Africajarc 2025 : Un souffle nouveau, sans renier l’âme du festival
Cette année encore, Africajarc a proposé une édition en mouvement, sans perdre son équilibre. Le public a répondu présent, porté par une programmation riche et une atmosphère toujours aussi généreuse.
Scène déplacée, nouveaux espaces, public au rendez-vous : Africajarc 2025 a franchi un cap, en douceur mais avec assurance. Pendant trois jours baignés de soleil, le festival a testé, ajusté, réinventé sans perdre de vue l’essentiel : célébrer les cultures africaines dans leur diversité, au cœur du Lot. Entre concerts, cinéma, littérature, expositions et marché repensé, cette édition de transition a su séduire sans bousculer.
La scène principale a ainsi quitté son emplacement précédent pour s’installer dos au Lot, face au théâtre de verdure. Une décision saluée unanimement, qui a non seulement permis d’ouvrir l’espace, mais aussi d’offrir un décor naturel spectaculaire, avec les falaises éclairées en toile de fond. Résultat : une montée qualitative évidente, tant dans les ambiances lumineuses que dans l’écoute du public. Le repositionnement du bar en surplomb, dans ce même théâtre de verdure, a renforcé l’ambiance conviviale sans perturber les circulations.
Avec 16 000 visiteurs l’an passé, les organisateurs estiment avoir fait au moins aussi bien cette année, voire davantage, grâce à une meilleure exploitation des espaces et un samedi particulièrement dense. Dès vendredi soir, les premiers concerts ont attiré la foule, et les retours sur la programmation musicale sont excellents. L’Afrique de l’Est, notamment la vallée du Nil, était à l’honneur cette année : un changement d’axe qui a séduit.
« Je ne connaissais pas la plupart des artistes mais c’était magique ! », témoigne Sabine, 42 ans, venue de Montauban. « Ce festival m’ouvre des horizons musicaux à chaque édition. Il réussit toujours à proposer ce mélange parfait entre tradition et énergie contemporaine. »
Outre la musique, les autres pôles du festival ont connu une belle affluence. Le retour du cinéma a été particulièrement bien accueilli, les projections attirant un public curieux. La littérature n’était pas en reste : les salles étaient pleines lors des rencontres, tandis que les expositions, très fréquentées, ponctuaient les parcours entre concerts et marchés. Une centaine de stands ont animé cette édition, malgré une nouvelle implantation dans la zone du boulodrome — un déplacement qui a nécessité quelques ajustements du public et des commerçants, mais a contribué à redessiner le périmètre du festival.
Autre indicateur précieux : l’engagement des bénévoles. Cette année encore, près de 80 personnes ont prêté main forte, avec un renouvellement des équipes qui laisse entrevoir une belle relève. « Pour un festival gratuit, c’est une vraie force. On voit de nouvelles têtes, c’est encourageant », note Camille Bildé, en charge de la programmation musicale.
Gratuité et qualité peuvent-elles cohabiter durablement ? C’est tout l’enjeu du nouveau modèle économique testé depuis l’an dernier. « L’ancien modèle n’était plus viable. Tant que la gratuité nous permettra d’assurer un festival de qualité et rentable, on poursuivra dans cette voie. Et puis, rendre la culture accessible, c’est dans l’air du temps », affirme Emmanuel Pawliez, le co-président du festival.
Pour les festivaliers, ce pari semble gagné. « Pouvoir découvrir autant de concerts, d’expos, de films sans sortir le portefeuille, c’est précieux. Une gratuité d’autant plus bienvenue qu’elle fait pleinement sens dans une période où le pouvoir d’achat recule, et où la culture reste trop souvent un luxe », souligne Éric, 56 ans, fidèle du festival depuis dix ans.