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A Padirac, le Gouffre souffre mais ne rompt pas


Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.

La direction de la société privée qui exploite le Gouffre de Padirac n’a pas fait les choses à moitié pour exprimer son désarroi… Sur Twitter, elle a rappelé que « le week-end de Pâques devait marquer le lancement de la saison 2021 ». Mais un nouveau confinement en a décidé autrement. Du coup, via une vidéo joliment travaillée, elle a fait appel à Edouard-Alfred Martel lui-même pour adresser ce message : « J’ai découvert le gouffre de Padirac il y a plus de 130 ans. Depuis, plus de 25 millions de visiteurs ont vécu l’incroyable aventure souterraine. Un projet fou devenu réalité ! Rêver. Découvrir. Explorer. Pas essentiel ? Qui aurait cru que ce virus nous obligerait à rester fermés ? On a hâte de vous retrouver… »

Cela nous a rappelé ce reportage paru dans un dossier « voyages » de Libération en 2015. L’envoyée spéciale du quotidien avait déjà choisi de visiter le site en puisant dans la prose de l’illustre pionnier. « L’une des principales curiosités de la France », écrivait Edouard-Alfred Martel, premier explorateur du lieu, dans son langage de 1890. « Le premier site du patrimoine souterrain français », dit la brochure touristique dans son jargon d’aujourd’hui. On aurait pu décrire une visite sympathique comme pas deux, à la fois spectaculaire et instructive […]. Mais on préfère vous emmener faire la visite avec Edouard-Alfred, parce qu’on a l’impression que tout ce qu’il décrit dans ses souvenirs sobrement intitulés « Le Gouffre et la rivière souterraine de Padirac », d’une certaine façon, cent quinze ans plus tard, on le vit. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il l’avait prévu comme cela. A peine le gouffre exploré en 1889, Martel n’avait qu’une idée : l’ouvrir au public […]. Contrairement à la plupart des grottes, dont l’entrée est un boyau bas de plafond, Padirac est d’abord un gigantesque trou circulaire : 75 mètres plus bas, le sol. Tandis que l’on achète les tickets, on voit (des enfants) de 5 ou 6 ans tenter d’escalader la balustrade qui entoure le trou pendant que leurs parents font la queue. Risque de réussite nul : le grillage est prévu comme il faut. En 1890, en revanche, alors que Martel et ses acolytes entament leur deuxième exploration du gouffre, tout le bon peuple du Lot s’entasse au bord de la cavité pour mieux profiter du spectacle. Dans le livre de Martel, une photo montre ces messieurs-dames serrés sous les ombrelles. « Cette affluence de curieux nous impatientait fort », écrit-il. Mais, bon bougre quand même, il « lance du fond du gouffre, pour saluer le public, une des montgolfières de papier qui doivent nous servir à mesurer la hauteur des voûtes dans les galeries ». La première descente d’Edouard-Alfred Martel en 1889 se fit le long d’une corde. L’année suivante, la deuxième est effectuée, sous les yeux des badauds, grâce à des échelles de corde. Nous, nous empruntons le grand escalier que Martel fit construire dès 1899 par messieurs Charpentier et Brousse, constructeurs métalliques à Puteaux. Tous les calculs de charges sont fidèlement reproduits par Martel dans son livre et, preuve qu’ils étaient exacts, l’escalier est toujours là […] Et nous voilà partis dans les 2,7 kilomètres de galeries. Ce qui est soufflant à Padirac, c’est la dimension des lieux et leur beauté. Bien sûr, notre étonnement n’est pas grand-chose comparé à ce qu’a dû ressentir Martel tandis qu’il progressait pour la première fois dans ces souterrains et qu’il décrit « l’influence irrésistible, hypnotisante qu’exercent la fièvre de la découverte, l’excès d’admiration, l’obscurité profonde ». Mais on comprend. Martel est considéré comme l’inventeur de la spéléologie moderne et ses émules d’aujourd’hui ressentent sûrement les mêmes sensations que lui, quoique pas avec le même équipement […]. Les 13 degrés nous font remonter le Zip de la polaire tandis que nous embarquons dans une barque pour une promenade sur la rivière souterraine… Le clou de la visite. Martel et ses compagnons avaient navigué sur cette eau à la lueur des bougies sans savoir où elle les mènerait. Et avaient été éblouis : « Maintenant commence la vraie merveille et ce que nous allons découvrir ne saurait se décrire. » Il décrit quand même des « bouquets de fleurs », des « feuilles d’acanthe », des « bénitiers d’église», des « statuettes » et, en bon scientifique, « un étincelant carbonate de chaux »… »

Sans oublier cette note, toujours dans le Libé de l’époque : « Ecologiste avant l’heure, Edouard-Alfred Martel avait obtenu dès 1902 le vote d’une loi de protection des eaux souterraines avec interdiction de se débarrasser des cadavres d’animaux en les jetant dans les gouffres. »

Antoine Maurice, candidat écologiste EELV à la présidence de la région Occitanie, présentait cette semaine son programme dans le domaine de la culture. Deux tweets avaient valeur d’introduction. Le premier débute par la célèbre phrase ! « J’ai cessé de me désirer ailleurs ». Commentaire du chef de fil des Verts : « Tels furent les mots de l’écrivain André Breton posant pour la première fois les pieds à Saint-Cirq-Lapopie, village du Lot où il allait élire domicile. » Puis le second post : « Habitant·e·s d’Occitanie, nous avons toutes et tous un jour, comme André Breton, cessé de nous désirer ailleurs que là où nous vivons, dans cette région si riche culturellement. » Vous pouvez évidemment suivre le fil du thread pour en savoir plus sur le programme. Mais nous, on a un peu tiqué. Bien vu de citer Breton, grand maître du surréalisme. Pour autant, sa maison lotoise ne fut qu’une résidence secondaire. Il tomba amoureux du Lot, c’est vrai, aimant y inviter ses amis, chasser des papillons ou ramasser des cailloux dans la rivière et inventer des jeux poétiques dans la salle à manger conviviale de la vénérable et séculaire auberge des mariniers qu’il avait acquise. Mais à l’automne, il remontait à Paris jusqu’à l’été suivant. Citoyen du monde, Breton ne fut effectivement qu’un citoyen lotois… à temps partiel. Mais la formule est si belle. Et après tout, quand il quittait son « appartement musée » de la rue Fontaine pour passer chaque après- midi à refaire le monde et la poésie dans un bar avec ses amis, qui nous dit qu’il ne rêvait pas invariablement à son repaire d’ici ?

On enchaîne par ce constat imparable dressé par l’Insee, relayé pas nos confrères de La Tribune de Toulouse : « La filière aérospatiale a connu un net coup d’arrêt en 2020. D’après une étude de l’Insee, ce secteur a perdu 8.800 salariés en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine sur un an. La Haute-Garonne est le département le plus touché avec une perte de 4.900 salariés. Et si les effectifs sont stables chez les grands donneurs d’ordre, l’essentiel de l’impact sur l’emploi est supporté par la supply chain. » Et d’expliquer encore à titre de comparaison : « Cette filière avait créé 5.500 emplois en 2019 et 4.600 en 2018. La crise a donc quasiment éliminé les 10.000 créations d’emploi de ces deux dernières années ». A toutes fins utiles, sachez que selon le site Glossaire International, la supply chain désigne « l’ensemble des maillons de la logistique d’approvisionnement : achats, gestion des stocks, manutention, stockage, distribution, livraison… Ce réseau regroupe donc des organisations se trouvant en amont et en aval du processus productif ».

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