travail étaient enfin reconnus. Il ne restait plus qu’à honorer le buffet. Sincères félicitations !