Le maire Frédéric Decremps évoque un partenariat avec le Centre Pompidou.
Entre projet d’extension _ dont le plan de financement est validé _ et partenariat envisagé avec le Centre Pompidou de Paris, le maire de Saint-Cirq-Lapopie confirme la volonté d’aller de l’avant pour que l’ancienne Auberge des Mariniers, où résida durant l’été le poète André Breton de 1951 à 1966, acquière véritablement l’aura qu’elle mérite. L’idée est simple mais ambitieuse : qu’une part toujours croissante des centaines de milliers de visiteurs qui font étape chaque année à Saint-Cirq « descendent » jusqu’à la Maison et en poussent la porte… Tour d’horizon avec Frédéric Decremps, actif mais heureux maire de ce village où le fondateur du surréalisme eut cette formule définitivement magique : « J’ai cessé de me désirer ailleurs… »
Les suites de l’incendie._ « L’incendie survenu au mois de mars dernier a donné lieu à de multiples expertises à la demande des compagnies d’assurance. Leurs conclusions variaient. Nous avons donc sollicité le tribunal et un expert judiciaire a été désigné. L’hypothèse d’un sinistre d’origine électrique demeure la plus probable. Reste à définir quel appareil en fut la cause. Outre la scénographie qui est à reconstruire _ mais nous avons les plans _, des œuvres ont été détruites. L’accès au public a été évidemment impossible cette année. Mais nous avons bon espoir que 90 % des lieux soient rouverts dès le début de la saison, en avril. Il reste des travaux : nettoyage des parties souillées par la suie, réfection des rampes d’escaliers rouillées suite à l’incendie… »
Le projet d’extension._ « Lors du chantier de réhabilitation qui a suivi le rachat de la Maison, des fouilles ont mis au jour les traces d’un bâti pré-existant sur un espace jouxtant l’édifice. Le projet consiste donc à reconstruire sur un plancher vitré qui mettra en valeur le dallage d’époque ancienne. Au total, outre une partie dédiée au stockage, nous aurons 85 m2 supplémentaires de disponibles pour accueillir des expositions. L’ouverture est prévue pour avril 2027. Ce type de travaux demande du souffle à Saint-Cirq… Dans un village d’une telle richesse patrimoniale, la délivrance d’un permis de construire nécessite en moyenne 18 mois ! Le coût global de cette extension est de 750 000 euros. Le projet est subventionné à 80 % (par l’État au titre de la Dotation d’équipement des territoires ruraux, l’Europe, le Département). Il reste 150 000 euros pour la commune, qui peut compter sur la générosité de mécènes privés… »
Un partenariat à venir._ « Grâce au réseau de Clément Gaesler, le conservateur de la Maison Breton (*), des contacts ont été noués avec le Centre Pompidou de Paris. Son président, Laurent Le Bon, nous a rendu visite en août. Son emploi du temps prévoyait une étape d’une heure. Il est resté deux heures : séduit par le site et le travail effectué, il est reparti en nous donnant rendez-vous à Paris à la rentrée. De ces discussions est née la volonté commune d’envisager une forme de partenariat. Une lettre d’intention va être écrite en ce sens. Au-delà même des cinq ans à venir durant lesquels le Centre Pompidou va être fermé pour travaux, l’idée est que cette institution « phare » puisse notamment prêter des œuvres pour des expositions temporaires. On sait qu’elle a acquis le mur Breton (qui était une œuvre en soi, avec livres, statues, tableaux, et qui était situé derrière le bureau du poète dans son appartement parisien de la rue Fontaine, NDLR), mais elle possède par ailleurs un nombre exceptionnel de toiles ou sculptures signées des artistes du groupe surréaliste, de Miró à Max Ernst en passant par Man Ray ou Masson. L’hypothèse que le président du Centre Pompidou devienne également co-président de notre structure lotoise n’est pas à écarter. Autant dire que s’ouvrent ainsi des perspectives extraordinaires… »
Une référence et un relais._ « Plus de 400 000 visiteurs font étape chaque année à Saint-Cirq-Lapopie. Nous devons parfaire la signalétique pour que davantage d’entre-eux descendent vers le bas du village. Outre la Maison Breton, je souhaite que des galeristes s’établissent, que des artistes s’installent, qu’il y ait là un village dans le village. Il y a quelque chose de paradoxal : Breton fut un grand poète et surtout le fondateur et l’âme d’un mouvement qui a révolutionné l’art et les lettres au XXème siècle ; son héritage est immense, mais sa notoriété ne suffit pas à attirer le grand public au regard du potentiel que représentent les touristes… Des partenariats sont également sans doute à initier avec d’autres institutions (que Pompidou Paris) et nous avons par ailleurs à être un centre de ressources et un relais qui puisse renvoyer vers les autres sites culturels majeurs du Lot, comme Cajarc (Maison des arts Georges et Claude Pompidou), Figeac (musée Champollion), Cahors (musée Henri-Martin)… Bref, il y a de quoi faire, et toutes les idées, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. »
Ph.M.
Photo archives
(*) La Maison Breton est dite officiellement Centre International du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale, projet mené par La Rose Impossible, association de loi 1901 reconnue d’intérêt général, en lien avec la Commune de Saint-Cirq-Lapopie et le Département du Lot, propriétaires, respectivement, de l’ancienne maison d’André Breton et de l’ancienne maison d’Émile Joseph-Rignault.
