Des esclaves lotois « rachetés » à Alger
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– C’est une longue liste, interminable, précise, qui comprend autant de noms que de destins brisés puis enfin arrachés à la nuit et à la peine. Une liste de « 313 esclaves français rachetés à Alger en 1785 et arrivés à Marseille le 9 juillet de la même année », selon les termes mêmes du document. Sont précisés pour chacun leur nom, âge, durée de l’esclavage, mais aussi leur « patrie », c’est-à-dire généralement leur paroisse d’origine, et le diocèse de rattachement. Elle a été postée cette semaine sur l’excellent groupe Facebook « Région Occitanie : histoire et patrimoine », mise à disposition sans doute par le compte des éditions Ring. On lit encore sur le document (un fac-similé de 8 pages) que 254 de ces malheureux appartenaient au Dey, le chef du gouvernement d’Alger de 1671 à 1830, date à laquelle la ville et le pays qui dépendaient de l’Empire ottoman passent sous possession française, les autres à des sujets, c’est-à- dire des particuliers aisés. Ces esclaves, capturés alors qu’ils tentaient de faire fortune de l’autre côté de la Méditerranée ou qu’ils étaient à bord d’un navire de commerce, étaient originaires de toutes les régions de France et pour quelques-uns du Quercy : J. Roch, 50 ans (dont 17 comme esclave), originaire de Caussade, A. Menouze, 45 ans, de la paroisse Saint-Étienne de Cahors ou encore F. Maravelle, 25 ans dont 6 comme esclave, dont on précise qu’il est de la paroisse de la Dorade (sans doute l’ancienne église de la Daurade à Cahors). D’autres listes du même genre sont en ligne sur un site se présentant comme spécialisé dans l’histoire de l’art (cliquer ici). On frémit évidemment à deviner que furent leurs destins. Reste que ce n’est pas un hasard si ces listes d’esclaves chrétiens, généralement rachetés par des missionnaires de congrégations parfois spécialisées, ont refleuri ces jours-ci. Certains tentent, en pleins débats sur l’histoire et la mémoire de notre pays par rapport à ses relations passées avec l’Afrique et au commerce triangulaire, évidemment condamnables, d’initier une sorte de contre-attaque idéologique. Ce n’est pas le cas du groupe Facebook de notre région. Prenons ces documents pour ce qu’ils sont : des témoignages de l’inhumanité et de l’humanité des hommes. Capables du pire et du meilleur. Qu’ils soient européens ou arabes, chrétiens ou musulmans, blancs ou pas.
– Plus souriant. Mais touchant et émouvant quand même. Pierre Ménard est originaire du Lot où il passa son enfance. Illustrateur et journaliste passionné de Formule 1, il a notamment collaboré au magazine Auto- Passion et a signé en 1999 un ouvrage de référence, la « Grande Encyclopédie de la Formule 1 », aux Éditions Chronosports. Notre confrère désormais établi en Île-de-France vient de livrer au site Classiccourses deux superbes chroniques où il relate de délicieux souvenirs : quand son cousin, plus âgé, passionné de belles voitures, descendait dans le Lot avec ses nouvelles autos : une MG, d’abord, puis une BMW. Extrait : « Au tout début des années soixante-dix, les BMW ne sont pas légion sur les routes de France et seuls les connaisseurs en possèdent. Ayant enfin appris ce que représentait la marque bavaroise, l’adolescent lotois n’est pas peu fier de son cousin qui descend dans le Quercy avec cette auto vitaminée dont il règle le ralenti le dimanche matin dans le sous-sol de la maison. Pour venir de Paris, il lui arrive de faire le détour par Clermont-Ferrand, le col du Lioran et Aurillac : les routes du Massif central, c’est autrement plus rigolo que la trop rectiligne N 20 ! […] Le petit cousin du Lot, lui, garde en mémoire ces balades à belle allure sur les routes du Quercy ou de l’Aveyron dans cette Béhème qui poussait décidément beaucoup plus fort que la MG. Son grand cousin dispensa au passage quelques conseils de bonne conduite au papa qui avait laissé tomber les 404 au profit d’une Audi 100 GL plus intéressante. Assis derrière, le petit cousin n’en perdait pas une miette… » Tout est à l’avenant. Pour cet hommage à son cousin et ce récit teinté de nostalgie, merci Pierre Ménard !
– A l’heure du déconfinement, certains ont décidé de prendre du recul. Et de recouvrer, sur la route de Compostelle, une forme de foi en l’avenir. D’où ce post sur Twitter d’un certain Philippe (au pseudo explicite YesWeCan) et dont la petite bio explique : « L’homme va disparaître victime de sa cupidité & de son manque de discernement. Ce n’est pas important. L’essentiel est que la nature va pouvoir se régénérer. » Voici son message, par ailleurs illustré de photos : « Suite de mon chemin. Ce matin départ de Cahors et dans quelques jours, Lauzerte, Moissac. Chemin de solitude et d’introspection dans une nature préservée. Les pèlerins se font très rares cette année. #Compostelle.
– On termine par cette question posée par un compte Twitter spécialisé dans les sondages express, ChronoSondages. L’interrogation est simple : « Alors ? Cahors ou Cannes ? » Quand nous avons repéré ce message dans la twittosphère, seules 32 personnes avaient répondu. Mais vous avez jusqu’à mardi pour faire pencher la balance. Ce week-end, Cannes était encore en tête.
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